Parkinson: la stimulation cérébrale profonde est efficace pour traiter précocément les malades

Dernière mise à jour 19/02/13 | Article
Parkinson: la stimulation cérébrale profonde est efficace pour traiter précocément les malades
Une recherche médico-chirurgicale franco-allemande a permis de réaliser un progrès substantiel dans le traitement de la maladie de Parkinson.

Les résultats détaillés de ce travail sont publié dans le numéro daté du 14 février de la prestigieuse revue The New England Journal of Medicine. Ils concluent aux bénéfices thérapeutiques d’une technique récente mise au point en France (la stimulation cérébrale profonde) dès lors qu’elle est appliquée à des personnes souffrant de la forme débutante de cette affection dégénérative.

La maladie de Parkinson est la conséquence de la destruction (d’origine inconnue) de neurones situés dans une région spécifique du système nerveux central. Elle apparaît généralement entre 45 ans et 70 ans et se caractérise par une série de troubles moteurs particulièrement invalidants. Ils conduisent à un ralentissement général de la motricité, à une raideur progressive des membres ainsi qu’à des tremblements au repos. Elle peut être efficacement soignée par un traitement à base de L-DOPA. L’efficacité de ce médicament diminue toutefois avec le temps tandis que ses effets secondaires augmentent.

Une autre approche thérapeutique, neurochirurgicale, est possible. Il s’agit de la stimulation cérébrale profonde (SCP), efficace sur les symptômes moteurs de la maladie de Parkinson. Elle a été mise au point et développée en France. Il y a vingt ans, une équipe dirigée à Grenoble par les Prs Alim-Louis Benabid et Pierre Pollak  réalisait avec succès les premières tentatives chez l’homme, après des études menées chez des primate non-humains. La SCP est une intervention lourde et coûteuse aujourd'hui réalisée dans plusieurs services hospitalo-universitaires français et étrangers.

Cette intervention consiste à implanter deux électrodes dans une région cérébrale précise, le noyau sous-thalamique le plus souvent. Les électrodes sont ensuite reliées à un neuro-stimulateur implanté sous la peau au niveau de la région sous-claviculaire ou abdominale.

Les impulsions électriques générées par ce système vont interrompre les signaux cérébraux responsables des symptômes moteurs. La SCP permet d'obtenir les mêmes résultats que les traitements à base de L-DOPA, les effets secondaires en moins. Elle permet aussi de réduire notablement les prises médicamenteuses.

Les indications de la SCP demeuraient jusqu’ici très strictes: personnes atteintes de forme évoluée de la maladie sans trouble cognitifs ou psychiatriques. Soit moins d'un malade sur dix. 

Une première étude très préliminaire menée à Paris avait montré que l’intervention neurochirurgicale pouvait être envisagée à un stade plus précoce de la maladie (soit entre 4 ans et 10 ans après le début de l’affection).

Aujourd’hui, les résultats de l’étude Earlystim confirment pleinement cette avancée. Cette étude a été effectuée sur 251 patients souffrant de la maladie de Parkinson depuis sept ans en moyenne. Huit centres français et neuf centres allemands ont été associés.

Les malades ont été divisés en deux groupes: l’un traité par stimulation cérébrale profonde et l’autre par traitement médicamenteux.

Après deux ans de suivi, les résultats montrent que les patients opérés ont une amélioration significative de leur qualité de vie (de plus de 26%) par rapport aux patients traités médicalement. Leurs capacités motrices sont également améliorées de même que leur humeur, leurs activités de la vie quotidienne et leur adaptation psychosociale. Aucune différence n’a toutefois été notée pour la diminution des fonctions intellectuelles globales. Les personnes opérées plus tôt dans la progression de leur maladie supportent beaucoup mieux le choc opératoire.

Ce travail a été coordonné en France par le Pr Yves Agid (Institut du Cerveau et de la Moelle épinière) et en Allemagne par le Pr Günther Deuschl (Département de neurologie de Kiel). Il a été financé par les ministères allemand et français de la recherche ainsi que par la firme spécialisée américaine Medtronic.

Article original: http://www.slate.fr/lien/68325/parkinson-stimulation-cerebrale-profonde

Articles sur le meme sujet
LMD_prevenir_parkinson_gène

Prévenir la maladie de Parkinson grâce à un gène?

Une équipe de recherche de l’Université de Genève a identifié un gène impliqué dans la protection des neurones contre la maladie de Parkinson. Une découverte qui pourrait potentiellement mener au développement d’un traitement.
parkinson_appendice_mire

Maladie de Parkinson, l’appendice en ligne de mire

Une étude de grande ampleur est venue confirmer l’implication de l’appendice dans la survenue de la maladie de Parkinson. Un nouvel argument qui renforce l’hypothèse du lien entre système digestif et système nerveux dans cette maladie dégénérative.

Les vertus insoupçonnées des patchs à la nicotine

Ces outils destinés au sevrage tabagique pourront-ils, demain, être utilisés à des fins neurologiques?
Videos sur le meme sujet

Le rôle des hormones féminines dans la maladie de Parkinson

Les hormones féminines pourraient expliquer pourquoi la maladie de Parkinson touche davantage les hommes que les femmes.

Stopper les tremblements grâce aux ultrasons

Les hôpitaux universitaires de Genève (HUG) proposent une nouvelle méthode pour calmer les tremblements chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson.

Les avancées sur la maladie de Parkinson

Plus de 10 millions de personnes vivent avec la maladie de Parkinson dans le monde.