Et si les hommes bénéficiaient aussi du vaccin contre HPV?

Dernière mise à jour 13/11/12 | Article
Et si les hommes bénéficiaient aussi du vaccin contre HPV?
Le papillomavirus humain (ou HPV) se transmet lors des relations sexuelles et peut provoquer le cancer du col de l’utérus. Les jeunes femmes bénéficient d’un vaccin, mais qu’en est-il des hommes?

Le papillomavirus humain (HPV)

Le HPV est une infection sexuellement transmissible (IST) qui constitue un risque pour la femme de développer entre autre un cancer du col de l’utérus. Le risque d’être infecté par le virus dépend du nombre de partenaires et des pratiques sexuelles.

Le virus est également un facteur de risque pour développer d’autres cancers: celui du canal anal et du pharynx (partie interne de la gorge). Pour les femmes, s’ajoutent le cancer de la vulve et du vagin. Chez les hommes, il peut causer le cancer du pénis.

Le virus existe sous plusieurs formes. Les sous-types 16 et 18  sont majoritairement responsables de cancer.

Protection féminine adoptée

50% des femmes âgées de plus de 30 ans auraient déjà été infectées par le HPV. Toutes ne développent pas de cancer. Celui-ci se développe après plusieurs années de latence et peut être détecté précocement par le frottis du col, pratiqué de routine par les gynécologues depuis de nombreuses années. Un vaccin est recommandé pour les jeunes femmes entre onze et quatorze ans, avant les premiers rapports sexuels. L’efficacité du vaccin a été prouvée par de nombreuses études.

Protection masculine en début de pourparler

Une étude a démontré que la vaccination des jeunes hommes entre 16 et 26 ans pourrait diminuer le nombre d’infections génitales de 90% dans la population générale (chez les hommes et chez les femmes). Elle pourrait également diminuer de 75% les cancers anaux chez les hommes homosexuels. Pour le moment, l’action du vaccin sur le cancer du pharynx n’a pas été étudiée.

Vulnérabilité des personnes immunosupprimées

Les personnes immunosupprimées ont moins de ressources pour se défendre contre le virus, par conséquence leur risque de développer un cancer est plus élevé. Cette problématique est d’autant plus importante que le HPV se transmet de la même manière que le VIH (virus de l’immunodéficience humaine, responsable du sida), soit, par voie sexuelle. Les femmes séropositives pour VIH présentent  plus de cancers du col et des stades plus avancées . Quant aux hommes homosexuels séropositifs pour le VIH, ils sont plus vulnérables d’une part à cause d’une diminution de l’immunité, et d’autre part à cause de pratiques plus risquées dans la transmission de virus (sodomie, fellation et partenaires multiples).

Pour l’égalité des sexes?

Les résultats de récentes études semblent ouvrir le débat quant à la vaccination contre le HPV pour les hommes autant que pour les femmes. Il pourrait protéger directement la population masculine contre le cancer de l’anus et du pharynx. Puisque le virus se transmet par voie sexuelle, le vaccin pour les hommes réduirait indirectement la fréquence et la gravité du cancer du col de l’utérus chez la femme. Finalement, il protégerait plus efficacement les personnes vulnérables, telles que les personnes séropositives pour le VIH (hommes et femmes, hétérosexuels et homosexuels).

Avant de parler d’une question d’égalité des sexes, il s’agirait surtout d’un moyen pour protéger  toute la population.

Référence

Adapté de «Cancers liés au HPV: faut-il vacciner les jeunes hommes?», par Drs A. Ben Aissa et N. Mach, Service d’oncologie des HUG, in Revue médicale suisse 2012; 8: 1087-90, en collaboration avec les auteurs.

RMS-342

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