Consommation de sel: ce que croient les Suisses

Dernière mise à jour 15/05/14 | Article
Consommation de sel: ce que croient les Suisses
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de ne pas consommer plus de 5 g de sel par jour. En Suisse, on en absorbe près du double… sans forcément en avoir conscience, ni en connaître les risques.

Il est souvent bien caché, mais mieux vaut ouvrir l’œil! L’abus de sel a une incidence directe sur notre santé. Il est associé à la survenue d’une hypertension artérielle, ainsi qu’aux pathologies cardiovasculaires. L’hypertension artérielle est le principal facteur de mortalité dans le monde. Mais le point positif est que ce risque est potentiellement réversible: alléger sa consommation de chlorure de sodium (le sel présent dans nos assiettes) a un effet bénéfique avéré sur la pression artérielle pour la majorité des personnes.

A l’instar de nombreux pays, la Suisse a donc décidé d’agir. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a intégré la «Stratégie sel» à la Stratégie alimentaire suisse 2013-2016 et au Programme alimentaire et activité physique (PNAAP). L’objectif de la «Stratégie sel» est d’abaisser la consommation sodée de la population à moins de 8 g par jour dans un premier temps, puis à moins de 6 g.

Pour initier ce projet, l’OFSP a mandaté le Service de Néphrologie et l’Institut universitaire de médecine sociale et préventive du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) pour réaliser une enquête nationale (Swiss Salt Survey, SSS). L’objectif: quantifier les apports de sodium dans le pays. Ce sont ainsi 1448 volontaires, âgés de 15 ans et plus, résidents permanents en Suisse et répartis sur neuf cantons, qui se sont soumis à un prélèvement d’urine sur 24 heures, à un questionnaire détaillé, et à la mesure de différents paramètres.

Une moyenne de 9,4 g de sel par jour

Les résultats sont édifiants. Au niveau de la consommation de sel elle-même, l’enquête a révélé une moyenne de 9,4 g de sel par 24 heures (10,8 pour les hommes et 8,0 pour les femmes). Soit près du double de la norme de l’OMS (qui conseille de ne pas dépasser les 5 g quotidiens). Les chiffres obtenus par l’enquête sont bien supérieurs à l’auto-estimation des participants, puisque plus de la moitié d’entre eux pensaient être des consommateurs de sel «moyens». Or, résultats de laboratoire à l’appui, leur excrétion urinaire de sodium sur 24 heures, représentative de leur consommation quotidienne de sel, était de plus de 9 g par jour. Même les participants s’étant définis comme «très petits consommateurs» étaient au-dessus des recommandations, avec une moyenne de 6,7 g de sel excrétés en 24 heures.

Quant aux représentations que se fait la population sur le sel, l’enquête a permis de faire un état des lieux instructif. Concernant le lien entre pathologies et surconsommation de sel tout d’abord. L’incidence sur l’hypertension artérielle est correctement identifiée par 77% des hommes et 85% des femmes. Pour le lien entre abus de sel et maladies cardiaques, les bonnes réponses sont plus rares: 38% des hommes et 44% des femmes font le rapprochement entre les deux. Et seuls 21% des hommes et 21% des femmes ont identifié que l’excès de sel pouvait favoriser un infarctus du myocarde. Quant à son impact sur les accidents vasculaires cérébraux (AVC), le pourcentage de réponses correctes n’a pas dépassé les 21%.

La grande majorité des participants a toutefois reconnu que le diabète, une maladie du côlon ou la tuberculose n’ont pas de lien avec une consommation de sel abusive.

Pain, fromage, produits carnés, soupes et plats préparés

L’étape suivante du questionnaire portait sur les principales sources d’apport sodique. Ces sources sont: le pain (17%), le fromage (11%), les produits carnés (8%), les soupes du commerce (8%) et les repas préparés (5%). Les plats préparés ont été démasqués par 44,4% des participants. En revanche, les soupes, fromage et pain ont été très peu évoqués, avec respectivement 0,7%, 2,1% et 6% des réponses. Par ailleurs, seul un quart des participants a estimé que le sel de table était une source importante de notre consommation quotidienne de sel et 11,7% ont déclaré ne pas connaître la réponse.

