Conséquences de l’infertilité et «infertilité volontaire»

Dernière mise à jour 25/02/14 | Article
Conséquences de l’infertilité et «infertilité volontaire»
Une étude danoise s’intéresse aux conséquences de la fertilité sur les couples souhaitant procréer, tandis qu’une autre, française, cherche à comprendre les raisons des personnes qui ne souhaitent pas avoir de descendance. Conclusions.

Pour un couple, être confronté à des problèmes de fertilité est une épreuve difficile, parfois redoutable. Une étude suédoise qui vient d’être publiée dans la revue Acta Obstetricia et Gynecologica Scandinavica1 s’est intéressée à ce sujet. Elle montre que les femmes qui ont un bébé après avoir connu ces problèmes ont plus de chances de rester avec leur partenaire dans les années qui suivent. Ce travail a été dirigé par Trille Kristina Kjaer et Susanne O. Dalton (Danish Cancer Society Research Center, Copenhague).

Quarante-huit mille femmes

Deux hypothèses sont généralement avancées. La première fait valoir que les problèmes de fertilité et les traitements de procréation médicalement assistée peuvent affecter la qualité de vie, augmenter les niveaux de stress et provoquer des phénomènes d'anxiété, voire de dépression, pour le couple ou l’un des deux partenaires.

La seconde hypothèse fait quant à elle valoir que ces mêmes difficultés sont, au contraire, de nature (du moins dans certains cas) à rapprocher le couple à travers une perception commune des obstacles à surmonter.

Trille Kristina Kjaer et ses collègues ont cherché à comprendre si les femmes qui n'ont pas d’enfant après un traitement de l’infertilité ont plus de risque de mettre fin à la relation avec leur partenaire. Ce groupe a suivi sur une période de douze ans près de 48 000 femmes chez lesquelles un diagnostic d’infertilité avait été porté (à un âge moyen de 32 ans).

Trois fois plus de divorce

Au terme de cette étude, 57% des participantes avaient donné naissance à au moins un enfant à la suite du traitement de l'infertilité. Les femmes qui n'avaient pas eu d’enfant ont été jusqu'à trois fois plus nombreuses à divorcer ou à mettre fin à leur relation de couple par rapport aux autres. Près de 27% des femmes qui n’avaient pas eu d’enfant ne vivaient plus avec leur partenaire à la fin de l’étude.

En conclusion, c’est la première des deux hypothèses qui prévaut: ne pas avoir d’enfant après un traitement de l’infertilité affecte fortement la relation de couple. Pour les chercheurs danois d’autres études sont nécessaires sur la préservation ou non de la relation de couple et du bien-être conjugal en cas de problèmes de fertilité. Et ce afin de pouvoir mieux soutenir les couples qui passent par ces épreuves.

Choix minoritaire

Pour leur part, des chercheurs français se sont intéressés aux personnes qui font le choix de ne pas avoir d’enfants. C’est là un choix très minoritaire, dont la fréquence ne semble pas varier dans l’Hexagone depuis des décennies. Statistiquement, le fait de déclarer ne pas vouloir d’enfant est plus fréquent chez les personnes ne vivant pas en couple, chez les femmes diplômées (et les hommes peu diplômés) ou encore à l’approche de la fin de la vie féconde.

Rester libre

Ce travail, qui vient d’être publié dans le dernier numéro de la revue Population & Sociétés2, a été réalisé à partir des données de l’enquête dite Fecond (Fécondité, contraception et dysfonctions sexuelles) et d’une enquête qualitative réalisée à partir d’entretiens. Il en ressort que plus de la moitié des personnes déclarant vouloir rester sans enfant sont en couple et avancent majoritairement des raisons «libertaires», telles qu’«être bien sans enfant» et «vouloir rester libre». À contre-courant de la norme du «faire famille», il s’agit pour ces personnes d’affirmer un choix de vie positif et épanouissant.

Choix d’une vie sans enfant

L’enquête Fécondité, contraception et dysfonctions sexuelles avait été réalisée en 2010 par l’Institut national français de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et l’Institut national français d’études démographiques (Ined). Elle avait été menée sur des échantillons aléatoires de 5275 femmeset 3373 hommes âgés de 15 à 49 ans. Elle explorait lespratiques contraceptives depuis l’entrée dans la sexualité,les échecs de contraception, les grossesses prévues et nonprévues, le recours à l’avortement et les dysfonctionssexuelles.

L’enquête qualitative sur le choix d’une vie sans enfant avait quant à elle été menée entre février 2009 et mai 2010 sur la base de 51 entretiens réalisés auprès de 33 femmes et de18 hommes âgés de 30 à 63 ans. Les entretiens, d’unedurée de deux heures, concernaient les parcours scolaire,professionnel, familial et conjugal de ces personnes ayantvolontairement choisi de vivre sans enfant.

Infécondité volontaire

«L’infécondité volontaire n’est pas un phénomène en augmentation et reste très minoritaire en France. À tous les âges, le désir de fonder une famille est fort, résument les auteurs. Si être en couple stable reste une condition prépondérante pour se projeter dans la parentalité, la moitié des personnes volontairement sans enfant sont en couple.»

Les personnes qui ont fait le choix d’une vie sans enfant évoquent fort peu de raisons matérielles ou de santé pour justifier leur choix. En revanche, la liberté et l’épanouissement personnel sont des raisons fréquemment avancées, notamment par les individus «à fort capital culturel». Selon les chercheurs, ces raisons reflètent le souhait d’affirmer «un choix de vie positif» par les personnes et les couples qui ont fait ce choix délibéré.

 

1. Un très bref résumé (en anglais) de cette étude est disponible ici.

2. Population & Sociétés. Bulletin mensuel d’information de l’Institut national français d’études démographiques (Ined) numéro 508 • février 2014

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