Démasquer l’ennemi de notre mémoire

Dernière mise à jour 10/11/16 | Article
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Mémoire et état général ne font souvent qu’un. Fatigue, déprime, abus d’alcool: les ombres portées à notre forme le sont aussi aux performances de nos neurones.

Dépression aveuglante

Difficile d’imaginer une mémoire capable de prouesses quand le moral est en berne, l’énergie vacillante et l’esprit embué de tristesse. La raison: tous les acteurs de la mémorisation (attention, motivation ou encore acuité des sens) sont affectés par la dépression. Et cela vaut aussi bien pour la mémorisation spontanée des faits du quotidien que pour celle d’apprentissages scolaires ou professionnels. A noter que voir la vie en noir rend la mémoire sélective. Les incidents, heurts et autres désagréments accableront tant la personne qu’ils seront mieux mémorisés que les faits positifs… D’une soirée agréable resteront plus facilement le verre tombé accidentellement au sol ou le lapsus malheureux que le menu savoureux ou la beauté du paysage. La dépression est une maladie en soi et pas une fâcheuse disposition de l’esprit dont nous serions responsables: il est indispensable de se faire aider et traiter par un ou une psychologue ou psychiatre.

Alcool sans souvenir

Réveil engourdi et retour laborieux sur une soirée d’ivresse dont il ne reste presque rien? Ce genre d’amnésie est dû à l’effet délétère de l’alcool sur le processus même de fabrication des souvenirs. En engourdissant les circuits de neurones chargés du traitement des informations et de leur «consolidation» dans le cerveau, l’alcool empêche les instants vécus de passer au statut de souvenir potentiel. La difficulté ne viendra donc, a priori, pas tant d’une incapacité à retrouver des souvenirs, mais au fait que très peu auront pu être réellement produits. Lorsqu’elle devient chronique, la consommation d’alcool peut avoir des conséquences plus redoutables encore et, pour une part, irréversibles. Deux pathologies majeures sont à craindre: la démence alcoolique, dommageable mais en partie réversible, et le syndrome de Korsakoff, résultant de lésions définitives au niveau des connexions de l’hippocampe.

Pilules de l’oubli

Anxiolytiques, somnifères et autres tranquillisants ont un impact négatif sur les performances de la mémoire. Et pour cause, l’un de leurs effets secondaires est la perturbation des rythmes du sommeil, notamment l’alternance naturelle entre sommeil lent et sommeil paradoxal. Or, le travail cérébral de production et de consolidation des souvenirs est intimement lié à la qualité de nos nuits et au respect de ces cycles de sommeil. Ces médicaments, utiles dans des indications précises, volontiers sur une période de temps limitée, ne doivent pas être utilisés à tout propos et en dehors d’un suivi médical approprié.

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Paru dans Générations, Hors-série «Tout savoir sur notre mémoire», Novembre 2016.

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