Face à ces résultats, que préconiser? Pour parvenir à une moyenne avoisinant les 6 grammes par jour visée par l’OFSP, il semble essentiel de renforcer les connaissances et la responsabilité individuelles du consommateur. La collaboration avec les industriels est également incontournable, mais pas si simple… Si diminuer la quantité de sel dans les produits alimentaires apparaît comme une mesure phare, l’industrie alimentaire se montre réticente. La raison: une perte de bénéfice considérable. Concrètement, une teneur élevée en sel rend les aliments plus savoureux, permet de masquer la mauvaise qualité de certains produits, et augmente la demande. Le sel permet aussi de retenir l’eau dans la viande préparée, ce qui en augmente le poids jusqu’à 20%. Enfin, ces préparations généreusement salées augmentent la sensation de soif… et donc les ventes de boissons.

Pour aider le consommateur à y voir plus clair, l’étiquetage pourrait être l’une des clés du problème. Aujourd’hui, il se révèle source de confusion. En effet, le contenu affiché est celui de la teneur en sodium, alors que les recommandations éditées définissent une norme pour le sel, soit le chlorure de sodium. Ainsi, 5 g de sel correspondent à 2 g de sodium. Un label catégorisant les aliments comme ayant une teneur en sel faible ou élevée, ce qui se fait aux Etats-Unis, semble influencer positivement les consommateurs dans leurs achats. De plus, l’existence d’un label offre une information facilement compréhensible par la population générale. Peut-être une première piste à approfondir…

 

Références

S Beer-Borst1, MC Costanza, A Pechère-Bertschi,  and A Morabia. Twelve-year trends and correlates of dietary salt intakes for the general adult population of Geneva, Switzerland. European Journal of Clinical Nutrition 2009; 63: 155–164.

Adapté de «Impact sur la consommation de sel sur la santé: les croyances de la population suisse», Dr A. Ditisheim, Pr A. Pechère-Bertschi, E. Muradbegovic, Genève; Pr M. Bochud et Pr Burnier, Lausanne, in Revue médicale suisse 2013;9:1613-6. En collaboration avec les auteurs.

Articles sur le meme sujet
PS50_huile_coco_sante

Huile de coco en cuisine: qu’en penser?

L’huile de coco est régulièrement mise en avant pour ses bienfaits sur la santé. Les données scientifiques récentes semblent cependant les remettre en cause.
MD_glaces_saines_possible

Des glaces saines, c’est possible?

Elles sont les stars incontournables de l’été, mais que contiennent-elles vraiment? Comment choisir le meilleur compromis pour allier plaisir sucré et santé? Éléments de réponses.
LMD_declarer_guerre_sucre

Faut-il déclarer la guerre au sucre?

Dans la lignée du régime Atkins ou de la diète cétogène, la scientifique et influenceuse Jessie Inchauspé a fait du sucre son ennemi numéro un.
Videos sur le meme sujet

Le retour en grâce des graisses

On les accuse de boucher nos artères, de favoriser lʹobésité et les accidents cardio-vasculaires…

Consommer moins de sel réduirait de manière significative la tension artérielle

Selon une étude américaine de la Northwestern University de Chicago, menée auprès de 213 participants âgés de 50 à 75 ans, une alimentation pauvre en sel peut réduire la tension artérielle.

Alimentation : le retour en grâce des graisses

On les accuse de boucher les artères, de favoriser l’obésité et les accidents cardio-vasculaires…
Maladies sur le meme sujet
Hypertension artérielle

Hypertension artérielle

On parle d'hypertension artérielle lorsque la pression systolique est supérieure à 140 millimètres de mercure (mmHg) et/ou lorsque la pression diastolique est supérieure à 90 mmHg.

Symptômes sur le meme sujet
Hypertension

Poussée HTA

Je suis traité(e) pour une hypertension et j’ai une poussée hypertensive