Quel est le seuil d’activité physique à ne pas dépasser après un infarctus?

Dernière mise à jour 02/10/14 | Article
Quel est le seuil d’activité physique à ne pas dépasser après un infarctus?
Des chercheurs américains ont calculé à partir de quand le sport n’est plus bénéfique et devient dangereux chez les anciennes victimes d’un infarctus du myocarde. Voici leurs réponses.

Il est aujourd’hui bien établi que la pratique régulière d’une activité physique après un infarctus du myocarde (IDM) permet de prolonger l’espérance de vie. On sait même que cette prolongation peut être proportionnelle à l’intensité de cette activité. Pour autant, il existe une limite au-delà de laquelle cette règle n’est plus confirmée et s’inverse même, un seuil à partir duquel l’effort physique devient délétère. C’est la conclusion d’une étude américaine publiée sur le site de la célèbre Mayo Clinic(1). Elle est l’œuvre du Pr Paul T. Williams (Lawrence Berkeley National Laboratory, Université de Californie) et du Dr Paul D. Thompson (Hartfod Hospital, Hartford).

Selon eux, la course à pied est un exercice bénéfique en post-infarctus, mais pas sur plus de 50 km par semaine.

Prudence

La reprise d’une activité physique après un infarctus du myocarde ne peut se faire sans une série de précautions médicales. Elle réclame notamment une évaluation clinique (interrogatoire et examen physique), un électrocardiogramme de repos et une échocardiographie cardiaque. Une évaluation des capacités à l’effort est également nécessaire.

Mais jusqu’où peut-on aller sans aller trop loin? Pour tenter d’y répondre, les chercheurs américains ont analysé dans le détail les données de deux études portant sur la pratique de la course à pied et de la marche rapide: la «National Runners’ Health Study» et la «National Walkers’ Health Study».

Au total, ils ont identifié 2377 participants ayant une pratique sportive régulière après avoir été victimes d’un infarctus du myocarde. A la fin de la période de suivi (dix ans en moyenne), 522 décès avaient été recensés. Plus des deux tiers (71,5%) étaient liés à une maladie cardiovasculaire.

L’analyse des données a permis d’évaluer les impacts de l’activité physique sur la mortalité, en fonction du niveau d’intensité adopté par les participants à ces études. Ces derniers ont été classés en sous-groupes, allant de la plus faible intensité (moins de 1,07 MET*/ heure/jour) à la plus élevée (plus de 7,2 MET*/heure/jour). L’unité «MET/heure/jour» peut être assimilée à l’énergie nécessaire pour parcourir un nombre similaire de kilomètres en une journée. On verra ici des exemples concrets. Ici, le sous-groupe des participants ayant l’activité la plus faible a été utilisé comme référence.

Les résultats obtenus démontrent qu’il y a bien une baisse de la mortalité proportionnelle à l’intensité de l’exercice pratiqué. Ainsi, les personnes ayant une activité physique moyenne comprise entre 1,1 à 1,8 MET/heure/jour présentent déjà un risque de mortalité cardiovasculaire réduit de 22% par rapport au groupe de référence.

La baisse de la mortalité progresse ensuite d’un groupe à l’autre, au fur et à mesure que l’intensité de l’exercice augmente. Elle passe de -24% (1,8 à 3,6 MET/heure/jour) à -50% (3,6 à 5,4 MET/heure/jour), pour atteindre -63% (5,4 à 7,2 MET/heure/jour).

Seuil à ne pas dépasser

Mais à partir de 7,2 MET/heure/jour (soit une distance moyenne de plus de 7 kilomètres parcourus quotidiennement) l’effet s’inverse brutalement. Au-delà de cette intensité (elle ne concernait que 6% des participants), la pratique de la course à pied ou de la marche rapide est associée à une mortalité cardiovasculaire accrue de 12%.

«Cette étude apporte, pour la première fois chez l’homme, des données montrant que la pratique d’une activité sportive à un niveau très intense est associée à une hausse significative du risque cardiovasculaire, soulignent les auteurs. Mais cette analyse montre aussi que l’exercice physique pratiqué au-delà des recommandations actuellement prévues en post-infarctus réduit encore davantage les risques.» Selon eux, au-delà d’une certaine limite (qui pourrait correspondre à «une distance hebdomadaire de 50 km parcourus en courant ou de 75 km en marchant rapidement») apparaît une hausse significative du risque de mortalité cardiovasculaire.

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* 1 MET représente la consommation d’oxygène au repos, soit 3,5 mL/min/kg.

(1) Un résumé (en anglais) de ce travail est disponible ici.

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