Téléphonie: la vérité sur les dangers des antennes relais

Dernière mise à jour 23/01/13 | Article
Téléphonie: la vérité sur les dangers des antennes relais
Peut-on vivre sans risques sanitaires auprès des antennes relais indispensables au bon fonctionnement de nos téléphones portables? Non estiment les militants qui luttent contre les pollutions aux ondes électromagnétiques et dénoncent les cas de plus en plus fréquents selon eux d’hypersensibilité aux ondes. Il faut éviter les jugements hâtifs répond en écho l’Académie nationale de médecine.

Il existe aujourd’hui une peur diffuse de la téléphonie mobile. Conséquence de la consommation massive, croissante et peut être pathologique de ce nouvel outil de communication ? A dire vrai cette peur émane moins du téléphone proprement dit, bien visible et omniprésent, que des invisibles antennes qui lui assurent la vie. C’est une proposition de loi qui, en France, vient de remettre le feu aux poudres; une initiative émanant d’un député socialiste et qui vise à limiter la puissance de ces antennes relais pour des raisons sanitaires.

Aussitôt, deux camps se sont réveillés et se font face. D’un côté ceux qui affirment (ce qui est vrai) que l’innocuité de ces équipements n’a pas été démontrée. De l’autre (ce qui n’est pas faux), ceux qui font remarquer que leur éventuelle nocivité n’a jamais été confirmée. L’Académie nationale française de médecine dit pour sa part «regretter une initiative fondée sur un flou scientifique et réglementaire». Selon elle cette initiative n’est que la dernière excroissance d’un usage dévoyé du principe de précaution. Elle est aussi «de nature à renforcer artificiellement chez nos concitoyens un sentiment de peur et de défiance injustifié, mais préjudiciable en terme de santé publique». Et au-delà de ce paradoxe elle dit souhaiter  «que les arguments scientifiques ne soient pas encore une fois occultés ou déformés».

La proposition de loi  «ne vise pas à interdire ou à rendre inutilisables les technologies émettant des champs électromagnétiques». «Le développement de technologies sans fil est souhaité dès lors que des seuils de protection sanitaire de la population sont clairement définis» peut-on lire dans l’exposé des motifs. Pour autant, il propose de contraindre les fabricants d’appareils dotés de la technologie Wifi à les munir d’un système mécanique simple de désactivation. «On constate en effet que le Wifi couvre une surface de plusieurs dizaines de mètres alors qu’il est le plus souvent utilisé dans un rayon de quelques mètres, renforçant ce "bain d’ondes”, notamment au sein des copropriétés» expliquent les auteurs.

Cette proposition vise aussi à faire indiquer le niveau d’émission de champs électromagnétiques sur tous les émetteurs, afin d’informer la population sur l’accumulation d’ondes de toute nature provenant d’une multitude d’appareils de la vie courante. Il propose encore «l’interdiction du Wifi dans les structures d’accueil de la petite enfance et vise à favoriser les connexions filaires dans les établissements scolaires et dans les établissements recevant du public». Il aborde enfin, point extrêmement sensible, l’électro-hypersensibilité, une «maladie encore peu connue». «Les champs électromagnétiques sont partout et constants, rendant difficile voire insupportable la vie des personnes électro-hypersensibles. Ce mal du siècle doit être mieux appréhendé, mieux étudié et traité» écrivent les auteurs qui estiment nécessaire que des solutions soient trouvées pour les personnes qui souffrent de cette pathologie; l’expérimentation de «zones blanches» devrait en faire partie.

L’analyse de la situation est radicalement différente du côté de l’Académie de médecine. «Tout en adhérant à la demande de nos concitoyens en faveur de davantage de débat public et de transparence dans la décision en santé publique élargie aux questions environnementales», cette Académie regrette une initiative fondée sur un flou scientifique et réglementaire.

De nombreuses contestations techniques sont faites par les académiciens. Ils soulignent que le classement en «possiblement cancérigène» (2B) par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) ne concerne pas les antennes relais mais les portables, dont les niveaux d’émission sont très différents. En effet, les antennes de téléphonie mobile entraînent selon eux une exposition aux champs électromagnétiques 100 à 100.000 fois plus faible que les téléphones portables: être exposé pendant 24 heures à une antenne à 1 volt par mètre donne la même exposition de la tête que de téléphoner avec un portable pendant 30 secondes.

L’un des chapitres les plus intéressants concerne l’«électro-hypersensibilité». « A ce jour, aucun système sensoriel humain permettant de percevoir les champs électro-magnétiques utilisés par la téléphonie mobile n’a pas été identifié, estime l’Académie. Des dizaines d’études ont été effectuées; elles ont montré à la quasi-unanimité que les sujets se disant électro-hypersensibles, bien que manifestant des troubles variés en présence de dispositifs émetteurs de champs électromagnétiques, sont incapables de reconnaître si ces dispositifs sont actifs ou non. Les études suggèrent un effet nocebo (inverse de l’effet placebo: troubles relatés résultant d’un mécanisme psychologique) et des facteurs neuropsychiques individuels. L’angoisse et des perceptions somatiques très variées en présence d’émetteurs de champs électromagnétiques peuvent justifier une prise en charge adaptée. L’Académie déplore d’autant plus que ces troubles, pouvant entraîner de graves handicaps sociaux, soient utilisés à des fins contestables au détriment des intéressés.»

On aimerait savoir ce qu’est aux yeux de l’Académie, la «prise en charge adaptée» d’une pathologie qui n’existe pas. Du moins pas sous le nom utilisé pour la désigner.

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