Soigner la dépression par de nouvelles approches
Le trouble dépressif unipolaire compte parmi les maladies ayant le plus grand impact négatif en termes du nombre d’années de vie perdues et de souffrance engendrée. La dépression est traditionnellement traitée par une psychothérapie, par des médicaments, et en dernier recours, au moyen d’une thérapie par électroconvulsion. Le traitement pharmacologique est considéré comme essentiel et efficace pour la majorité des patients souffrant de dépression d’intensité moyenne et sévère. La définition de la dépression résistante au traitement se résume en termes simples. Le mal est considéré comme résistant après deux traitements avec des médicaments de classes différentes, de durée et de dosage adéquats, sans obtenir un effet acceptable.
Dans le cadre de pathologies résistantes, plusieurs méthodes de stimulation électrique ou magnétique du cerveau ont été évaluées. Seule l’électroconvulsion, qui est utilisé depuis environ 70 ans déjà avec des améliorations continuelles, est actuellement considérée comme efficace et sûre. Elle consiste à faire passer un courant alternatif entre deux électrodes placées de part et d’autre du crâne, de façon à provoquer une convulsion. Elle est administrée trois fois par semaine, en général dans le cadre d’un protocole de douze séances, sous anesthésie complète et myorelaxation. En raison d’un risque de rechutes élevées, un traitement médicamenteux préventif ou des séances de maintien sont recommandés.
Dans le domaine du traitement des troubles mentaux, on assiste depuis environ quinze ans au développement d’une nouvelle approche avec un potentiel thérapeutique intéressant: les techniques de neurostimulation ayant fait leurs preuves dans différents domaines de la neurologie. Très peu de patients souffrant d’une dépression sévère bénéficient de ces approches thérapeutiques.
Stimulation cérébrale
Les stimulations magnétique transcrânienne (SMT), du nerf vague, cérébrale profonde (deep brain stimulation, DBS) sont des méthodes de stimulation locale avec des cibles anatomiques précises dont les procédures sont bien maîtrisées et bénéficiant d’une expérience importante dans le domaine de la neurologie.
La SMT est une méthode non invasive ne nécessitant aucune anesthésie et ayant un profil d’effets secondaires très favorable. Un traitement par SMT est approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) aux Etats-Unis comme traitement de la dépression majeure n’ayant pas répondu à un essai pharmacologique correctement conduit. Cette technique consiste à envoyer des ondes magnétiques sur des zones superficielles du cortex cérébral régulant ensuite un ensemble de structures nerveuses.
Notons également deux thérapies prometteuses mais encore à l’état de tests cliniques. Il s’agit de la stimulation du nerf vague (VNS), qui reste toutefois controversée et la stimulation cérébrale profonde (DBS) qui reste du domaine expérimental. Ces techniques ont été d’abord introduites pour traiter certaines formes d’épilepsie et des troubles du mouvement, comme la maladie de Parkinson.
Ce type de traitement invasif ne peut être envisagé que par une équipe pluridisciplinaire regroupant un psychiatre spécialisé dans le traitement des troubles anxieux et de l’humeur, un chirurgien expérimenté ainsi qu’un clinicien spécialiste du matériel de stimulation (neurologue, neurochirurgien, psychiatre).
Parmi les méthodes de stimulation électrique ou magnétique du cerveau, seule l’électro-convulsivothérapie est actuellement considérée comme efficace et sûre, principalement comme traitement de certaines formes de dépression. La VNS et la DBS constituent des traitements prometteurs, mais la recherche clinique devra encore s’atteler à préciser la place de ces nouvelles techniques dans l’arsenal thérapeutique. L’avantage de la VNS et de la DBS pourrait être leur efficacité à long terme, ce qui justifierait un traitement coûteux et nécessitant une prise en charge hautement spécialisée.
Référence
Adapté de M. Kosel et A. Berney, «Dépression résistant au traitement: enjeux, thérapie et place des nouvelles approches de neurostimulation», in Revue médicale suisse, n° 339, mai 2012, 942-945, en collaboration avec les auteurs.
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