Savoir partager et affronter ses angoisses

Dernière mise à jour 09/01/14 | Article
Savoir partager et affronter ses angoisses
Subir un infarctus est un choc majeur qui peut conduire à une dépression chez de nombreux patients et accentuer les risques de récidive. Des solutions existent pour y faire face.

S’intéresser aux aspects psychologiques après un infarctus n’a pas lieu fréquemment. En tout cas pas suffisamment. Or, le lien entre le rétablissement et les dispositions psychologiques du patient est une évidence reconnue dans le processus de guérison. L’accident cardiaque n’échappe pas à cette règle. On ne se remet pas psychologiquement d’un infarctus d’un seul coup de baguette magique.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes: 50 à 60% des patients sont abattus, découragés, ressentent des angoisses et craignent de ne pas pouvoir surmonter cette épreuve alors que, plus grave encore, 20% des patients développent un épisode dépressif sévère après un infarctus. «Si la majorité de ces symptômes disparaissent naturellement après quelques jours, les formes sévères de dépression ne sont que très peu diagnostiquées, témoigne le Dr Ioan Cromec, médecin adjoint au Service de Psychiatrie-Psychothérapie communautaire à Sion. Les patients atteints souffrent profondément de cette remise en cause de leur intégrité corporelle et de leurs capacités physiques mais ils ne l’expriment pas toujours.» Il est également démontré que la survenue de la dépression peut affecter des régions du cerveau qui contrôlent le sommeil et les émotions.

Le Saviez-vous?

La dépression augmente le risque de faire un infarctus

Selon une estimation reconnue, près de 10% de la population souffre de dépression. Grâce à plusieurs études sur le sujet, il est aujourd’hui démontré qu’un lien existe entre les symptômes de la dépression (irritabilité, solitude, tristesse, perte d’envie de vivre…) et la probabilité de développer une maladie coronarienne. On sait notamment que le stress peut influencer le dépôt de graisses au sein de la paroi des vaisseaux et qu’il peut induire une contraction inappropriée de certaines artères.

A cela s’ajoute le fait que les patients déprimés négligent de prendre en compte certains paramètres comme l’exercice physique, une bonne alimentation et un bon suivi médical. Ce qui peut contribuer à la sédentarité, au surpoids et à la consommation de tabac et donc à une augmentation des facteurs qui favorisent la dépression et les accidents cardiaques. Autant de facteurs combinés qui pourraient transformer une affection latente en une véritable atteinte cardiaque.

Exprimer la souffrance et sortir de l’isolement c’est le premier pas pour s’en sortir. C’est l’objectif par exemple du groupe de parole «Les émotions du cœur», animé par le Dr Cromec. «Ce groupe mis en place par la Clinique romande de réadaptation et faisant partie du programme de réadaptation cardiaque a le mérite de favoriser les échanges et la prise de conscience de sa souffrance. On apprend des autres dans ce contexte et cela permet également d’identifier des cas plus compliqués et de les orienter vers un spécialiste.»

Surmonter cette épreuve c’est accepter, dans les cas où les répercussions physiques se font ressentir, de faire le deuil de ses anciennes capacités, de reconnaître qu’on ne pourra plus faire tout ce qu’on faisait avant. «Nos patients doivent prendre conscience qu’ils ne doivent pas se réfugier dans le mutisme et nourrir leurs angoisses, explique le Dr Cromec. Il faut parler, avec les soignants, avec ses proches, ne pas rester seul. Il faut se préparer à cette nouvelle vie.»

Les chiffres

50 à 60% des victimes d’un infarctus sont abattus, découragés, ressentent des angoisses.

20% développent un épisode dépressif sévère.

L’importance de l’entourage

Dans ce contexte, l’entourage du patient a un rôle évidemment essentiel. Il doit être à l’écoute, redonner confiance et éviter de nourrir ce sentiment de culpabilité vis-à-vis de ses responsabilités familiales qui peut naître chez les malades.

Mais comment savoir si on souffre d’une dépression sévère? Dans le cas où un patient a toujours de la peine à faire face deux à trois semaines après un infarctus, qu’il n’a plus de plaisir dans les activités habituelles, il faut en parler avec son médecin traitant, lequel jugera alors de l’opportunité de l’envoyer chez un spécialiste. Celui-ci pourra alors ordonner un traitement médicamenteux et éventuellement un traitement psychothérapeutique. «Si la dépression sévère n’est pas traitée, prévient le Dr Cromec, on quadruple les risques de refaire un infarctus six mois après. Il est en effet avéré que les patients avec dépression sévère peinent à suivre les protocoles de réadaptation et à prendre leurs médicaments.»

Chaque victime d’un infarctus doit trouver un sens à ce qui lui arrive, se remettre de ce choc et du sentiment que l’on peut ressentir de mort imminente, d’invalidité ou de culpabilité. Cela passe par le dialogue, la reconnaissance de sa souffrance et une grande confiance dans le personnel médico-soignant.

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