Tabac: même les plus âgés trouvent des bénéfices à arrêter

Dernière mise à jour 27/02/13 | Article
Tabac: même les plus âgés trouvent des bénéfices à arrêter
Mieux vaut certes ne jamais commencer. Mais il n’est jamais trop tard pour en finir avec lui. Une étude allemande démontre que les seniors qui font une croix sur le tabac réduisent eux aussi leurs risques d’accidents cardiaques et cérébraux.

La science médicale trouve chaque jour de nouvelles raisons pour justifier l’arrêt du tabac. Aujourd’hui, la démonstration concerne les personnes les plus âgées; celles qui après des décennies ne sont toujours pas parvenues à mettre au rancart leurs paquets de cigarettes, leurs pipes, leurs blagues. Leur proposer d’en finir renvoie généralement à la même réponse. «Oh vous savez à mon âge …». Que répondre? Une étude allemande, qui vient d’être publiée par  l’European Journal of Epidemiology, fournit de sérieux éléments de réponse. On en trouvera un résumé ici-même.   

On sait que le risque de maladie cardio-vasculaire auquel s’exposent les fumeurs est plus du double de celui des non-fumeurs. Mais on oublie souvent de préciser que les fumeurs qui ne le sont plus (certains parlent encore ici de (fumeurs «repentis») retrouvent le plus souvent un risque pratiquement aussi faible que celui des personnes du même âge qui n'ont jamais fumé. Mais il faut préciser que les fumeurs sont en moyenne affectés par les maladies  cardiovasculaires à des âges beaucoup plus précoces que les personnes qui n'ont jamais fumé ou qui ont fumé puis qui ont trouver la force d’arrêter. La nouveauté réside aujourd’hui dans la démonstration apportée par l’étude menée sous l’égide de l’ Helmholtz Association of German Research Centres. Elle montre que les effets positifs (cardiovasculaires notamment) de l'abandon de la consommation de tabac sont bien réels et perceptibles extrêmement rapidement.

La dose quotidienne et le nombre d’années

Pour résumer, on peut expliquer aux principaux intéressés qu’un fumeur de 60 ans a le même risque d'infarctus du myocarde qu’un non-fumeur de 80 ans. Il a aussi le même risque d'accident vasculaire cérébral (AVC) qu’un non-fumeur de 70 ans. Bien évidemment, les doses et les durées du tabagisme ont aussi un impact sur le risque de survenue de ces maladies cardiovasculaires : plus un fumeur consomme de cigarettes quotidiennement sur une période de temps prolongée et plus ses risques cardiaques et vasculo-cérébral sont élevés.

La nouvelle étude résulte des analyses permises par les données d’une cohorte allemande; soit  8807 personnes (âgées de 50 à 74 ans) dont les participants, au départ, n'avaient jamais été victimes d’une crise cardiaque ou d’un AVC. Des comparaisons ont été réalisées dix ans plus tard. Les auteurs allemands ont pris en compte les principaux  facteurs de confusion comme l'âge, le sexe, la consommation d'alcool, le niveau d’éducation, la pratique de l'exercice physique ainsi que la tension artérielle, le diabète, le taux de cholestérol, la taille et le poids. Cette cohorte était composée de 17,2% des fumeurs, 31,7% d’anciens fumeurs et de 51,1% de personnes qui n'avaient jamais fumé. A la fin de l’étude, 261 participants avaient été victime d’une crise cardiaque, 456 un AVC et 274 un décès avec cause cardiovasculaire. Par rapport aux personnes n'ayant jamais fumé, les ratios de risque (RR) sont par ordre croissant celui d’AVC (2,12), d’infarctus(2,25) et de décès prématuré (2,45).

L’excès de risque disparaît presque dans les cinq années

Or, et c’est là l’important, la plupart de l'excès de risque disparaît dans les cinq années qui suivent l'abandon du tabac.  «Comparativement aux personnes qui continuent de fumer, le risque d'infarctus du myocarde et d'AVC est réduit de plus de 40% déjà dans les cinq premières années qui suivent la dernière cigarette», explique Carolin Gellert, auteur principal de l'étude. Les résultats de son étude ont une implication directe: les programmes de renoncement au tabac, ciblés jusqu’ici plutôt sur les jeunes adultes devraient être élargis aussi aux plus âgés.

Ces données confortent les conclusions d’une autre étude dont les conclusions ont récemment été publiées dans The New England Journal of Medicine. On en trouvera un résumé ici ainsi que celui fait à propos d’une publication voisine sur planetesante.ch. On peut résumer. Fumer, c’est en moyenne dix années de vie en moins. Le tabagisme est en moyenne la cause directe d’un décès prématuré sur quatre. Les recherches menées aux Etats-Unis suggèrent d’autre part qu’arrêter le tabac avant quarante ans, permet de récupérer 90% de ces dix années de vie potentiellement perdues.

Trente millions de jeunes commencent chaque année à fumer

«Cesser de fumer avant l'âge de quarante ans, et de préférence avant, redonne la quasi-totalité des dix années de vie perdues si l’on continue à fumer» résume l’auteur principal de ce travail. Ce qui ne signifie pas pour autant que fumer jusqu'à quarante ans est sans risque. Le premier étant la somme des difficultés rencontrées pour arrêter la consommation de ce poison légal. Chaque année dans le monde environ trente millions de jeunes commencent à fumer chaque année. Combien sont-ils à savoir clairement les risques et les souffrances auxquels ils s’exposent? Il est vraisemblable que dans ce domaine les fabricants de ce poison en savent plus que leurs clients débutants. Sans parler des autorités sanitaires et des responsables politiques qui souvent continuent à regarder ce phénomène comme une fatalité. Et qui laissent les fumeurs seuls devant l’effort considérable que représente, pour eux et quel que soit leur âge, le sevrage.

 

  

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