Cancers: comment mieux se nourrir pour mieux les prévenir
Tous les cancers ne sont pas la conséquence de certains modes de vie mais tous ne sont pas le fait de la fatalité. Toutes les affections cancéreuses ne peuvent pas, loin s’en faut, être prévenues mais certaines peuvent bel et bien l’être. C’est dire le poids que peut ici jouer l’information. Non pas une information sectionnée, fragmentée, plus ou moins menaçante et diffusée de manière schématique par voie publicitaire, mais une information à la fois synthétique, concrète et rendue publique de manière pédagogique. C’est le sens de la publication disponible depuis peu sur le site de l’American Journal of Clinical Nutrition.
Il s’agit là des résultats d’une vaste étude (près de 400’000 personnes vivant dans dix pays d’Europe) conduite par des chercheurs de très nombreux organismes et institutions de ces mêmes pays (Royaume-Uni, Pays-Bas, France, Allemagne, Danemark, Espagne, Grèce, Italie, Suède et Norvège). Ces personnes participent à l’étude de cohorte EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition). Ce travail a notamment été conduit en liaison avec le Centre international de recherches sur le cancer basé à Lyon. Il a été financièrement soutenu par des structures françaises, italiennes et espagnoles ainsi que par le World Cancer Research Fund (WCRF).
Au total, ce travail vient confirmer le bien-fondé des recommandations émises (c’était en 2007) par le Fonds mondial de recherche contre le cancer (WCRF) ainsi que par l'American Institute of Cancer Research (AICR) pour réduire les risques de cancer. Il s’agit de sept recommandations liées au mode de vie, parmi lesquelles:
- le contrôle d’un Index de masse corporelle (IMC) «normal» (disons compris entre 21 et 23);
- la pratique quotidienne d’au moins trente minutes par jour d’exercice physique;
- la réduction de ses consommations d’aliments riches en graisses et en sucres, de boissons gazeuses;
- la limitation de ses apports de viande rouge à 500 g par semaine;
- l’adoption d’une alimentation dite «équilibrée», riche en fruits, légumes et aliments à base de grains entiers;
- une alimentation limitée en sel;
- une consommation réduite de boissons alcoolisées (deux «verres standards» quotidiens pour les hommes, un seul chez les femmes),
- la question du tabac n’est pas traitée ici. A dire vrai, elle ne se pose pas: l’arrêt de toute consommation de tabac (ou mieux l’abstinence totale tout au long de la vie) est l’une des mesures préventives qui a fait la preuve de la plus grande efficacité dans ce domaine.
Des précisions complémentaires peuvent (en langue anglaise) être trouvées ici. Ce n’est pas la loi du tout ou rien qui prévaut ici. Mais on sait en revanche que plus ces recommandations sont suivies moins les risques de certains cancers sont élevés. Par ailleurs, via son réseau mondial et le programme «CUP» (pour Continuous Update Project) le Fonds mondial réactualise en permanence ses données.
Il faut ajouter que les compléments alimentaires parfois présentés comme étant de nature à prévenir les affections cancéreuses ne sont nullement recommandés, qu’il s’agisse de vitamines, minéraux ou extraits de plante et ce, quelle que soit la forme de sa présentation. La totalité des apports alimentaires à une alimentation équilibrée peut être fournie par une nourriture de qualité et suffisamment variée. Ce qui n’est nullement synonyme de nourriture chère mais qui signifie que l’on s’intéresse à l’origine de ses repas et, autant que possible, à leur confection.
Dans l’étude européenne les données anthropométriques ainsi que celles sur le régime alimentaire et le style de vie ont été prises en compte. Elles ont permis d’établir un score, de 0 à 6 pour les hommes et de 0 à 7 pour les femmes, basé sur les recommandations du FMRC. En pratique plus le score est élevé et plus les recommandations sont suivies. Et il apparaît au final que plus les recommandations sont suivies moins le risque de cancer est élevé.
Concrètement,une augmentation d’un point au score est associée à une réduction du risque de:
- 5% pour l'ensemble des cancers;
- 12% pour le cancer colorectal;
- 16% pour le cancer de l'estomac.
Des associations significatives ont également été observées pour les cancers du sein, de l’endomètre, du poumon, du rein, des voies aérodigestives supérieures, du foie et de l'œsophage
On ne retrouve pas de telles associations pour les cancers de la prostate, des ovaires, du pancréas et les cancers de la vessie.