Vous avez l’âge de votre cerveau. Et inversement

Dernière mise à jour 31/07/12 | Article
Le cerveau
Grand nombre de jeux vidéo proposent d’évaluer l’âge de notre cerveau, tout en se targuant de nous fournir les clés de son rajeunissement. Alors info ou intox?

Que ce soit sur un téléphone portable, à travers une console, ou encore en ligne, ces jeux auraient par exemple le pouvoir de révéler à une femme de 65 qu’elle a le cerveau d’un enfant de 13 ans, et inversement! Pour le Professeur Jean-François Démonet du Service de neurologie du CHUV, tout ceci n’est qu’une illusion.

C’est la notion de quotient intellectuelle qui la première est  venue embrouiller le grand public. En 1959, apparait le test de Wechsler visant à identifier les enfants dotés d’une intelligence supérieure. De là, sans valeur scientifique particulière, différentes théories sont apparues, et le concept d’âge mental est entré dans la pensée collective. «En somme, la notion est passée dans la culture populaire sans que toutes ces approximations soient sous-tendues par une quelconque réalité», remarque le Pr. Démonet.

Un esprit sain dans un corps sain

Sous-entendre que le cerveau aurait une évolution différenciée de celle de l’humain dans son entièreté n’a en effet aucun sens. Il n’existe de fait aucune façon réelle de l’empêcher de vieillir. Il est en revanche possible de le garder alerte, par le biais d’activités communes. «La santé du cerveau vieillissant s’entretient autant en faisant son jardin ou en apprenant un nouveau point de tricot, qu’en faisant des casse-tête. Les preuves expérimentales qui montreraient l’intérêt de faire ce genre d’activité sont basées sur des présupposés extrêmement fragiles, pour ne pas dire fallacieux», continue l’expert.

Si le cerveau «vieillit», c’est tout simplement sous l’influence du vieillissement naturel de l’être humain, ou du fait de pathologies associées à l’âge. Quant à vouloir faire en sorte qu’il reste le plus éveillé possible malgré le poids des ans,  la solution existe: «l’hygiène du cerveau est la même que celle du cœur», explique le Pr. Démonet. De fait, tout ce qui est bon pour le cœur l’est aussi pour le cerveau. Ainsi, prévenir le sédentarisme, l’obésité, ou les facteurs de risques cardio-vasculaires (hypertension, diabète, hypercholestérolémie), est la seule vraie méthode à employer.

«Il n’y pas de dissociation entre notre vie et celle de notre cerveau, réaffirme l’expert. Apprendre un nouvel itinéraire, ou faire quelconques activités, tout cela a au moins autant d’intérêt pour la santé que je ne sais quel jeu sur ordinateur».

La réalité augmentée

Le neurologue ne tient pas pour autant à diminuer les mérites des interfaces informatiques. Celles-ci permettent en effet d’accomplir des actes impossibles pour certains dans la vraie vie, et ce, en particulier quand une personne connaît des limitations pour des raisons articulaires.

«Les personnes atteintes de coxarthrose par exemple, qui ne peuvent plus faire de ski ou de tennis, retrouveront ce plaisir grâce à ces nouvelles consoles interactives», se réjouit le Pr. Démonet.

C’est la magie de la réalité augmentée: lorsque l’ordinateur augmente la portée de gestes minimes. L’interface procure alors une sensation de mouvements qui n’est pas la réalité de mouvements effectivement réalisés par nos articulations et nos muscles. Le retour visuel ou auditif, en revanche, est beaucoup plus fort par rapport à l’effort musculaire produit. Et c’est en ce sens que certains jeux vidéo ont un réel intérêt. «Subitement, on se sent transporté et l’on bouge dans un espace virtuel où les conséquences de nos actes sont augmentées. Tout cela a un  impact important sur la vie cérébrale. En effet, le cerveau se retrouve à mimer en lui-même l’acte qui va être effectué, et cela est d’autant plus intéressant lorsque le sujet a une sensation d’immersion dans le «jeu». Il se sent subitement responsable des actions dont il voit les conséquences à l’écran».  A noter que les sportifs, par exemple, utilisent des jeux de ce type pour parfaire leur entrainement.

L’informatique a donc son intérêt dans l’évolution du cerveau humain, mais pas par le biais de ces nouveaux jeux mis en avant dans de nombreuses publicités.

Jouer aux échecs en ligne n’a par exemple aucun intérêt, alors qu’entamer une partie, face à face, avec un ami stimulera le contact social et de fait  notre cerveau. «La valeur de l’interaction sociale est bien plus grande que ce que l’on pense», souligne le Pr. Démonet.

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