Moins de rides grâce à la thérapie cellulaire?

Dernière mise à jour 11/01/16 | Article
Moins de rides grâce à la thérapie cellulaire?
Moins de rides grâce à la thérapie cellulaire? Un traitement contre les rides plus «naturel» et durable, utilisant les techniques de la chirurgie réparatrice destinées aux grands brûlés, c’est ce que laisse espérer une étude américaine. Révolution ou utopie?

Les rides, ah les rides! En attendant qu’elles reviennent à la mode comme les cheveux blancs, elles se doivent pour l’heure d’être le plus discrètes possible. Comment faire? Les visages figés au Botox ne plaisent plus autant, on se méfie des injections en tout genre. Une équipe américaine a mené une étude en double aveugle sur un traitement cellulaire à base de fibroblastes1. Ces cellules du tissu conjonctif constituent en quelque sorte le support physique de la peau, elles lui confèrent son élasticité et sa fonctionnalité. Dans la technique utilisée, les fibroblastes autologues sont donc cultivés à partir d’un prélèvement fait sur le patient lui-même, puis réinjectés dans les rides. L’amélioration serait significative. Les chercheurs parlent d’une nouvelle étape dans les thérapies esthétiques. Est-ce bien le cas? Réponses avec la professeure Lee Ann Laurent-Applegate, de l’unité de thérapie régénérative au service de chirurgie plastique du Centre hospitalier universitaire vaudois à Lausanne.

Vous êtes spécialiste de thérapie cellulaire, utilisée notamment pour les grands brûlés. Le traitement des rides avec des fibroblastes autologues relève-t-il des mêmes techniques?

Lee Ann Laurent-Applegate: Il s’agit du même type de cellules et des mêmes techniques que nous utilisons depuis une trentaine d’années pour sauver des vies. L’instance américaine de contrôle des médicaments, la FDA, a approuvé ces thérapies pour le traitement contre les rides en 2011. Swissmedic suivra probablement. Alors que nous devons faire face à des tracasseries administratives sans fin et à un constant manque de fonds, l’industrie cosmétique ne semble pas avoir ce genre de problèmes. Peut-être que cela nous sera profitable in fine!

Les traitements de comblement des rides doivent être répétés régulièrement. En utilisant des cellules vivantes, le résultat sera-t-il plus durable?

Non, c’est exactement la même chose que l’utilisation de graisse prélevée dans un autre endroit de l’organisme. Les cellules injectées sont vivantes mais ne se reproduisent pas. L’injection de ces cellules induit une irritation qui stimule les tissus, tout comme avec d’autres produits de comblement.

L’utilisation de cellules autologues améliore-t-elle la sécurité?

On pourrait l’imaginer, mais le processus de culture démontre plutôt le contraire. Les fibroblastes sont cultivés à partir de cellules prélevées derrière l’oreille, peu propices à cette utilisation. Il faut trois mois pour obtenir la quantité nécessaire à l’intervention. C’est un laps de temps énorme, qui pose un problème de sécurité biologique. Le produit final court plus de risques d’être contaminé. Pour nos grands brûlés, nous cultivons les cellules du patient en quatorze jours! On peut aussi utiliser d’autres types de cellules, plus stables et accréditées pour la clinique, à partir de cellules de peau fœtale ou du prépuce par exemple. Il faut savoir que, avec un centimètre carré de peau, on obtient assez de cellules pour les cinquante prochaines années, soit pour des centaines de millions de patients.

Vous utilisez ces cellules pour guérir des plaies, n’est-ce pas le même processus pour redonner du tonus à une peau vieillie?

Non, car les injections pour combler les rides se font sur une zone saine, alors que nous utilisons cette technique pour stimuler les cellules restantes d’une plaie. Un endroit de la peau où un travail de reconstitution est déjà en cours.

Estimez-vous que cette technique marque une avancée dans les thérapies esthétiques?

Pas franchement: l’amélioration est de 33% dans le meilleur des cas, c’est-à-dire pour le comblement de rides fines, et de 19% pour les sillons plus profonds. C’est vraiment très subjectif. En regardant les photos, je n’ai pas eu l’impression d’une grosse différence. Mais ce qui importe, c’est la façon dont le patient se voit.

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1. Smith SR et al., Dermatol Surg, 2012.

   

  

    

Extrait de :

Check-Up. Les réponses à vos questions santé
de Marie-Christine Petit-Pierre
Ed. Planète Santé / Le Temps, 2014