Insémination avec sperme de donneur

Dernière mise à jour 18/07/11 | Article
spermatozoïdes
Le don de sperme demeure la seule solution pour avoir un enfant chez certains couples. Lumière sur cette technique qui soulève beaucoup de questions légales, financières et techniques.
CHUV

Un article de l'Unité de médecine de la reproduction
repris depuis le site du CHUV

Les questions des couples 

Le don de sperme peut être le seul moyen pour un couple dont l’homme est infertile. Il permet au père légal de vivre la grossesse de son épouse et la naissance de l'enfant. Le couple participe dès la survenue de l’enfant à son développement et à son éducation. Il est clair que le recours à des inséminations par sperme de donneur (IAD) n’est pas une démarche facile et certains couples préfèreront, malgré les nombreuses difficultés, se diriger vers l’adoption.

La section 4 de la loi sur la procréation médicalement assistée (LPMA), entrée en vigueur le 1er janvier 2001, spécifie les conditions dans lesquelles le don de sperme doit être appliqué. Actuellement en Suisse, très peu de centres pratiquent le don de sperme. L’UMR (Unité de médecine de la reproduction du CHUV, Lausanne)  et le CPMA (Centre de Procréation Médicalement Assistée, Lausanne) sont les seuls centres en Romandie à offrir aux couples cette méthode de procréation médicalement assistée. Les autres principaux centres suisses sont situés dans les cantons de Schaffouse, Bâle, Berne et du Tessin. Le donneur de sperme est anonyme pour les futurs parents. Toutefois, l’enfant à naître peut à sa majorité connaître, s'il le désire, l’identité du donneur. La majorité des pays Européens n’offre pas cette possibilité aux enfants issus de don de sperme excepté les pays du Nord de l’Europe. Toutefois la tendance est en train de se renverser, par exemple, l’Angleterre et la Hollande ont décidé de lever l’anonymat du donneur. Rappelons encore que l’Italie s’est dotée d’une loi extrêmement contraignante où le don de sperme est interdit. Enfin, l’équivalent féminin qui est le don d’ovule est interdit en Suisse par la LPMA.

La découverte de l’ICSI ('injection intra-cytoplasmique d'un spermatozoïde) a permis de réduire le nombre de couples devant recourir à une insémination par sperme de donneur, toutefois il existe encore plusieurs indications au don de sperme:

Les azoospermies sécrétoires (absence de spermatozoïde dans les testicules).

Si le couple renonce à recourir à l’ICSI du fait d’échecs répétés ou pour des raisons personnelles (financières, éthique, etc.).

Si le conjoint est porteur d’une maladie génétique qui serait susceptible d’être transmise à l’enfant. Le diagnostic préimplantatoire est interdit en Suisse.

Si le conjoint est porteur d’une maladie sexuellement transmissible grave comme par exemple le HIV qui serait susceptible d’être transmise à la mère et à l'enfant et le couple renonce à recourir à un ICSI ou une insémination après lavage du sperme dans un laboratoire spécialisé dans les infections.

Qui peut bénéficier du don de sperme ?

En Suisse, seul un couple marié peut bénéficier du don de sperme (Art.3 Al.3, LPMA). Le bien-être de l’enfant est l’élément clé autour duquel la loi s’est articulée. En cas de décès ou divorce, la sécurité de l’enfant est assurée. Les membres du couple doivent êtres capables de discernement, les femmes âgées de plus de 18 ans et moins de 42 ans (exceptionnellement jusqu’à 45 ans) et les hommes âgés de plus de 18 ans et moins de 60 ans.

Quelle procédure suivre ?

Une fois la décision prise, il faut contacter votre gynécologue ou directement l’UMR. Votre gynécologue pourra, s’il le désire, effectuer les premiers examens dans le dessein de constituer le dossier en vue d’une IAD. Une fois ces examens effectués, le dossier est validé par un membre de l’unité. Si toutes les conditions sont réunies, un dernier entretien avec un médecin spécialisé de l’unité permettra de répondre à vos éventuelles questions. Un « contrat » sera alors signé par les deux membres du couple. Par cette signature vous cautionnez le fait que vous avez pris connaissance de la LPMA et que vous en acceptez les modalités. Le donneur sera attribué et les inséminations pourront commencer.

