«SMS» et autres petits trucs pour réduire le stress et la douleur au bloc opératoire

Dernière mise à jour 27/05/15 | Article
«SMS» et autres petits trucs pour réduire le stress et la douleur au bloc opératoire
Des chercheurs canadiens démontrent que, entre autres techniques, le fait d’envoyer des SMS durant une intervention sous anesthésie locale peut aider à réduire les doses de médicaments antalgiques.

Rester conscient durant une intervention chirurgicale pratiquée sous anesthésie locale peut amplifier l’anxiété. Cela peut aussi contribuer à augmenter la perception de la douleur. Existe-t-il des procédés simples pour réduire cette anxiété? Des chercheurs pragmatiques de l'Université de Surrey se sont intéressés à cette question, et ils viennent de publier leurs résultats dans l’European Journal of Pain1.

Leur travail a été mené auprès de 398 personnes devant subir des interventions chirurgicales sur des varices (phlébectomies, ablation thermique). Ce sont là des interventions sans danger pratiquées sous anesthésie locale mais durant lesquelles les patients conscients et anxieux ressentent souvent diverses sensations désagréables.

DVD et balles «anti-stress»

Dans cette étude les participants avaient été répartis de manière aléatoire en cinq groupes. Les patients du premier groupe pouvaient «se divertir» pendant l’intervention en écoutant de la musique; ceux du deuxième pouvaient regarder un DVD; ceux du troisième conversaient avec un infirmier spécialisé, placé à côté de la tête du patient sans le toucher; dans le quatrième groupe les patients pouvaient malaxer des balles «anti-stress». Dans le cinquième groupe, enfin, la procédure habituelle était suivie.

Les niveaux d'anxiété et de douleur ont été ensuite été évalués immédiatement après l'opération via un questionnaire. L’analyse montre que par rapport à la procédure habituelle les niveaux de réduction d’anxiété et de douleur ont été respectivement de 25% et 0% dans le groupe «DVD», de 30 et 16% dans le groupe «conversation avec l’infirmière», et de 18% et 22%  dans le groupe «balles anti-stress». Quant à la musique, elle n’a eu d’effet ni sur l'anxiété, ni sur la douleur.

Cette étude originale démontre que des moyens simples et peu coûteux peuvent aisément être utilisés pour améliorer la situation des personnes devant subir des interventions sous anesthésie locale. Ces mêmes techniques pourraient être utilisées lors de certaines procédures diagnostiques invasives peu agréables, comme la coloscopie ou l’hystéroscopie.

Smartphones et «Angry Birds»

Dans ce domaine une autre étude mérite d’être rapportée, celle menée par des chercheurs des universités Cornell de New York et McGill de Montréal dont les résultats ont été publiés dans la revue Pain Medicine2. Ils se sont intéressés à l’usage que l’on pouvait faire durant une intervention de cet objet devenu indispensable qu’est le téléphone portable. Ils ont tenté de savoir si le fait d’envoyer des SMS (ou d’user de l’écran à des fins ludiques) pouvait être d’une quelconque utilité.

A cette fin ils ont constitué quatre groupes, à partir de 98 patients devant subir des interventions mineures sous anesthésie locale. Le premier groupe a reçu un téléphone portable standard; le second a joué à l’application «Angry Birds» sur smartphone; le troisième a utilisé un téléphone pour envoyer un texto à un proche (un ami ou un membre de la famille); le dernier s’en est servi pour envoyer un texto à un étranger (un membre de l’équipe de recherche).

Textos analgésiques

Les résultats montrent que les patients chez lesquels la procédure habituelle est mise en œuvre ont recours à deux fois plus de calmants que ceux qui ont joué à «Angry Birds» avant et pendant l’opération. Ces mêmes patients étaient quatre fois plus susceptibles de recevoir une dose supplémentaire d’analgésique que ceux ayant envoyé un SMS à leur proche, et même six fois plus que ceux qui ont envoyé un texto à une personne étrangère.

Les auteurs de l’étude résument leurs résultats en expliquant que ceux-ci suggèrent que «le simple fait de communiquer avec un ami ou un étranger provoque un effet analgésique.»

Ainsi donc, nous n’avons pas encore découvert toutes les vertus des téléphones portables ni l’usage thérapeutique qui peut en être fait.

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1. Le résumé (en anglais) de la publication de l’European Journal of Pain est disponible ici

2. Le résumé (en anglais) de la publication de Pain Medicine est disponible ici.