Pollution atmosphérique: comment abîme-t-elle notre système cardio-vasculaire?

Dernière mise à jour 15/07/14 | Article
Pollution atmosphérique: comment abîme-t-elle notre système cardio-vasculaire?
Le fait d’inhaler des particules fines en suspension dans l’air et du dioxyde d’azote expose à un risque accru de plusieurs affections du cœur et des vaisseaux.

Il ne fait plus aucun doute que la pollution atmosphérique est hautement dangereuse pour la santé. Dans une étude publiée en mars 2014, l’OMS chiffrait à plus de 7 millions le nombre de personnes décédées prématurément en 2012 du fait de la pollution de l’air. Contrairement à ce que pourraient penser les citadins occidentaux intoxiqués, ce sont les populations de certaines régions de l’Asie et du Pacifique qui sont les plus touchées (5,9 millions de morts).

Morts prématurées

En 2008, lors de la précédente étude, l’OMS avait dénombré un total de 3,2 millions de morts prématurées dues à la pollution de l’air: 1,3 million en raison de la pollution extérieure et 1,9 million du fait de la pollution atmosphérique domestique (les fumées et émanations liées aux appareils de cuisson, chauffés au bois ou au charbon, ou les instruments de chauffage). Quatre ans plus tard, 3,7 millions de personnes sont décédées en raison d’effets liés à la pollution extérieure et 4,3 millions en raison de la pollution de l’air domestique.

«La pollution de l’air est désormais le facteur environnemental le plus important affectant la santé, tout le monde est touché, que ce soit dans les pays riches ou dans les pays pauvres», expliquait en mars le Dr Maria Neira, directrice du département de la santé publique à l’OMS.

Pathologies graves

Les résultats de l’étude portant sur l’année 2012 montrent, selon le Dr Neira, que «les risques dus à la pollution de l’air sont désormais plus importants qu’on ne le pensait, en particulier en ce qui concerne les cardiopathies et les accidents vasculaires cérébraux». Actuellement, environ 2,9 milliards de personnes dans le monde vivent dans des foyers où l’on utilise le bois, le charbon ou la biomasse pour la cuisson. Le recours massif au diesel est aussi dénoncé par l’OMS.

Les pathologies les plus fréquentes dues à la pollution de l’air sont les maladies pulmonaires, les maladies cardiovasculaires et les cancers. L’étude de 2012 montre qu’il y a un lien plus fort que supposé entre la pollution de l’air et les maladies cardiovasculaires. Mais de nombreuses inconnues demeurent pour expliquer comment cette pollution peut, au-delà des tissus pulmonaires, léser le système cardiovasculaire.

Coupables identifiés

C’est précisément sur cette question que se sont penchés des chercheurs de la London School of Hygiene and Tropical Medicine. Ils viennent de publier les résultats de leurs travaux dans la revue Heart1. Le mystère n’est pas totalement levé: leur étude n'a trouvé aucune preuve claire du lien entre la pollution et le risque de crise cardiaque ou d’AVC. En revanche, des liens significatifs ont pu être mis en évidence entre la pollution atmosphérique et l’arythmie cardiaque, la fibrillation auriculaire et l’embolie pulmonaire. Et les coupables ont été identifiés: ce sont des microparticules déjà bien connues pour pénétrer au plus profond des tissus de l’appareil pulmonaire.

Les conclusions publiées dansHeartprécisent par quelles voies les polluants atmosphériques peuvent avoir des effets cardiaques. Et contrairement à ce qui pouvait être imaginé par les spécialistes, la pollution ne joue pas ici par l’intermédiaire des mécanismes de la coagulation sanguine mais par d’autres voies (dites «non-thrombotiques»).

Particules fines

Dirigé par Ai Milojevic et Shakoor Hajat, le travail publié dansHearta été réalisé à partir de trois registres britanniques, qui ont permis de constituer une vaste base de données: 400 000 crises cardiaques, plus de deux millions d'entrées en urgence pour événements cardio-vasculaires et 600 000 décès par maladie cardio-vasculaire ont ici pu être pris en compte. Les données concernant la pollution atmosphérique ont quant à elles été obtenues à partir des stations de surveillance les plus proches des lieux de vie des patients. Elles comprenaient les concentrations de monoxyde de carbone, de dioxyde d'azote, de dioxyde de soufre et d'ozone ainsi que des «particules» présentes en suspension dans l’air pollué (PM10 et PM2.5).

Les chercheurs ont ainsi pu prendre en compte les crises cardiaques, les AVC, la maladie cardiaque ischémique, l’embolie pulmonaire, la fibrillation auriculaire, l’arythmie et l’insuffisance cardiaques. Il apparaît que le principal lien entre les décès prématurés par maladie cardio-vasculaire et pollution atmosphérique réside dans l’exposition aux particules fines de type PM2.5. Une exposition à des taux élevés de ces particules apparaît ainsi statistiquement associée avec l’arythmie, la fibrillation auriculaire et l’embolie pulmonaire. Cette association est particulièrement forte chez les personnes âgées de plus de 75 ans ainsi que chez les femmes.

Dioxyde d’azote

Mais les chercheurs montrent aussi que le dioxyde d'azote est associé à un risque accru d'hospitalisation pour diverses anomalies cardiovasculaires. Ce même dioxyde d'azote est associé à un risque accru d'hospitalisation pour infarctus du myocarde. Ce travail vient confirmer les résultats d’une autre étude européenne (dite «Escape»). Publiée début 2014 sur le site BMJ.com (voir ici), elle établissait l’existence d’une association entre pollution et anomalies coronariennes pouvant provoquer des crises d’angor ou des infarctus du myocarde – et ce même à des niveaux situés en-deçà des limites européennes actuelles.

La limite annuelle actuelle dans l’Union européenne pour les particules de diamètre <2,5 micromètres (PM2.5)  est de 25 µg/m3, bien supérieure à la limite américaine (12 µg/m3) et à celle recommandée par l’OMS (10 µg/m3).

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1. Le texte complet (en anglais) de cette étude est disponible ici

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