Primes et réserves, même combat

Dernière mise à jour 13/05/13 | Article
Bertrand Buchs est médecin, député PDC de la commune de Carouge à Genève et député au Grand conseil genevois. Il tient un blog régulier sur la Tribune de Genève.
La Tribune de Bertrand Buchs, médecin, député PDC de la commune de Carouge à Genève et député au Grand conseil genevois. Il tient un blog régulier sur la Tribune de Genève*

On nous prend pour des ânes depuis des années.

Des «cochons» de payeurs.

Allez, Mesdames et Messieurs à votre bon cœur. C’est pour le bien du peuple, pardon, des caisses maladie. Près de 2 milliards de trop perçus, bah une broutille, une simple petite erreur de calcul. «Vous comprendrez Madame Michu, pas facile d’établir le montant des primes, avec ces pinces de fonctionnaires de l’OFSP. On doit évaluer à la louche en prenant les trois premiers mois de l’année. Alors comme tout bon assureur, on ne doit pas prendre de risque. On exagère un poil, mais ce n’est pas du vol. C’est de la prévoyance. Nous sommes parfaits».

Conclusion: circulez, il n’y a rien à voir. Faites confiance et taisez-vous!

Aujourd’hui, Mesdames et Messieurs, il nous faut réagir.

Stop aux mensonges.

Stop aux connivences entre certains politiciens et les caisses maladie.

Il faut que votre argent vous soit rendu. Simple bon sens.

Et surtout exiger un contrôle indépendant et extérieur des comptes des caisses maladie.

Je suis membre de la commission de gestion du Grand conseil de la République de Genève. Nous sommes en train d’écrire une loi sur le contrôle de l’Etat. Et bien les comptes devront être révisés à l’interne par l’Inspection cantonale des finances et à l’externe par une fiduciaire indépendante.

Et bien, imaginez que depuis l’entrée en vigueur de la LAMal aucun contrôle des comptes des caisses n’a été fait sérieusement.

L’OFSP n’en a pas les moyens et les cantons ont une journée pour avoir accès à certaines données.

Depuis longtemps, le canton de Genève a renoncé à se rendre à Berne.

En conséquence de quoi, les caisses maladie peuvent vous annoncer ce qu’elles veulent.

Autre particularité: les primes sont cantonales et les réserves fédérales.

Pourquoi?

Mystère et boule de gomme. Résultat, on utilise votre argent pour maintenir des primes basses en Suisse-allemande. N’oubliez pas que nous sommes une minorité et que, c’est bien connu, les Romands ne savent pas gérer leur argent.

Et pour terminer, il n’y a pas de séparation stricte entre les caisses de base et les caisses privées.

Un même employé peut travailler pour ces deux entités en même temps. Protection des données? Secret médical? Transferts d’actifs de la base au privé? Qui paie qui et quoi?

Il est maintenant temps que cela cesse. Le Conseil fédéral doit réagir.

Primes et réserves doivent être cantonales.

Les assurances de base doivent être strictement séparées des assurances privées.

Nous avions lancé une initiative demandant qu’une assurance qui propose une protection de base ne puisse pas proposer une assurance complémentaire.

Monsieur Berset a retenu cette idée. Il pense en faire la pierre angulaire du contre-projet à la caisse unique. Oui, c’est bien, mais dans combien de temps?

Il faut une réforme immédiate pour pouvoir séparer ces deux entités.

Il faut également augmenter les effectifs de l’OFSP pour qu’il puisse vraiment étudier les propositions de primes et surtout pouvoir exiger des baisses lorsque cela est juste.

Les cantons devraient pouvoir contrôler la gestion des caisses en mandatant leurs inspections cantonales de finances ou leur Cour des comptes.

Ces réformes ne doivent et ne peuvent pas attendre la votation sur la caisse unique.

C’est l’Etat qui est dépositaire de la protection de la santé de ses citoyens. C’est une de ses tâches régaliennes. L’Etat dirige, les cantons contrôlent et les caisses s’exécutent.

La grande erreur que nous avons faite a été de donner tous les pouvoirs aux caisses maladie.

Les politiques ont malheureusement renoncé à prendre leurs responsabilités et certains se sont laissé «convaincre» pour quelques revenus et aides pour des campagnes électorales.

Les journaux n’ont pas fait leur boulot d’investigation ayant peur pour leur espace publicitaire.

Heureusement le vent a tourné et la motion que j’ai déposée demandant de geler la RPT (péréquation financière fédérale) jusqu’à la somme de 360 millions due au canton de Genève a provoqué une vague de fond qui n’était pas prévue.

La Berne fédérale s’est soudain réveillée avec la «gueule de bois».

Un changement a été promis. A nous de l’exiger.

Monsieur Berset et Mesdames et Messieurs les parlementaires fédéraux: au boulot.

Sinon vous pourrez rentrer chez vous aux prochaines élections.

   

* http://bertrandbuchs.blog.tdg.ch/

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