Dispositifs intra-utérins (DIU): stop aux idées reçues

Dernière mise à jour 28/09/22 | Vrai/Faux
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En troisième place après le préservatif et la pilule sur le podium des contraceptifs, le dispositif intra-utérin – hormonal ou non hormonal – séduit de plus en plus de femmes à la recherche d’une alternative efficace et peu contraignante. Mais si le stérilet rencontre un regain d’intérêt ces dernières années, il est encore entouré de fausses croyances. Le point avec la Dre Martine Jacot-Guillarmod, spécialiste en gynécologie et médecin adjointe responsable de l’Unité de colposcopie et de la gynécologie de l’adolescente au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) à Lausanne.

Il existe différents types de dispositifs intra-utérins (DIU).

Vrai. Le DIU, ou stérilet, est un petit dispositif en forme de T qui se place dans l’utérus où il agit comme un contraceptif. Il en existe deux grandes familles. Le stérilet hormonal délivre de la progestérone, qui affine la muqueuse et épaissit les sécrétions du col de l’utérus, empêchant ainsi le passage des spermatozoïdes et la nidation de l’œuf. Le stérilet au cuivre, quant à lui, agit sur les spermatozoïdes en les rendant moins mobiles et moins viables dans l’utérus. Il empêche également l’implantation de l’embryon et la nidation, mais sans diffusion d’hormones. Attention, contrairement au préservatif, les DIU ne protègent pas contre les maladies sexuellement transmissibles.

Les règles sont modifiées après la pose d’un DIU.

Vrai. Le stérilet a un impact sur le cycle. Le DIU hormonal va ainsi souvent supprimer les règles. «C’est d’ailleurs ce que recherchent certaines femmes, en particulier celles qui souffrent de règles douloureuses ou abondantes», constate Martine Jacot-Guillarmod. Le stérilet au cuivre, quant à lui, n’influence pas le cycle naturel mais peut augmenter les saignements, leur durée et la douleur associée.

La pose et le retrait sont douloureux.

Généralement faux. La pose d’un DIU est réalisée au cabinet de gynécologie après un examen permettant de s’assurer qu’il n’y a pas d’infection en cours. Le geste se fait par voie vaginale. Il est rapide et peut être désagréable, mais normalement non douloureux grâce à des produits anesthésiants et des instruments adaptés. «Un contrôle échographique est réalisé quatre à six semaines après la pose, pour confirmer son bon emplacement», ajoute Martine Jacot-Guillarmod. La majorité des stérilets restent en place durant trois à cinq ans, voire dix ans selon les modèles. Ils sont retirés en cabinet, grâce à un fil attaché au bout du dispositif, permettant au gynécologue un retrait rapide et indolore.

Ils peuvent être utilisés chez les jeunes filles.

Vrai. Il n’y a aucune contre-indication d’âge. «Chez les jeunes femmes, il n’est pas rare d’avoir des troubles du cycle, explique la Dre Jacot-Guillarmod. Je les oriente donc dans ces situations plutôt vers des modèles hormonaux.» Par ailleurs, le stérilet est un contraceptif efficace qui, contrairement à la pilule, n’entraîne pas de risque «d’oubli». À noter qu’il existe différentes tailles de DIU, les plus petits étant généralement utilisés chez les femmes n’ayant pas eu d’enfant et dont l’utérus est plus étroit.

Ils sont peu efficaces.

Faux. L’efficacité du stérilet avoisine les 99%. «On mesure l’efficacité d’un contraceptif en observant le pourcentage de grossesses accidentelles sur un an d’utilisation de la méthode, détaille l’experte. Pour le DIU au cuivre, le risque de grossesse est de 0,8% et, pour le DIU hormonal, de 0,2%. En comparaison, le risque de grossesse non planifiée avec la pilule est de 8%.» Le stérilet est donc une méthode de contraception extrêmement fiable et non dépendante de la bonne utilisation faite par la femme.

Le stérilet provoque des grossesses extra-utérines.

Faux. Le stérilet n’est pas un facteur de risque de grossesse extra-utérine. Comme il empêche efficacement le passage des spermatozoïdes, le risque de grossesse extra-utérine est beaucoup plus faible que chez les femmes n’utilisant aucune méthode contraceptive. Mais c’est l’une des rares complications possibles, en particulier avec le dispositif au cuivre.

Le DIU peut altérer la fertilité future.

Faux. Les données scientifiques n’indiquent pas d’impact du stérilet sur le retour à la fertilité après le retrait, mais le délai peut néanmoins être variable d’une femme à l’autre.

Le DIU est une méthode de contraception souvent recommandée après un accouchement.

Vrai. Le stérilet peut être inséré très rapidement après l’accouchement et il n’interfère pas avec l’allaitement, contrairement à la pilule œstroprogestative. De plus, «il enlève à la jeune maman le stress supplémentaire de devoir penser à sa contraception, ajoute Martine Jacot-Guillarmod. Mais bien sûr, cela reste le choix de chacune.»

Le DIU hormonal peut être indiqué pour contrer les effets négatifs de la ménopause.

Vrai. Le stérilet hormonal délivre un progestatif qui aide à pallier les premiers symptômes de la ménopause. Il est donc très intéressant durant la préménopause.

Le stérilet peut «descendre».

Vrai. Un déplacement ou l’expulsion du DIU font partie des effets secondaires possibles, mais qui restent rares. En cas de doute, il est conseillé de consulter rapidement un médecin et d’opter pour une autre méthode de contraception jusqu’au replacement du dispositif.

Le stérilet est une méthode de contraception économique.

Vrai. Même si son coût d’achat peut être élevé – entre 60 et 100 francs pour le DIU au cuivre et 200 à 300 francs pour le DIU hormonal –, il représente une alternative peu onéreuse sur le long terme, par rapport à d’autres méthodes de contraception comme la pilule ou le préservatif.

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Paru dans Planète Santé magazine N° 46 – Septembre 2022

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