Quels examens médicaux faut-il faire ?

Chez la future mère:
- Les sérologies rubéoles, hépatites B et C, HIV, CMV, Syphilis.
- Un bilan hormonal.
- Le groupe sanguin.
- Une hystérosalpingographie (= radiographie des trompes et de l’utérus).

Chez le futur père: 
- Le groupe sanguin.
- Les sérologies HIV, hépatites B et C.

Chez le couple:
Un entretien psychologique sera obligatoirement effectué. Cet entretien à pour but d’évaluer vos ressources, de vous faire réfléchir sur la notion du secret et de répondre à toutes les questions que vous aimeriez poser. Si vous le désirez, il est possible de participer à des réunions en groupe pour les patients concernés par le secret et l’IAD.

Comment le donneur est-il attribué ?

Le donneur est attribué selon son groupe sanguin et ses caractéristiques physiques qui sont le poids, la taille, la couleur de la peau, des cheveux et des yeux.

Combien coûte une IAD ?

L’assurance de base prend en charge les frais inhérents à trois inséminations (franchise et participation aux frais exclus). Douze cycles de stimulations sont théoriquement à la charge des caisses. Toutefois dans le but d’éviter les malentendus, le médecin de l’unité écrira au médecin-conseil de la caisse concernée pour que celle-ci confirme la prise en charge du traitement tout en respectant le secret vis-à-vis de l’origine du sperme. Pour des raisons essentiellement de confidentialité, vous recevrez à domicile une facture concernant les paillettes de sperme dont vous devrez vous acquitter sans la transmettre à l’assurance. Les paillettes sont facturées 300.-CHF. Dès la quatrième insémination, un forfait de 735.-CHF comprenant les frais inhérents exclusivement à l’insémination et les paillettes vous sera facturé.

Comment se déroule une insémination ?

Le principe consiste à placer l’échantillon de sperme dans la cavité utérine en passant par le col de l’utérus au moment de l’ovulation. Votre médecin déterminera le moment de l’ovulation et par conséquent le jour de l’insémination. Pour ce faire, trois méthodes sont disponibles: l’échographie vaginale avec la mesure du follicule, la prise de sang et les tests urinaires.

Une stimulation par comprimés ou injections quotidiennes sous-cutanées pourra être prescrite selon votre situation. L’insémination ne dure que quelques minutes, se pratique comme un examen gynécologique et n’occasionne aucune douleur. Après un repos de 5 à 15 minutes, vous pourrez reprendre votre activité normale.

Comment puis-je être sûre que le sperme utilisé ne présente aucun danger de transmission de maladies sexuellement transmissibles ?

Toutes les précautions sont prises pour limiter au maximum le risque de contamination par des maladies sexuellement transmissibles. L’ordonnance fédérale sur le contrôle des transplants spécifie les examens à effectuer. Pratiquement, une fois le don réalisé, le sperme du donneur est lavé puis congelé. Il est conservé dans des paillettes. Le donneur est contrôlé tous les trois mois (pour les détails des examens pratiqués, voir "Du côté du donneur") et ce n’est qu’après deux examens négatifs que le sperme pourra être utilisé.

Du côté du donneur

Nous avons besoin de donneur. Par vos dons, vous permettez à des couples souffrant d’une infertilité définitive de retrouver l’espoir et le bonheur. Vous permettez à des femmes de vivre une grossesse tant désirée. N’hésitez pas à nous contacter par mail, téléphone, nous répondrons à toutes vos questions.

Qui peut être donneur ?

Tous les hommes âgés de 18 à 50 ans (exceptionnellement 55 ans) capables de discernement peuvent donner leur sperme. Il ne faut pas être porteur de maladies sexuellement transmissibles (HIV, hépatite, syphilis etc.) et ne pas présenter de maladies génétiques. En Suisse, les hommes n’ont pas besoin d’avoir déjà des enfants ni d’être marié. Le donneur doit avoir pris connaissance des articles de loi de la section 4 de la LPMA et en accepter les modalités. Il ne peut donner son sperme qu’à un seul centre.

