Alcool, tabac, cannabis: premières «ivresses» et maladies mentales

Dernière mise à jour 20/02/13 | Article
Alcool, tabac, cannabis: premières «ivresses» et maladies mentales
Les résultats convergent: les consommations précoces des principales substances responsables de dépendance augmentent le risque de maladie mentale. Nouvelle démonstration avec le cannabis.

L’information vient d’Australie et elle est publiée sur le site du British Medical Journal. On peut en prendre connaissance ici-même. Dirigés par Daniel F. Hermens et Ian B Hickie (Université de Sydney), les auteurs observent qu’un adolescent sur dix souffrant d’une forme ou d’une autre de maladie mentale est consommateur d’alcool, de tabac et de cannabis. Est-ce un hasard? Faut-il au contraire imaginer qu’il existe un lien entre ces consommations et les pathologies psychiatriques observées? Faut-il dans l’attente d’une démonstration définitive, prendre toutes les précautions possibles?

Les chercheurs australiens ont analysé les données de consommation concernant plus de deux mille cents jeunes et moins jeunes âgés de 12 à 30 ans. Les participants ont été recrutés à Camperdown, et dans une banlieue de Sydney. Tous étaient suivis par des services spécialisés dans l'évaluation et l'intervention précoce des problèmes de santé mentale chez les jeunes. Tous s’étaient portés volontaires et ont été enregistrés entre octobre 2007 et juin 2012. Un sous-ensemble d’un quart des participants a pris part à des recherches neurobiologiques plus spécialisées. Les diagnostics ont été portés sur la base du DSM4. Ont notamment été retenus les «dépressions», les «troubles bipolaires», les «anxiétés » (y compris les troubles obsessionnels compulsifs, les anxiétés généralisées, les agoraphobies,  les paniques et les phobies sociales), les «psychoses» (y compris la schizophrénie), ainsi que les déficits de l'attention avec hyperactivité ou les troubles de l’alimentation. Différentes informations ont aussi été colligées concernant les consommations hebdomadaires d'alcool, de tabac et de cannabis. Un sous-groupe a aussi été constitué qui a fourni des informations plus précises sur la consommation de boissons alcooliques.

La cause ou la conséquence?

Il ressort de ce travail que 12% des adolescents âgés de 12 à 17 ans consomment de l'alcool au moins une fois par semaine, 39% des adolescents âgés de 18-19 ans consomment de l'alcool au moins une fois par semaine (de même que près de la moitié des personnes de 20 à 30 ans). Les plus jeunes participants sont deux fois plus susceptibles de déclarer une consommation d’alcool par semaine, que ceux de la population générale. Une proportion importante des participants qui ont fourni des informations plus détaillées sur leur consommation d'alcool étaient des buveurs «à risque» et près de la moitié d’entre eux étaient atteints de «troubles bipolaires».

On apprend encore que 7% des adolescents ont déclaré avoir utilisé du cannabis au moins une fois par semaine. Les chiffres équivalents pour les deux autres groupes d'âge (18-19 ans et 20-30 ans) sont respectivement de 14% et de 18%. Les plus jeunes des participants sont nettement plus susceptibles de fumer quotidiennement du cannabis que de boire de l’alcool. Près d’un quart des adolescents les plus jeunes consomment quotidiennement du tabac. Cette proportion passe à 36% chez les 18-19 ans et à 41% chez les 20-30 ans. On apprend enfin que l’expérimentation de ces substances commence en moyenne à l’âge moyen de 15 ans.  Les adolescents utilisant l’une au moins de ces trois substances psycho-actives sont plus susceptibles de souffrir de troubles psychotiques ou bipolaires que les autres.

Pour les auteurs l’usage de ces substances et la présence d’un trouble mental est un phénomène qui ne peut pas ne pas être remarqué. Et ceci est tout particulièrement remarquable pour la tranche d’âge 12-17 ans. Aussi plaident-ils pour un rapprochement des services de santé mentale et d’addictologie. Ils ne répondent toutefois pas à la question de savoir si ces consommations sont la cause des troubles mentaux ou si elles en sont la conséquence. Plus généralement, elles soulèvent la somme des questions relatives aux addictions et à l’adolescence.

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