Accoucher à la maison, une folie?

Dernière mise à jour 28/03/17 | Article
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Chez soi ou en maison de naissance, l’accouchement ne présente pas davantage de risques qu’en maternité. A condition d’être bien préparé et que la grossesse ne présente pas de complication.

C’est une pratique minoritaire mais elle a le vent en poupe. Le nombre d’accouchements à domicile par an supervisés par une sage-femme a ainsi bondi récemment de 50% selon les chiffres de la Fédération suisse des sages-femmes. De 2006 à 2011, il était stable à un peu plus de 600 par an, alors qu’en 2013 et 2014 il tutoyait les 900. En parallèle, les accouchements en maison de naissance –des lieux où l’on se rend pour accoucher dans un cadre non médicalisé– sont stables: environ 1200 chaque année. Alors que 2014 a connu 85 000 naissances en Suisse, ces deux variantes demeurent donc rares mais elles progressent.

«Ces trente dernières années, l’accouchement s’est beaucoup médicalisé, analyse Lauretta Monney, infirmière cheffe de la salle d’accouchement du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Durant les contrôles de grossesse, on cherche ce qui ne va pas et on ne met pas assez l’accent surtout ce qui se déroule bien! Mais de nombreuses femmes souhaitent un trajet moins médicalisé, se réapproprier leur grossesse et la vivre dans un cadre familial.» Elles se tournent donc vers l’accouchement à domicile ou en maison de naissance. Un choix qui peut aussi s’expliquer par une confiance réduite dans le milieu médical, une phobie ou une méconnaissance des hôpitaux.

Un tel accouchement est-il dangereux? Dans l’absolu, non. «On n’a pas démontré que cela présente davantage de risques pour l’enfant ou la mère, relate Aurélie Delouane-Abinal, sage-femme au CHUV. Mais il est évident que, en cas de complication, le délai d’intervention sera plus long puisqu’il faudra transférer la future mère à l’hôpital.» Selon les statistiques de la Fédération suisse des sages-femmes, les trois motifs de transfert les plus fréquents sont un travail qui dure trop longtemps, le souhait de la patiente ou une difficulté de présentation du fœtus.

Parfois réorientée vers la maternité

Cependant, arriver au point de la grossesse où l’on débute le travail chez soi ou en maison de naissance suppose que la femme et l’enfant sont en bonne santé, précise Lauretta Monney. Donc que le risque de complications lors de l’accouchement est moindre que dans la population générale.

En effet, durant la grossesse, on fait le point à plusieurs moments, et on peut parfois exclure un accouchement non médicalisé (ou le rendre à nouveau possible dans certains cas). D’emblée, on le refuse ainsi aux femmes qui ont eu précédemment une césarienne, un accouchement avec une hémorragie ou qui attendent des jumeaux. «Ensuite, entre 12 et 16 semaines, on constatera peut-être une pathologie maternelle comme de l’hypertension ou un diabète qui empêcherait l’accouchement non médicalisé, puis, entre 24 et 28 semaines, on peut découvrir une problématique au niveau du fœtus comme une malformation ou une présentation dans une position trop difficile», décrit la sage-femme.

«On sous-estime sans doute le nombre de ces femmes qui accouchent à l’hôpital mais souhaitaient au départ quelque chose de moins médicalisé», remarque Aurélie Delouane-Abinal. La déception est grande pour ces familles ainsi réorientées, mais la sage-femme souligne que la maternité a très à cœur de respecter les souhaits qu’elles avaient formulés avant de gagner le cadre hospitalier.

Choisir d’accoucher à la maison, en résumé, ce n’est pas une folie, loin de là. Mais il faut respecter les critères médicaux qui le permettent. Et se préparer au fait qu’une grossesse qui devait déboucher sur un accouchement non médicalisé n’aura peut-être pas toujours cette issue.

Au CHUV comme à la maison

C’est pour tout bientôt. D’ici au début de 2018, une maison de naissance doit s’ouvrir à l’intérieur même du CHUV à Lausanne. «Elle s’adressera à toutes les femmes dont la grossesse respecte les critères pour un tel accouchement, sourit Lauretta Monney. L’unité sera gérée par des sages-femmes et les médecins seront a priori absents de ses cinq salles de naissance.»

Celles-ci sont plutôt des salles d’accouchement. «Il s’agit d’un lieu où le couple et son enfant vivent leurs premières 24 à 48 heures ensemble», précise Aurélie Delouane-Abinal. Qui confie que la structure souhaite pratiquer cent à trois cents accouchements par an quand elle aura trouvé son rythme de croisière, soit le tiers du total des naissances au CHUV.

L’avantage d’une telle proposition pour les patientes et leurs enfants par rapport à une maison de naissance classique ou l’accouchement à domicile, c’est bien entendu la proximité immédiate de la maternité. En cas de complication ou de problème, pas besoin d’ambulance, il suffira de parcourir quelques mètres pour rejoindre le service d’obstétrique.

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Source: Paru dans le supplément «Votre santé» du Quotidien de La Côte, novembre 2016.

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