Est-ce que le don de sperme est anonyme ?

En Suisse la LPMA (art 27) spécifie que l’enfant à sa majorité peut connaître, s’il le désire, l’identité du donneur. Toutefois le recours en paternité contre le donneur est exclu. Le père légal de l’enfant est l’époux de sa mère (art 23). Ceci signifie que l’enfant n’a aucun droit vis-à-vis du donneur et que ce dernier n’a aucun devoir vis-à-vis de l’enfant. Le donneur ne peut connaître l’identité des couples bénéficiant de ses dons et vice-versa.

Combien d’enfants au maximum peuvent être issus de mes dons ?

Un donneur peut donner naissance à 8 enfants au maximum.

Quel est le déroulement?

Comptez 30 minutes pour la première consultation avec le médecin. Ce dernier vous expliquera en détail les modalités concernant le don de sperme. Il répondra à toutes vos questions. Si vous désirez continuer la procédure, votre histoire médicale vous sera demandée et le médecin s’assurera que vous répondez aux critères requis. Un exemplaire de la LPMA, section 4, vous sera remis. Si toutes les conditions sont remplies, vous signerez un contrat certifiant que vous avez pris connaissance des informations données et que vous acceptez de transmettre votre identité à l’enfant majeur en faisant la demande à l’Office Fédéral de l’Etat Civil. Une fois le contrat signé, vos coordonnées seront relevées à savoir le nom, prénom, date de naissance, adresse, formations et critères physiques (poids, taille, couleur des yeux, des cheveux et de la peau). Vous choisirez un nom de code. Ce nom de code vous permettra de rester anonyme vis-à-vis du personnel que vous côtoierez. A ce nom de code sera associé un numéro et les couples ne pourront accéder qu’à ce numéro. Toutes vos coordonnées personnelles sont conservées dans un coffre-fort auquel seul le médecin responsable de la banque et  le médecin-chef de l`UMR ont accès. Une fois l’entretien terminé, une visite du laboratoire et de la salle, où s’effectueront vos dons, est prévue. Vous n’avez pas à donner votre sperme le même jour.

Que se passe-t-il après l’entretien ?

Vous devez effectuer un premier don de sperme qui nous permettra de juger si ce dernier est de qualité suffisante pour supporter la congélation. Si les propriétés du sperme sont bonnes, vous pourrez continuer à donner, à raison théoriquement, d’une fois par semaine. Il est clair que vous pourrez donner au rythme qui vous convient. Toutefois le nombre minimum de dons à prévoir est de 20 (de préférence 40). Si vous donnez une fois par mois, il faudra attendre environ 2 ans avant d’atteindre le but. Une prise de sang et une culture d’urine à la recherche de maladies sexuellement transmissibles (MST) seront effectuées tous les trois mois environ.

Quels sont les examens effectués ?

Les examens urinaires et sanguins ont pour but de réduire au minimum le risque de transmission de MST et de maladies génétiques.

Recherche génétique

Un caryotype (=contrôle de la forme et du nombre des chromosomes) sera effectué lors d’une prise de sang. Nous rechercherons si vous êtes porteur de la mucoviscidose (=maladie grave touchant en particulier les poumons et le pancréas). Tous les trois mois, une prise de sang et une prise d’urine seront demandées.

Maladies recherchées
dans le sang :
HIV1 et 2, hépatite B, C, HTLV I et II, CMV, herpès, syphilis.
dans l’urine :
Chlamydia, mycoplasmes, culture à la recherche de germes pathogènes.

Suis-je payé pour donner mon sperme ?

Le don de sperme est gratuit, il est assimilé en droit suisse à un transplant. Toutefois, le donneur peut être défrayé pour le déplacement et le temps passé à raison de 100-150 CHF selon le domicile.

Article original: http://www.chuv.ch/dgo/dgo_home/umr/dgo-fertilite/dgo_fer_prise_charge/dgo_fer_faq.htm

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