AVC: un casque à micro-ondes pour en connaître la cause en urgence
L’accident vasculaire cérébral (AVC) est une grande urgence médicale. C’est aussi d’emblée une question majeure pour les équipes qui ont à le prendre en charge: s’agit-il d’un accident d’origine ischémique ou hémorragique? La privation d’oxygénation sanguine d’une fraction du cerveau qui caractérise l’AVC est-elle la conséquence d’une obstruction (ischémie) ou d’une hémorragie cérébrale? Cette distinction est fondamentale d’un point de vue thérapeutique.
Ischémique ou hémorragique?
Il faut savoir que les AVC sont tout sauf un problème mineur, du fait de leur fréquence, de la mortalité prématurée qu’ils provoquent, des handicaps physiques et cognitifs qu’ils entraînent et du risque de récidive auquel ils exposent. Ils représentent la troisième cause de mortalité et la première cause de handicap physique dans les pays industrialisés, ce qui en fait à l’évidence une priorité de santé publique. On estime qu’environ 80% de ces accidents vasculaires sont ischémiques.
Les travaux de chercheurs suédois de la Chalmers University of Technology et du Sahlgrenska University Hospital (Göteborg), fournissent des éléments de réponse inédits à la question de l’origine de l’AVC. Leurs recherches viennent d’être publiées dans Transactions on Biomedical Engineering1. Dirigée par Mikael Perrson, l’équipe présente deux prototypes de casques de «diagnostic cérébral», basés sur la technologie des «micro-ondes» associée à des algorithmes spécifiques. Ils fournissent une première «preuve de concept» de leur capacité à faire la différence entre les deux types d’AVC.
Scanner ou examen par IRM
Actuellement, la seule façon de faire la différence entre les AVC ischémiques et hémorragiques nécessite la réalisation d’un scanner cérébral ou, mieux, d’un examen d’imagerie par résonance magnétique nucléaire (IRM). Et ce dans les quelques heures qui suivent l’apparition des premiers symptômes. Or les temps nécessaires pour que la victime puisse se rendre dans un service spécialisé et bénéficier d’un tel examen empêchent souvent la mise en œuvre, dans les délais optimums, du traitement le plus adapté.
Les techniques élaborées par les chercheurs suédois offrent précisément des avantages en termes de mobilité et de simplicité, indispensables dans le contexte pré-hospitalier. L’objectif visé est on ne peut plus clair: permettre l’accès le plus rapide possible des victimes d'AVC ischémiques au traitement dit «thrombolytique». Celui-ci a pour objet de faire se dissoudre (de «lyser») l’obstacle vasculaire (le thrombus) responsable des manifestations cliniques. Un obstacle qui, si rien n’est entrepris rapidement, entraînera des lésions cérébrales plus ou moins importantes et des séquelles parfois définitives. A l’inverse, la mise en œuvre d’un traitement «anti-ischémique» chez une personne souffrant d’un AVC d’origine hémorragique peut avoir des conséquences catastrophiques.
Deux essais encourageants
Les chercheurs suédois présentent deux catégories de résultats.
Un premier essai clinique a été mené sur vingt personnes souffrant d’un AVC aigu, hospitalisées en service spécialisé entre 7 et 132 heures après l'apparition des premiers symptômes. Neuf étaient victimes d’un AVC hémorragique et onze d’un AVC ischémique. Le premier prototype de casque a permis d’identifier tous les patients ayant subi un AVC hémorragique. Quatre des onze patients «ischémiques» avaient toutefois été classés dans le groupe «hémorragique».
Un second essai a été conduit auprès de 25 personnes victimes d’un AVC et prises en charge entre 4 et 27 heures après l'apparition des premiers symptômes. Dix souffraient d’un AVC hémorragique et 15 d’un AVC ischémique. Soixante-cinq personnes sans AVC (groupe «témoin») avaient également été associées à cet essai clinique. Le deuxième prototype de casque a permis d’identifier tous les patients avec un AVC hémorragique. Un seul des quinze patients «ischémiques» a été classé de manière erronée.
Traitement dans l’ambulance
Ce sont là de premiers résultats encourageants pour un dispositif destiné à la phase pré-hospitalière. Si cette approche reste à perfectionner, elle permet d’espérer de doter à terme les secours médicaux d’urgence d’une technique permettant (comme parfois dans le cas de l’infarctus du myocarde) de faire un diagnostic ultrarapide et de permet le démarrage d’un traitement adapté dans l’ambulance, avant même l’arrivée à l’hôpital.
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1. Une vidéo pédagogique (en anglais) est disponible ici. Ainsi qu’un communiqué de presse. Et un résumé (toujours en anglais) de ce travail est disponible ici
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