Diabète gestationnel: quelles mesures prendre?

Dernière mise à jour 27/07/18 | Article
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Le diabète gestationnel, maladie multifactorielle, peut être source de complications pour la mère et l’enfant. Un suivi doit donc être mis en place durant toute la période périnatale. Outre les médicaments, quelles sont les solutions pour y remédier?

Différent du diabète «traditionnel», le diabète gestationnel est diagnostiqué pour la première fois durant la grossesse. Cette hyperglycémie est en fait l’une des complications les plus fréquentes durant cette période. En cause, plusieurs facteurs, et de possibles conséquences à court et long terme pour la mère comme pour l’enfant.

Des risques élevés

Prééclampsie, césarienne, accouchement prématuré, hypoglycémie néonatale, nourrisson en surpoids et obésité pédiatrique par la suite font partie des risques les plus fréquents liés à ce type de diabète. Chez la mère, des complications à long terme, comme un syndrome métabolique, un diabète de type 2 et des maladies cardiovasculaires peuvent aussi survenir. Un phénomène d’autant plus inquiétant qu’un tiers des patientes seraient atteintes d’un prédiabète après leur accouchement. Aussi, depuis 2011, un test de dépistage systématique –par une hyperglycémie provoquée avec 75 g des glucides– a été instauré en Suisse. Il concerne toutes les femmes enceintes entre la 24e et la 28e semaine.

L’hygiène de vie et l’alimentation mises en cause

Parmi les facteurs de risque les plus importants, on retient notamment la présence de diabète dans la famille, l’âge, le style de vie et le poids ainsi que le fait d’avoir eu un diabète gestationnel lors d’une précédente grossesse. Le manque d’activité physique et une alimentation déséquilibrée augmentent le risque de développer un diabète gestationnel. La pratique d’une activité physique avant la grossesse diminuerait ainsi de 55% ce risque, et de 24% en début de grossesse. La consommation de sucre raffiné, de graisses et la prévalence de la pathologie seraient aussi intrinsèquement liées.

L’impact du stress pendant la grossesse

Le stress est considéré comme un facteur de risque potentiel. Une étude menée au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) a mis au jour le lien entre l’exposition au stress et le niveau élevé de glycémie à jeun avant la connaissance du diagnostic. Les troubles de l’humeur –notamment dépistés par l’échelle «Edinburgh Postnatal Depression Scale»– sont aussi plus fréquents chez des femmes avec un diabète gestationnel ou peuvent être un facteur de risque dans son développement. Le risque de dépression post-partum serait multiplié par deux chez ces patientes. Un trouble qui entraîne d’ailleurs souvent une diminution de l’activité physique et une alimentation déséquilibrée. Un retour au poids d’avant-grossesse est conseillé dans les 6 à 12 mois après l’accouchement, car cela impacte aussi de manière positive le devenir métabolique des femmes atteintes de diabète gestationnel. Malheureusement, entre 20% et 60% des femmes n’atteignent pas cet objectif.

Quelles conséquences sur le nouveau-né?

L’enfant est directement exposé au risque de surpoids néonatal dans le cas d’un diabète gestationnel. Sa composition corporelle en est aussi modifiée. D’un point de vue hormonal, stress et dépression maternels peuvent, en outre, favoriser un retard de croissance intra-utérin et une obésité plus tard.

Une prise en charge multimodale

Une évaluation et une prise en charge globales des différents aspects liés à la condition physique, l’alimentation et l’état psychologique sont nécessaires pour répondre à cette pathologie, elle aussi multifactorielle. Sont conseillés, comme socle du traitement, 30 minutes d’activité physique modérée par jour et un rééquilibrage nutritionnel. Parmi les activités permettant une amélioration du contrôle glycémique on trouve la marche, le vélo stationnaire ou des exercices de renforcement musculaire. Côté suivi nutritionnel, un apport limité en glucides, entre 30 et 45% de l’apport énergétique total, est recommandé. De plus, chez les femmes en surpoids ou obèses, l’apport énergétique journalier pourrait être réduit de 30% sans risque, tout en conservant au moins 1600 à 1800 kcal/jour et la consommation de nutriments essentiels. La période périnatale est donc cruciale dans la prise en charge du diabète gestationnel, devenu un enjeu de santé publique.

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Adapté de «Diabète gestationnel – quelles sont les approches non médicales?»,  Consultation diabète gestationnel, Service d’endocrinologie, diabétologie et métabolisme, Dr Antje Horsch, Justine Gross, Dr François R. Jornayvaz, Service de néonatologie, Département de gynécologie-obstétrique, Dr Stefano Lanzi, Service d’endocrinologie, diabétologie et métabolisme et Service d’angiologie, Pr Jardena J. Puder, Unité d’endocrinologie pédiatrique, CHUV Lausanne. In Revue Médicale Suisse 2016;12:1989-91.

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