Ejaculation précoce: quelles conséquences chez les femmes?

Dernière mise à jour 18/06/14 | Article
Ejaculation précoce: quelles conséquences chez les femmes?
Les hommes disent généralement souffrir de cette situation. Qu’en est-il de leurs partenaires? Une étude internationale originale, dirigée par une spécialiste suisse, a cherché à y répondre.

L’éjaculation précoce se caractérise par une éjaculation survenant après une légère stimulation sexuelle et avant le moment souhaité. Les spécialistes de sexologie parlent d’une «dysfonction sexuelle masculine caractérisée par une éjaculation qui, toujours ou presque toujours, survient avant ou environ dans la minute de la pénétration vaginale; par l’incapacité à retarder l’éjaculation lors de toutes ou presque toutes les pénétrations vaginales; et par des conséquences individuelles négatives telles que détresse, souci, frustration et/ou l’évitement de l’intimité sexuelle». D’autres spécialistes parlent d’une éjaculation «en moins de deux minutes et en moins de vingt mouvements de va-et-vient dans le vagin».

Des études montrent que la plupart des hommes n’ont pas d’idée précise de ce que peut-être le délai «normal» avant une éjaculation. Les quelques travaux menés sur ce thème estiment, en pratique, à entre cinq et six minutes le délai moyen entre le début de la pénétration et l'éjaculation.

Stress et anxiété

L’éjaculation précoce est le plus souvent associée à des éléments psychologiques comme le stress et l’anxiété. Des problèmes de couple peuvent, à une fréquence variable, être également retrouvés. Cette dysfonction sexuelle représente souvent une source de souffrance pour les hommes concernés. Mais qu’en est-il des femmes? Une large enquête menée dans différents pays a cherché à répondre à cette question. Ses résultats viennent d’être publiés dans le Journal of Sexual Medicine(1). Ils confirment à leur façon que la satisfaction sexuelle est une condition essentielle à la qualité de la relation et à la pérennité du couple.

Dirigée par le Dr Andrea Burri  (Institut de psychologie, Université de Zurich), l’étude a réuni des spécialistes de l’Université Versailles- Saint Quentin en Yvelines, du Centre australien pour la santé sexuelle (Sydney) ainsi que d’un centre de médecine sexuelle de Hambourg. Elle a été menée auprès de 1463 femmes âgées de 20 à 50 ans (moyenne de 34 ans) habitant au Mexique, en Italie et en Corée du Sud.

Source de souffrance

Les questions posées étaient les suivantes: «Êtes-vous actuellement avec un homme qui éjacule plus tôt que vous ne le souhaitez?»; «Vivez-vous actuellement avec un homme chez qui le diagnostic d’éjaculation précoce a été porté?»; «Vivez-vous actuellement avec un homme qui éjacule le plus souvent moins de deux minutes après la pénétration?»; «Votre partenaire actuel a-t-il déjà signalé le désir d’avoir un meilleur contrôle sur son éjaculation?»

L’analyse des résultats apporte différents enseignements. Il apparaît ainsi que près de 40% des femmes considèrent que le contrôle de l’éjaculation par leur partenaire est un élément très important, une absence de contrôle pouvant être une source de souffrance. Près de deux tiers des femmes déclarent que leur partenaire a déjà exprimé le désir d'avoir un meilleur contrôle de son éjaculation. Un peu plus de la moitié des femmes interrogées disent vivre avec un partenaire qui éjacule souvent plus tôt qu'elles ne le souhaiteraient. Elles sont moins de 10% à déclarer être avec un homme chez qui le diagnostic d’éjaculation précoce a été porté.

Une vingtaine de minutes

Plus généralement, une femme sur deux explique ne pas être sexuellement satisfaite. Il peut s’agir d’une libido jugée trop faible ou d’une insatisfaction ressentie lors des rapports sexuels. Parmi les femmes insatisfaites, les trois-quarts signalent l’éjaculation précoce de leur partenaire comme étant l’une des causes. Enfin, quand on demande à l’ensemble des femmes quelle est selon elles la durée idéale d’un rapport sexuel, préliminaires exclus, la réponse moyenne est de l’ordre d’une vingtaine de minutes.

Mais il apparaît surtout que les femmes se plaignent plus fréquemment du manque général d'attention de leur partenaire concernant les préliminaires, baisers et caresses notamment, que du faible temps écoulé entre pénétration et éjaculation. Début 2013, une autorisation de mise sur le marché avait été accordée à une spécialité pharmaceutique ayant pour indication l’éjaculation précoce. Le laboratoire commercialisant cette spécialité a participé au financement de cette étude internationale.    

(1) Un résumé (en anglais) de cette étude est disponible ici.

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