Le vaccin contre la coqueluche pour les adultes aussi?

Dernière mise à jour 16/11/12 | Questions/Réponses
Le vaccin contre la coqueluche pour les adultes aussi?
Avec le mauvais temps, la toux revient. Si elle est très tenace chez un adulte, il s’agit peut-être de la coqueluche. Serait-il opportun de se faire vacciner?

Aux Etats-Unis, les autorités sanitaires ont rapporté une augmentation des cas de coqueluche. Et ce non seulement chez les petits enfants, mais aussi chez les ados et les adultes. En conséquence, la vaccination est désormais recommandée pour les adultes, ainsi que pour les femmes enceintes. En Suisse, où l’on répertorie quelque quatre mille cas de coqueluche par an, la Commission des vaccinations a déjà émis des recommandations allant dans ce sens au début de l’année. Le propos est de protéger les tout-petits d’une contamination par leur entourage. La maladie peut en effet être mortelle, et un bébé de deux semaines est récemment décédé des suites d’une coqueluche à Nyon. La vaccination contre cette maladie «enfantine» devient-elle nécessaire chez les adultes? Les explications du pédiatre et infectiologue Alessandro Diana, membre expert à Infovac, instance chargée de l’information des professionnels de la santé.

Y a-t-il une recrudescence des cas de coqueluche en Suisse?

Alessandro Diana: Disons plutôt que la coqueluche circule encore, malgré une bonne couverture vaccinale chez les enfants (95%). Comment est-ce possible? La Commission fédérale des vaccinations est arrivée à la conclusion que ce sont les «grands» enfants, et les adultes, qui constituent le réservoir de la bactérie responsable de la maladie. Les petits enfants sont contaminés par leur entourage car ils ne sont pas encore ou pas suffisamment vaccinés. Le risque perdure tant que leur couverture vaccinale n’est pas complète. Il faut donc vacciner les gens qui sont en contact avec les bébés de moins de 6 mois. La première catégorie concernée est celle des 25-30 ans, des adultes en âge d’avoir des enfants. La seconde, beaucoup plus large, est constituée des personnes qui entourent le bébé: nurse, personnel des crèches, personnel de santé, pédiatres, grands-parents, ado de la fratrie, etc.

N’est-ce pas un peu excessif de recommander la vaccination aux adultes?

On pourrait le penser, car, chez les enfants plus âgés et les adultes, la maladie est moins grave. Elle peut même passer inaperçue. D’ailleurs la coqueluche est certainement sous-diagnostiquée dans ces tranches d’âge. Pourtant, 40% des adultes ayant une toux persistante d’une durée de plus de deux semaines ont en fait la coqueluche. Si l’on recommande la vaccination, ce n’est pas pour protéger les adultes mais pour éviter une contamination des bébés, beaucoup plus vulnérables. Chaque année, quelque quatre-vingt nourrissons sont hospitalisés et mis sous assistance respiratoire, souvent pendant une période assez longue, en raison de la coqueluche.

Ne serait-il pas suffisant de traiter la maladie lorsqu’elle se déclare?

La coqueluche est difficile à traiter car les médicaments, des antibiotiques, n’agissent pas aussi rapidement que dans d’autres maladies. Les bébés ne peuvent plus respirer et il faut les hospitaliser. Cette latence assez longue a d’ailleurs été un argument pour renoncer à la médication. Mais aujourd’hui on recommande le traitement antibiotique, ne serait-ce que pour éviter la propagation de la maladie. Il est plus facile de prévenir la coqueluche que de la guérir.

Le vaccin que l’on utilise depuis une dizaine d’années, induit-il une moins bonne immunité que le précédent?

L’ancien vaccin était dit «entier», il était composé de bactéries inactivées. Il induisait un taux d’anticorps très élevé, mais suscitait de fortes réactions. C’est pourquoi on lui a préféré un vaccin «acellulaire», soit comprenant les composants de la bactérie qui induisent l’immunité. Il n’a jamais été prouvé que ce nouveau vaccin marchait moins bien que le précédent. On sait toutefois qu’il faut faire des rappels pour maintenir l’immunité. Dans le cas de la coqueluche, ce rappel est combiné avec celui de la diphtérie et du tétanos. Cela ne représente donc pas une vaccination supplémentaire.

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Extrait de :

Check-Up. Les réponses à vos questions santé
de Marie-Christine Petit-Pierre
Ed. Planète Santé / Le Temps, 2014

            

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