Daniel Perler: «Les mots croisés ou la télé, très peu pour moi!»

Dernière mise à jour 16/11/19 | Questions/Réponses
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Gravir 60 sommets de plus de 6000 mètres avant ses 69 ans, voici le défi fou que s’est lancé Daniel Perler, postier de Prangins à la retraite. Passionné d’alpinisme et animé d’une ténacité à toute épreuve, il nous raconte son incroyable projet.

Bio express

6 mai 1952 Naissance à Fribourg.

1968 Commence à pratiquer l’alpinisme à 16 ans, avec un ami, à Château-d’Œx.

2011 À 59 ans, se lance le défi de gravir 60 sommets de plus de 6000 mètres avant ses 69 ans.

2015 Prends la retraite de son emploi de postier à Prangins

Juin 2019 Gravit le Tocclaraju (6034 m) au Pérou, son 51e sommet de plus de 6000 mètres.

            

Parlez-nous de cet objectif que vous vous êtes fixé. Comment est-il né?

Daniel Perler  Avant mes 60 ans, j’avais réalisé les «7 summits», un tour du monde par les points culminants de 7 continents. J’avais envie d’un nouveau défi, c’était donc une suite logique. Je me suis mis en tête de gravir 60 sommets de plus de 6000 mètres avant mes 69 ans, ce qui me plaît bien car la plupart sont situés dans la Cordillère des Andes, que j’aime beaucoup. Je crois être seulement le deuxième foldingue à réaliser cela!

C’est important pour vous de vous fixer des buts?

En réalité, ça n’a jamais été un but en soi. C’est venu comme ça, par des concours de circonstances. Une fois que j’ai terminé les «7 summits», je me suis dit: «Maintenant je fais quoi?». Attendre la retraite n’était vraiment pas ma tasse de thé! J’approche doucement des 70 ans, mais je suis bien content d’avoir ces projets, ces sommets qu’il me reste à gravir avant d’être trop vieux.

La ténacité est-elle une qualité indispensable pour réaliser cela?

Oui, mais pas seulement. Il faut être persévérant bien sûr, mais il faut aussi avoir la forme. On peut tomber malade, se blesser, tout peut s’arrêter très vite. Je ne me suis jamais trop posé de questions. J’aime aller au contact des gens, j’aime découvrir la planète, c’est surtout ça qui me porte.

Pensez-vous que le goût de l’aventure se perd dans notre société?

Non, je ne pense pas. On le voit avec l’engouement pour les trails, les embouteillages au Mont-Blanc… Les gens aiment encore l’adrénaline et l’aventure, mais ils ont une autre façon de l’entreprendre car les moyens ont changé. Il est plus facile de prendre l’avion, on a son téléphone au pied de l’Everest… L’important c’est d’aller au bout des choses, au bout de soi-même. J’aime cette citation de St-Exupéry: «Il faut vivre ses rêves et non pas rêver sa vie».

Qu’est-ce que l’alpinisme vous apporte?

Ça m’apporte beaucoup physiquement, bien sûr, car cela demande une bonne condition. Mais ça m’oblige aussi à sortir du train-train quotidien, à ouvrir les yeux, à avoir l’esprit clair, à accepter la différence… Les expéditions demandent une grande capacité d’adaptation aux conditions du pays ou à la situation. Et ça, c’est extraordinaire.

Être en bonne santé, qu’est-ce que cela signifie pour vous?

Déjà, c’est pouvoir se lever tous les jours. Organiser sa journée, avoir des projets, partager…

Même si c’est avec la lecture ou un thé. Ce n’est pas vraiment mon truc, mais être en bonne santé, c’est ça: c’est être heureux.

Vous poussez en permanence votre corps dans ses limites. Vous êtes-vous déjà dit que vous aviez «trop» poussé?

Oui, ça m’est arrivé cette année. Quatre semaines après m’être fait opérer du ménisque, je suis reparti au Pérou. Je voulais gravir trois sommets mais je n’en ai fait qu’un seul car une petite voix m’a dit de me ménager. Les montagnes sont patientes, j’aurai d’autres occasions d’y retourner.

Vous devez être particulièrement attentif à votre alimentation…

À la base je faisais beaucoup de course à pied. J’ai donc toujours fait attention au surpoids. Je mange équilibré, je ne fais pas trop d’excès, je limite la viande rouge et l’alcool, mais je pense que tout est question d’équilibre. Rien n’est poison, c’est la quantité qui fait le poison!

Utilisez-vous les médecines alternatives?

Je vais une fois par an chez un ostéopathe, pour me détendre. J’ai aussi fait de l’acupuncture pour des problèmes musculaires et ça m’a aidé. Une fois, en Argentine, j’ai eu une toux atroce car les plateaux en altitude sont très secs. On m’a donné, sans me le faire payer, un breuvage à base de plantes, et en une heure j’étais rétabli… mais je n’ai jamais su ce qu’il contenait!

Votre énergie semble inépuisable… où allez-vous la chercher?

Je la puise dans mes voyages et l’alpinisme bien sûr, mais aussi avec ma famille, mes amis, mon engagement auprès des jeunes. Ce qui est important, c’est d’avoir une occupation, de faire partie du monde, se sentir encore vivant au contact des autres. Ça pousse à rester éveillé. Ce qui compte c’est de ne pas être en décalage avec cette vie qui va si vite, mais d’en faire partie.

Comment réagit votre entourage face à ce défi?

Ma femme et mes enfants ne m’ont jamais empêché d’aller au bout de mes rêves, mais ils ont tremblé plus d’une fois!

Et quand vous aurez 69 ans, quel objectif allez-vous vous fixer?

Peut-être les 70 montagnes de plus de 2000 mètres en Suisse. Je trouverai bien quelque chose, ne vous inquiétez pas!

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Paru dans le hors-série « Votre santé », La Côte, Novembre 2019.

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