Insolite: un vaccin contre la méningite peut aussi protéger contre la gonorrhée (ou «chaude pisse»)

Dernière mise à jour 20/07/17 | Article
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Des chercheurs néo-zélandais annoncent avoir identifié un vaccin qui pourrait réduire le risque de contracter une gonorrhée.

L’information, spectaculaire, a été publiée le 10 juillet dans The Lancet – et aussitôt reprise par la BBC: «First vaccine shows gonorrhoea protection» (James Gallagher). Dirigés par le Dr Helen Petousis-Harris (University of Auckland), des chercheurs néo-zélandais annoncent avoir identifié un vaccin qui pourrait réduire le risque de contracter une gonorrhée, maladie sexuellement transmissible généralement mieux connue des victimes sous l’appellation «chaude-pisse». C’est la première fois, après un siècle de recherche, qu’une immunisation de ce type est obtenue.

Cette infection, qui touche principalement les organes génito-urinaires, est due au gonocoque (Neisseria gonorrhoeae), découvert par Albert Neisser en 1879. En l’absence de traitement par antibiotique adapté, diverses complications peuvent apparaître, qui affectent principalement les femmes (inflammations pelviennes, grossesse extra-utérine et stérilité). L’incubation est habituellement de 2 à 7 jours et, jusqu’ici, le seul traitement préventif était le préservatif.

L’inquiétude des autorités sanitaires internationales tient à l’émergence croissante de souches de gonocoque antibiorésistantes –y compris vis-à-vis des céphalosporines, jusqu’alors utilisées en «dernier recoures». L’OMS a, ces trois dernières années, confirmé cet inquiétant phénomène en Afrique du Sud, en Australie, en Autriche, au Canada, en France, au Japon, en Norvège, en Suède, en Slovénie et au Royaume-Uni (pays particulièrement touché).

Financée en partie par Novartis Vaccines & Diagnostics, l’étude néozélandaise ne manquera pas d’intéresser les passionnés de sérendipité. Le vaccin utilisé («MeNZB») avait, initialement, été développé pour lutter contre une épidémie de méningite de type B. Ce vaccin avait alors été administré dans le pays à environ un million de personnes (dont 81% de moins de 20 ans) entre 2004 et 2006.

Ce n’est que par la suite que les chercheurs de l’Université d’Auckland ont analysé les données de onze cliniques de santé sexuelle et découvert que les cas de gonorrhée avaient, ultérieurement, diminué de 31% chez les vaccinés. Il faut ici préciser que la bactérie Neisseria meningitidis, ou ménigocoque, est structurellement assez proche de Neisseria gonorrhoeae. Aussi peut-on raisonnablement penser être en face d’un phénomène de «protection croisée». La réduction de l’incidence dans le groupe des vaccinés (la protection ainsi conférée) est de 31% dans un groupe total de 14'730 personnes (1241 cas de gonorrhée; 12'487 cas d’infection à chlamydia; 1002 cas de co-infection).

«À l’heure actuelle, le mécanisme de cette réponse immunitaire est inconnu, mais nos résultats pourraient contribuer au futur développement de vaccins protecteurs à la fois contre le méningocoque et le gonocoque», explique le Dr Helen Petousis-Harris. Ce travail éclairera-t-il d’un jour nouveau les possibles bénéfices complémentaires de l’actuel vaccin contre le méningocoque de type C –un vaccin aujourd’hui recommandé mais que le gouvernement entend rendre obligatoire avant l’âge de deux ans.

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