Pollution de l'air: gare à l'asthme!

Dernière mise à jour 31/01/13 | Article
Pollution de l'air: gare à l'asthme!
La pollution atmosphérique nuit gravement à notre santé en général, et à nos poumons en particulier. Surtout quand les conditions climatiques nous enferment sous la chape de plomb d'une mer de brouillard persistante, comme c'est souvent le cas en hiver. En première ligne des conséquences à redouter: l'asthme, surtout pour les enfants mais aussi pour les adultes.

On comprend aisément que nos poumons s'accommodent mal de respirer un air pollué, chargé de tous ces oxydes d'azote et de souffre, de cet ozone estival, de ce monoxyde de carbone, ou surtout de ces dangereuses particules fines ou ultrafines, qui grâce à leur taille microscopique (de l'ordre du micron, soit un millième de millimètre) vont se loger tout au fond de nos alvéoles pulmonaires pour y commettre leurs dégâts irréversibles.

Ce que l'on sait moins, c'est que l'une des principales affections pulmonaires – l'asthme – peut non seulement devenir plus difficile à maîtriser en présence de pollution atmosphérique, mais que cette pollution peut même faire démarrer la maladie chez une personne auparavant en bonne santé.

C'est surtout vrai à proximité des voies de circulation automobile à fort trafic, comme l'ont montré par exemple l'étude Children's Health Study, qui a porté sur 2500 enfants suivis depuis l'école enfantine, ou l'étude prospective néerlandaise PIAMA, qui a suivi des enfants durant 8 ans dès leur naissance. La concentration annuelle moyenne en particules fines et en dioxyde d'azote y était significativement associée à l'apparition d'un asthme nouveau.

D'autres études ont également montré que l'exposition à la pollution atmosphérique était particulièrement dommageable durant les 3 premières années de vie (vie in utero comprise).

Les adultes aussi

Les adultes ne sont pas épargnés pour autant, bien que les études sur ce sujet soient moins nombreuses, et plus difficiles à interpréter en raison de facteurs confondants comme le tabagisme ou l'exposition professionnelle à des polluants aériens.

L'une d'elles, pourtant, a retenu l'attention des spécialistes. Il s'agit de l'étude suisse SAPALDIA, qui a cherché à mesurer les effets sur 10 ans d'une exposition cumulée aux particules fines liées au trafic automobile. Elle a montré notamment que la population étudiée, constituée d'individus âgés de 20 à 60 ans n'ayant jamais fumé et qui ne souffraient pas d'asthme au départ, avait couru un risque statistiquement significatif de développer un asthme.

Quand l'adulte est déjà asthmatique, les effets de la pollution atmosphérique ne sont pas moins graves, puisqu'ils sont fréquemment à l'origine de ce que les spécialistes nomment une exacerbation, autrement dit une crise d'asthme nécessitant souvent la consultation en urgence, que ce soit en cabinet privé ou dans les centres hospitaliers.

C'est ce qu'ont montré diverses études, et notamment celle qui avait été menée dans 8 grandes villes européennes: chaque fois que la concentration de l'air en particules fines augmentait de 10 microgrammes par mètre cube, le nombre d'admissions pour asthme dans les centres d'urgence augmentait d'un pour-cent. Des chiffres semblables ont été rapportés pour d'autres marqueurs de la pollution atmosphérique comme l'ozone ou le dioxyde d'azote.

L'un dans l'autre, les scientifiques estiment qu'à l'échelle de l'Union Européenne ce sont quelque 350'000 décès prématurés qui seraient dus aux particules ultrafines.

Sous la mer de brouillard

Pire: lorsque se produisent des pics de pollution, comme c'est le cas fréquemment chez nous durant l'hiver sous la "mer de brouillard", les concentrations en particules fines peuvent facilement passer de 20 à 150 microgrammes par mètre cube. On estime alors que le nombre d'admissions dans nos centres d'urgence peut grimper de 15% environ.

Il apparaît par ailleurs que la pollution atmosphérique rend la maîtrise pharmacologique de l'asthme plus difficile: les asthmes sont en effet moins bien contrôlés lorsque les moyennes annuelles en ozone et en particules fines sont les plus élevées. En outre, il semble de plus en plus clair que la pollution de l'air ait aussi un impact sur le système immunitaire des patients allergiques, comme l'a montré une récente étude américaine. Dans cette expérimentation dite à double insu (c'est-à-dire que ni le sujet ni l'expérimentateur ne connaissait précisément les détails expérimentaux) des sujets avec ou sans rhinite allergique étaient exposés pendant deux heures aux particules d'échappement d'un moteur diesel, avant de se voir inoculer un virus de grippe atténué. Il en est résulté un effet aggravant des particules diesel sur l'inflammation allergique, ainsi qu'une moindre élimination du virus. Or, les infections virales sont connues pour déclencher des crises d'asthme.

En conclusion, il ne fait plus de doute que la pollution atmosphérique ait un impact cliniquement important sur l'asthme, et que l'exposition chronique à la pollution le long des axes de grande circulation automobile joue un rôle bien établi dans l'apparition de nouveaux cas de la maladie chez l'enfant et probablement aussi chez l'adulte.

Références

1) Adapté de "Quel est le rôle de la pollution atmosphérique dans l'asthme?", Drs. T. Rochat, P.-O.Bridevaux, G. Gerbase, Genève, N. Probst-Hentsch, N. Künzli, Bâle, in Revue médicale suisse 2012;8:2233-6, en collaboration avec les auteurs.

2) J Epidemiol Community Health 2008;62:2 98-105.

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