Première mondiale: un pénis greffé avec succès en Afrique du sud

Dernière mise à jour 20/07/15 | Article
Première mondiale: un pénis greffé avec succès en Afrique du sud
Les chirurgiens du Tygerberg Hospital du Cap viennent de révéler que leur patient greffé à la mi-décembre sera bientôt père. Le nombre de demandes augmente du fait de graves infections après des circoncisions effectuées de manière non stérile.

En mars dernier une équipe chirurgicale sud africaine annonçait publiquement être parvenue à réussir une greffe de pénis, et soutenait qu’il s’agissait d’une première mondiale. En réalité une première tentative similaire avait été réalisée en Chine en 2005 par le Pr Weilie Hue et son équipe du département d'urologie de l'hôpital de Guangzhou lors d'une intervention ayant duré sept heures. Le greffé, âgé de 44 ans, avait été victime d'une amputation du pénis quelques mois auparavant lors d'un accident de la circulation. Le donneur était un jeune homme de 22 ans, en état de mort cérébrale, ayant des caractéristiques immunitaires compatibles avec le receveur.

Pénis greffé puis retiré

L'intervention réalisée sous microchirurgie avait consisté à réaliser de minutieuses anastomoses entre les veines, les artères, les nerfs, l'urètre et les tissus du greffon et du receveur. Les suites opératoires immédiates de l’intervention furent sans difficultés et il n’y eut aucune réaction de rejet. Toutefois, au quatorzième jour, «en raison de sévères problèmes psychologiques du bénéficiaire de la greffe et de sa femme, le pénis transplanté a dû être retiré», soulignait à cette occasion Le Figaro. «En cas d'émasculation, des autogreffes peuvent être parfois effectuées, ou encore des reconstructions, expliquait alors au quotidien français le Pr François Richard, chef du service d'urologie du groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière (Paris). Les greffes de pénis avec donneur ne posent sans doute pas de problème technique mais des questions psychologiques majeures.»

Difficultés éthiques

En Afrique du sud, l’intervention a été pratiquée en décembre dernier par des spécialistes de l’Université de Stellenbosch et de l’hôpital Tygerberg. L’opération, que les deux institutions avaient alors largement médiatisée, a duré près de neuf heures. Le greffon avait été prélevé sur un cadavre, toutes les règles éthiques en vigueur dans le pays ayant été respectées. L’un des chirurgiens, le Dr Andre van der Merwe, spécialiste des transplantations rénales, a raconté à la presse que les difficultés rencontrées tenaient notamment au diamètre des vaisseaux sanguins.

Le receveur, âgé de 21 ans et dont l’identité n’a pas été révélée, avait été victime d’une infection gravissime survenue au décours d’une circoncision. Les médecins sud-africains ont évoqué les difficultés éthiques inhérentes à leur geste, certes salvateur, mais qui ne revêt pas un caractère vital au même titre que les autres transplantations d’organes comme le cœur, les reins ou le foie. De plus, l’impact psychologique, identitaire et social que peut avoir cette mutilation (à ne pas confondre avec la castration) est très important.

Les suites de l’opération

Cette première sud-africaine éclaire d’un nouveau jour les problèmes médicaux inhérents à la pratique de la circoncision. Dans ce cas, la circoncision – rituelle – du receveur avait été pratiquée quand il avait 18 ans et donc déjà sexuellement actif. L’ablation-mutilation qui avait suivi avait concerné la quasi-totalité de son pénis. Avant la tentative de transplantation, le jeune homme avait été informé des contraintes concernant le traitement immunosuppresseur qu’il devrait suivre.

Il semblerait que les sensations antérieures du patient ne soient pas pleinement revenues après son intervention. Dès le mois de mars il pouvait néanmoins uriner, avoir des érections et atteindre l’orgasme. Les chirurgiens estimaient alors qu’une période de deux ans serait nécessaire pour qu’il retrouve la plénitude de ses fonctions.

Trois mois plus tard, jour pour jour, l’équipe annonçait que le greffé serait père avant la fin de l’année. «Il m’a informé que sa partenaire était enceinte d’environ quatre mois», faisait savoir le Dr Andre van de Merwe, le chirurgien urologue qui a conduit l’opération. Les deux jeunes gens (et futurs parents) sont âgés de 21 ans. Confiant être agréablement surpris par cette grossesse rapide, le Dr van de Merwe a souligné que rien n’empêchait que son patient ait des enfants, la qualité de son sperme n’étant pas affectée. «Nous sommes contents qu’il n’y ait pas eu de complications et que son pénis fonctionne bien», ajoutait-il.

Dans certaines cultures d’Afrique du Sud, la circoncision est traditionnellement effectuée à la fin de l’adolescence «par ablation à vif du prépuce», souvent par des «individus peu scrupuleux» qui s’improvisent maîtres de circoncision, rappelait l’hebdomadaire français Le Point qui précisait que, «entre 2008 et 2013, on estime à 486 le nombre de jeunes gens décédés à la suite de ces circoncisions rituelles, le plus souvent à cause d’une infection ou d’une gangrène.»

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