Cette année, c’est décidé: j’arrête de fumer

Dernière mise à jour 14/01/13 | Article
Cette année, c'est décidé: j'arrête de fumer
Le tabagisme est la première cause de mortalité évitable en Suisse. Mais arrêter la cigarette, ça se prépare. Conseils de spécialistes.

Arrêter de fumer n’est pas un simple exercice de volonté. La dépendance à la cigarette entraîne des modifications de la structure du cerveau, ce qui rend le sevrage difficile. Plus exactement, elle altère la communication entre les neurones qui se «parlent» en s’envoyant des messages chimiques par l’intermédiaire des synapses. C’est à ce niveau qu’un certain brouillage intervient. «La nicotine stimule le circuit de récompense dans le cerveau. Si bien qu’une personne qui arrête de fumer se retrouve en manque», résume le Pr Jacques Cornuz, directeur et médecin-chef de la Policlinique médicale universitaire (PMU) de Lausanne, spécialiste du sevrage tabagique.

Il vaut mieux donc se préparer, intégrer le fait que l’arrêt de la cigarette va de pair avec l’apparition de certains troubles. Puis relativiser, et reconnaître les nouveaux avantages qu’apporte la fin de la dépendance. «Je crois que c’est le point le plus important: réussir à quitter sa “meilleure ennemie”, reprend le spécialiste. Les gens qui ont arrêté de fumer sont particulièrement soulagés d’avoir retrouvé leur indépendance. Ils n’ont plus besoin de planifier leur journée en fonction de la cigarette, de prévoir un endroit où il leur sera loisible de fumer.»

Une affaire de préparation

Première règle d’or: ne pas se précipiter. Quelqu’un qui fume depuis vingt ans n’est pas à deux semaines près. Avant d’arriver au «quit day» (jour de l’arrêt) il est important de comprendre quelle place occupe la cigarette dans sa vie: est-ce que je fume pour des raisons sociales, pour le plaisir, en cas de stress? Dans ce dernier cas, il faut savoir que le stress fait ressentir le besoin de nicotine. Le soulagement induit par le tabac à ce moment est dû

non pas à son effet calmant – la nicotine est plutôt un stimulant –, mais à l’arrêt du manque.

Il faut aussi s’interroger sur les raisons qui poussent à vouloir arrêter. Est-ce pour préserver sa santé (le tabagisme fait chaque année, en Suisse, quelque 9000 morts1 et est la première cause de mortalité évitable), pour éviter de nuire à son entourage, pour garder une belle peau? «J’ai eu un patient qui a souhaité arrêter car son chien, qui l’accompagnait partout en voiture, avait eu un cancer du poumon», se souvient Jacques Cornuz.

Anticiper les situations qui favorisent la rechute

Une fois cet état des lieux établi, il est important d’anticiper les situations à risque après l’arrêt du tabac. Les rechutes ont le plus souvent lieu en présence d’autres fumeurs et en présence d’alcool. Sans compter que les tentations ne sont pas les mêmes selon les sexes. «Souvent, les femmes rechutent pour essayer de gérer des émotions négatives, alors que les hommes reprennent la cigarette en vivant des émotions positives, comme la victoire de leur club de foot. L’important, si une rechute se produit, c’est de la considérer comme une étape, un apprentissage, et non comme un échec», souligne le Pr Cornuz.

Arrêter sans trop d’effort, c’est le souhait de tout fumeur, mais en général, il a besoin d’une aide. Le smédicaments sont très utiles, que ce soit les antagonistes de la nicotine et les antidépresseurs ou, plus généralement, les substituts nicotiniques (patchs, gommes, comprimés ou produits à inhaler). «Nous prescrivons parfois plusieurs produits conjointement, et nous les faisons tester au patient avant l’arrêt du tabac, explique encore Jacques Cornuz. Nous voyons un taux de réussite de 3 à 5% dans les arrêts non préparés, de 5 à 10% avec préparation et conseils, de 15 à 20% si l’on adjoint les médicaments, et de 25 à 30% si l’on ajoute encore un suivi régulier.»

La cigarette électronique, une révolution?

Mais l’arrivée de la cigarette électronique va sans doute changer considérablement la donne, car il est probable que l’administration de nicotine sans les produits liés à la combustion du tabac soit sans risque. Pour Jean-François Etter, directeur et initiateur du site www.stop-tabac.ch, si l’innocuité de la cigarette électronique se confirmait, il s’agirait d’une invention majeure pour lutter contre le tabagisme: «La cigarette électronique procure une quantité substantielle de nicotine, des arômes de tabac, la gestuelle, une vapeur visible. Elle provoque aussi une sensation particulière lors du passage de la nicotine dans la gorge, comme un grattement, qui est suivie par une libération de dopamine dans le cerveau. Les vapoteurs, soit les utilisateurs de cigarettes électroniques, le décrivent très bien.»

Pour l’instant toutefois, les chercheurs manquent de données sur la toxicité potentielle de cette cigarette, mêmes i les ingrédients qui la composent (propylène glycol ou de glycérol), sont utilisés depuis longtemps dans les médicaments et les aliments et sont considérés comme sûrs. En Suisse, on ne peut pas vendre de cigarettes électroniques contenant de la nicotine. La consommation se fait donc au risque de l’utilisateur.

Action de la nicotine sur le cerveau

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Note

1 Chiffre pour l’année 2007, source Office fédéral de la santé publique.

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