Sexe et personnes âgées: dérangeantes vérités
On croit tout savoir (ou presque) sur les orgasmes (du grec orgasmós, "bouillonner d'ardeur") et la sexualité humaine. Jusqu’au moment où une lecture vient tout remettre en question. C’est le cas aujourd’hui avec l’American Journal of Medicine. Dans son numéro de janvier, ce mensuel met à mal un lieu commun assez répandu: non seulement la ménopause ne signe pas la fin de la sexualité féminine active mais les jouissances intenses peuvent, passé ce cap, être de plus en plus fréquentes. C’est la conclusion d’une étude passionnante menée auprès d’un groupe de huit cents femmes. Elles sont âgées de plus de 40 ans (âge médian 67 ans) et en moyenne ménopausées depuis un quart de siècle. Ce travail a été mené par des chercheurs du ministère américain des Anciens combattants et de l'Université de Californie et de la San Diego School of Medicine.
Les chercheurs ont, dans ce groupe, enquêté sur la fréquence de l'activité sexuelle, ses caractéristiques, l’état de santé, l'utilisation d'hormones, la fréquence d'excitation, la lubrification, l'orgasme et la douleur lors des rapports sexuels, le désir sexuel et le degré de satisfaction. Qu’apprend-on? Que ce sont à la fois les femmes les plus jeunes et les plus âgées qui évoquent les satisfactions les plus intenses dues aux orgasmes. La majorité des femmes sexuellement actives (elles sont 67,1% dans ce groupe) atteignent l'orgasme lors de la plupart de leurs relations sexuelles, voire dans tous les cas. La majorité d’entre elles avaient eu une relation sexuelle au cours du mois précédant l’enquête. Et pour celles qui n’ont plus de relations sexuelles actives, la proximité émotionnelle et physique avec le partenaire est devenue plus importante que la seule réalisation de l’orgasme.
Tout n’est certes pas idyllique dans ce domaine mais près de deux femmes sur trois se disent satisfaites de leur vie sexuelle globale. Ce résultat ne manque pas de surprendre l'âge avancé ayant souvent été décrit comme un élément prédictif important de baisse de la satisfaction sexuelle. Or ici la proportion de femmes sexuellement satisfaite augmente avec l'âge et les femmes les plus âgées de l’étude se déclarent dans l’ensemble les plus satisfaites.
«Dans cette étude, l'activité sexuelle n'est pas toujours nécessaire pour la satisfaction sexuelle. Les femmes qui n'étaient pas sexuellement actives ont pu atteindre la satisfaction sexuelle par le toucher, les caresses, ou d'autres gestes de l’intimité développés au cours d'une longue relation», explique le Dr. Susan Trompeter, professeur agrégé de médecine clinique et co-auteur de l’étude.
«Il s’agit ici d’un travail riche d’enseignements, commente pour sa part le Dr Francesco Bianchi-Demicheli responsable de la consultation gynécologie psychosomatique et sexologie (Hôpitaux universitaires de Genève). Soutenu financièrement – c’est remarquable – par le gouvernement américain ce travail vient rappeler à tous la réalité et l’importance de la sexualité des personnes âgées. C’est souvent là un sujet qui demeure tabou, ne serait-ce que parce qu’il renvoie à la sexualité des parents. Attention, il faut bien se comprendre. Parler de sexualité ne signifie pas parler de record, de performances physiques ou esthétiques. La sexualité ne se réduit pas à la génitalité. C’est tout aussi bien l’émotion, l’intimité, les regards, les caresses. Mais cela peut également être l’orgasme féminin, comme cette étude en témoigne. L’orgasme masculin également. Mais aussi l’auto-érotisme, la masturbation. Et ce y compris à des âges très avancés.»
Le Dr Bianchi-Demicheli observe qu’après 80 ans la sexualité peut non seulement ne pas disparaître mais augmenter en fréquence. Pour autant il ne sous-estime pas les obstacles. Ces derniers peuvent être physiologiques (troubles de l’érection, sécheresse vaginale) ou plus directement médicaux. Ils peuvent aussi tenir à la solitude (notamment pour les femmes) ou – paradoxalement – aux contraintes imposées dans les établissements pour personnes âgées. Cette sexualité peut ne pas y être tolérée et aucun espace d’intimité n’est alors disponible. Elle peut aussi – le fait n’est pas rare – être perçue comme une manifestation pathologique, un symptôme psychiatrique ou neurologique devant être traité en tant que tel. Réprimer la sexualité en somme comme on peut le faire dans les espaces carcéraux.
«Ceci est d’autant plus malheureux, injustifié, inacceptable, qu’il est aujourd’hui parfaitement bien établi que cette sexualité active est, à cet âge également, étroitement corrélée à une amélioration générale de l’humeur et à une réduction des manifestations physiopathologiques. C’est s’apprêter, se faire belle/beau, pour aller au restaurant. C’est palpiter. C’est continuer à vivre puisque l’amour c’est la vie. De ce point de vue, la sexologie, la médecine non seulement peuvent mais se doivent d’aider ceux qui avancent en âge et entendent continuer à vivre. Elles le doivent ne serait-ce que parce que l’amour c’est la vie.» Soit faire en sorte, une fois passé le temps des gros bouillons, que le feu des ardeurs ne meure pas.
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