Qu’est-ce que la médecine sexuelle?

Dernière mise à jour 26/07/17 | Article
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Une personne sur deux souffrirait de difficultés sexuelles au cours de sa vie. La médecine sexuelle, soit la branche de la médecine qui concerne la sexualité humaine et ses troubles, a pour objectif d’améliorer la santé sexuelle des patients. Mais de nombreuses personnes hésitent avant de consulter un spécialiste. Tour d’horizon d’une discipline encore soumise à de nombreux préjugés.

La médecine sexuelle concerne une grande diversité d’aspects liés à la sexualité: la fonction sexuelle, l’expérience et le comportement sexuels, les questions liées à l’identité sexuelle, ou encore les traumatismes sexuels et leurs conséquences. Elle joue également un rôle de prévention générale, car la consultation chez un spécialiste est aussi l’occasion de faire un bilan de santé complet. Elle se base sur trois principes fondamentaux. Premièrement, elle tient toujours compte de la dimension individuelle et du couple et utilise les connaissances et la méthodologie des sciences médicales, psychologiques et sociales. Le spécialiste va donc s’intéresser à la fois au problème médical, aux éventuels problèmes psychologiques et aux conditions sociales et culturelles du patient. Deuxièmement, elle applique strictement les connaissances issues de recherches scientifiques rigoureuses et actuelles pour le diagnostic et le traitement des troubles sexuels. Finalement, le spécialiste qui la pratique propose uniquement des traitements à l’efficacité scientifiquement prouvée.

Du généraliste au spécialiste

C’est en général d’abord au médecin de famille ou au gynécologue que l’on peut s’adresser en cas de trouble sexuel. Celui-ci pourra établir si la personne qui consulte souffre d’un problème physique et, le cas échéant, la soigner ou l’envoyer chez le spécialiste approprié pour effectuer d’autres examens et traitements.

Encore faut-il que le médecin soit apte à discuter et à prendre en charge ce genre de problème. En effet, un certain nombre de praticiens ont eux-mêmes encore beaucoup de difficultés à parler de sexualité et à se rendre compte qu’ils portent un jugement sur leurs patients à travers leur propre vécu, pensées et croyances en la matière. De plus, ils sont nombreux à ne pas être formés à la prise en charge spécifique des dysfonctions sexuelles, ni à être conscients de leur impact possible sur la santé.

Trop souvent encore, lors d’un bilan de santé général, la question de la sexualité n’est ainsi même pas évoquée par le médecin, ni d’ailleurs par les patients. On peut donc passer à côté de troubles sexuels, alors qu’un check-up devrait justement être l’occasion de les dépister et d’en parler enfin. Lorsqu’on ressent un malaise, voire un jugement de la part de son médecin traitant, il est donc recommandé de s’adresser à un spécialiste en médecine sexuelle.

Bien choisir son sexologue

Lorsqu’on consulte un spécialiste en sexologie, il faut dans tous les cas se sentir à l’aise, écouté et compris (et non jugé). Le sexologue est censé explorer le trouble sexuel et la manière dont le patient le vit en étant totalement à l’aise pour parler de la sexualité sous tous ses aspects. Il doit également tenter de comprendre la personne dans son ensemble, avec son vécu, son histoire, sa culture. Le thérapeute doit permettre à la personne qui consulte de surmonter sa gêne, parler librement et exprimer ses craintes, sa honte ou sa culpabilité sans être jugé. Le sexologue travaille en interaction et partenariat avec son patient pour décider de la prise en charge appropriée, sans essayer de lui imposer un traitement. Il veille aussi à fixer des objectifs réalistes, car il serait vain, par exemple, d’espérer qu’une femme ou un homme n’ayant jamais eu grand intérêt pour le sexe devienne sexuellement très actif. Par contre, quelques changements de comportement peuvent parfois suffire à apporter d’avantage d’érotisme et permettre au couple une sexualité satisfaisante. Si ces critères ne semblent pas être respectés, ou si l’on se sent jugé, il est sans doute préférable de consulter un autre spécialiste.

Gare aux charlatans

Le titre de sexologue n’étant pas encore complètement protégé, il est essentiel de savoir à qui on va s’adresser.

Les médecins sexologues sont titulaires d’un diplôme en médecine, avec une formation en sexologie/médecine sexuelle obtenue après des études supplémentaires spécifiques. Certains ne pratiquent que la sexologie, d’autres l’exercent de pair avec une autre spécialité. A noter que seuls les médecins sont autorisés à examiner les patients, à prescrire des examens complémentaires et des médicaments.

Les sexologues psychologues ou psychothérapeutes, qui ont également une formation spécifique en sexologie, se qualifient de «sexothérapeutes» ou de «sexologues cliniciens». Ils sont orientés vers les problèmes d’ordre psychologique et relationnel. N’étant pas médecins, ils n’ont pas le droit d’examiner la personne ou de lui prescrire des examens et des médicaments, mais ils disposent des connaissances nécessaires pour savoir quand il faut l’envoyer chez un médecin. Pour s’assurer d’avoir affaire à un vrai spécialiste, il faut s’informer sur la formation du sexothérapeute et si celle-ci a été prodiguée par un organisme sérieux et reconnu.

D’autres professionnels formés en sexologie travaillent souvent dans des domaines spécifiques (par exemple en psychomotricité, en physiothérapie du plancher pelvien, en hypnose, etc.). Ils sont formés également en sexologie et peuvent mettre à disposition leurs compétences dans le cas de certaines problématiques sexuelles.

Hélas, les personnes non qualifiées qui s’intitulent elles-mêmes sexologues sont nombreuses, surtout sur internet. De multiples sites proposent des consultations et méthodes de traitement des troubles sexuels plus ou moins douteuses, sans bases scientifiques. Ces personnes non qualifiées profitent de l’absence ou de l’insuffisance de réglementation de la profession et effectuent des consultations hors de tout contrôle officiel. Ils peuvent parfois proposer des traitements farfelus, inefficaces, voire dangereux par simple appât du gain, ou, pire encore, pour en retirer des avantages sexuels. Or, une thérapie sexologique n’implique en aucun cas des rapports sexuels ou des contacts d’ordre sexuel avec le thérapeute ou une tierce personne autre que le partenaire du patient (et jamais en présence du thérapeute).

De manière générale, le patient doit se sentir à l’aise avec les pratiques qu’on lui propose. A défaut, il faut les refuser.

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Extrait de J’ai envie de comprendre… Ma sexualité (femme), de Ellen Weigand, en collaboration avec le Dr Francesco Bianchi-Demicheli, Ed. Planète Santé, 2013.

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