Virilité ou chevelure? Il faut (parfois) choisir!

Dernière mise à jour 25/07/12 | Article
Calvitie
C’est bien cruel mais c’est ainsi: l’un des traitements les plus connus contre la calvitie peut conduire à une impuissance permanente; qui plus est accompagnée d’un rétrécissement des parties génitales. Comment trancher?

De la prostate et du cuir chevelu, aller et retour. Le finastéride est une molécule que l’on trouve sous de multiples présentations et dénominations commerciales (treize en Suisse). La plus connue est Propécia, commercialisée par la multinationale pharmaceutique américaine Merck. Cette médication orale fut tout d'abord connue sous la forme de Proscar (5 mg de finastéride par comprimé) utilisé pour le traitement de l’hyperplasie prostatique. L’observation, que les hommes à la fois «dégarnis» et sous Proscar pouvaient, tout bien pesé, se dégarnir moins vite que les autres, avaient laissé imaginer un élargissement capillaire des indications de cette molécule. L’explication tenait au fait que le finastéride réduisait la transformation de l’hormone mâle en dihydrostérone (DHT) alors même que cette dernière est pour partie responsable de la «miniaturisation» puis de la disparition des cheveux.

Mais il fallait toutefois tenir compte des effets secondaires du finastéride (gonflement du volume des seins ou gynécomastie, changement de la consistance du sperme, ainsi que quelques rares troubles de l’érection avec baisse de la libido). Tenant compte de ces obstacles, la firme Merck devait mettre au point un nouveau conditionnement (1 mg de finastéride par comprimé) dénommé Propécia. Allait-on ainsi prévenir sinon guérir l’alopécie? Un état des lieux de la pratique est donné sur un site spécialisé de chirurgie et de capilliculture comme on peut le lire ici.

On y apprend que cette approche médicamenteuse était essentiellement destinée aux hommes jeunes, qui ont encore une réserve de cheveux importante. Et les chirurgiens spécialisés d’ajouter qu’elle étaitdevenue l’alliée idéale de la greffe de cheveux. En pratique: greffer la partie antérieure toit en traitant par finastéride la partie postérieure. L’analyse des résultats, deux mois après le début de la prise, montrerait une stabilisation de la perte ou une repousse chez 80% des patients, notamment au niveau du vertex plus qu’en zone frontale. Pour les 20% restant, on ne constate aucun résultat.

«Il semble bien que les nouveaux cheveux sont de volume, de couleur et de longueur équivalents aux cheveux sains», rapporte le site Hair Transplant Surgery. «Il arrive souvent que les patients méconnaissent qu’une stabilisation de la chute des cheveux est déjà un succès. Si les patients prennent du finastéride depuis six mois ou plus et qu'ils stoppent le traitement, ils auront fréquemment une perte de cheveux importante. Il s’agit de l’anéantissement de tous les bénéfices de la cure. Le patient se retrouve dans la situation où il aurait été s’il n’avait pas pris le finastéride. Malheureusement, reprendre la cure provoquera simplement une nouvelle stabilisation de la chute.»

Pour ce qui est de «l’effet finastéride», il  resterait plus ou moins d’actualité. Et une nouvelle étude vient compléter le tableau. Le Propecia pourrait entraîner une impuissance permanente et rétrécir les parties génitales, selon les conclusions de cette étude publiées dans l’édition du 12 juillet du Journal of Sexual Medicine.

Le site http://www.santelog.com/ rappelle sur ce thème qu’en avril dernier, la Food and Drug Administration américaine avait décidé d'élargir, sur les notices, la liste des troubles sexuels liés à l’utilisation du Propecia (finastéride 1 mg) et du Proscar (finastéride 5 mg) connus depuis 2010; des effets indésirables qui peuvent demeurer même après l’arrêt du médicament. Selon la multinationale pharmaceutique Merck, ces effets secondaires sont connus mais leur incidence seraient rares (1,8% pour la perte de la libido et 1,3% pour la dysfonction érectile).

La nouvelle étude a été menée par le Dr Michael S. Irwig, chercheur de l'Université George Washington. Elle ne porte que sur un très petit échantillon: 54 hommes, âgés de moins de 40 ans, qui ont tous fait l'expérience, après finastéride, de la persistance des troubles sexuels (au moins 3 mois après l’arrêt du traitement). Ces volontaires ont été recrutés par l'intermédiaire d'un site lancé par des hommes eux-mêmes victimes de ces effets secondaires d'ordre sexuel. L’auteur rappelle que d’autres études avaient déjà montré la persistance des effets secondaires d’ordre sexuel, il souhaitait ici mesurer l’évolution, durant 14 mois en moyenne, de la dysfonction sexuelle de ces patients au fil du temps. La fonction sexuelle des participants était évaluée selon l'échelle Arizona Sexual Experience (ASEX) soit 5 questions sur les principaux éléments de mesure de la fonction sexuelle, la libido, l’excitation, la fonction érectile, la capacité à atteindre l'orgasme ainsi que la satisfaction liée à l'orgasme.

L’étude constate que les effets secondaires sexuels sont toujours présents à la fin de l’étude chez 96% des sujets et 89% des sujets répondent toujours à la définition de la dysfonction sexuelle. La persistance des troubles sexuels apparaît comme indépendante de la durée d'utilisation du finastéride. Les participants déclarent en outre:

  • un changement de la qualité et du volume du sperme (11%);
  • un changement dans la taille du pénis, dans sa courbure ou une sensibilité réduite (19%);
  • une diminution des érections spontanées (9%);
  • un changement dans la taille des testicules ou une douleur testiculaire (15%);
  • un changement d’ordre mental et/ou des symptômes dépressifs (17%).

Cette étude ne permet pas de préciser (compte-tenu de son faible échantillon) durant combien de temps ces effets persistent et si certains d’entre eux ont été exagérés, sur-déclarés ou si, en réalité, leur incidence est extrêmement faible. Elle insiste surtout pour qu’au minimum les personnes soient pleinement informées des effets indésirables possibles de ce traitement de la calvitie sur la fonction sexuelle. C’est bien le moins et l’on est surpris d’observer qu’il faille encore rappeler cette évidence démocratique et de bon sens.