Un nouveau traitement préventif contre la bronchiolite s’annonce

Dernière mise à jour 14/11/22 | Article
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Cette affection respiratoire, qui touche les tout-petits, entraîne parfois des hospitalisations. Une prévention devient possible. Injectable, à administrer à tous les nourrissons, une nouvelle molécule vient d’être approuvée en Europe.

Les signes qui doivent alerter

Une respiration rapide, bruyante ou difficile, le thorax qui se creuse entre les côtes à l’inspiration, une cyanose (bleuissement) des lèvres, un manque d’appétit et une fatigue anormale doivent alerter les parents des nourrissons, qui ne doivent pas hésiter à consulter. Afin d’éviter la déshydratation, le Dr Claude Bertoncini, président du Groupement des pédiatres vaudois, préconise de «donner le plus souvent possible de petites quantités de lait afin que l’enfant puisse passer le cap difficile. Les quatre à cinq premiers jours de symptômes sont les plus dangereux car c’est là que l’inflammation des bronchioles est la plus importante».

La bronchiolite est une maladie bien connue des parents de très jeunes enfants. Il s’agit d’une inflammation des bronchioles, à savoir la partie terminale des bronches. Elle est souvent due au virus respiratoire syncytial (VRS) et s’attaque aux bébés lors des deux premières années de vie, principalement. Le virus est saisonnier, il s’active d’octobre à février environ et peut entraîner des hospitalisations, d’où l’intérêt de trouver un traitement pour les éviter. En septembre dernier, l’entreprise pharmaceutique Sanofi a obtenu le feu vert de l’Agence européenne des médicaments pour la commercialisation du nirsevimab, un anticorps monoclonal (lire encadré). Une demande d’autorisation va être déposée auprès de Swissmedic dans les prochains mois. 

«La bronchiolite touche les bébés dont le système immunitaire est encore immature. Ils ont des difficultés à respirer et peuvent s’épuiser très rapidement. Ils ont donc parfois de la difficulté à s’alimenter et ont tendance à se déshydrater, explique la Dre Géraldine Blanchard Rohner, médecin adjointe agrégée à l’Unité d’immunologie vaccinologie pédiatrique des Hôpitaux universitaires de Genève. Nous les hospitalisons lorsqu’il est nécessaire de les mettre sous oxygène, de les alimenter par sonde naso-gastrique ou par voie intraveineuse, ou s’ils ont besoin d’un soutien respiratoire.» Pour le Pr Christoph Aebi, médecin-chef du Service de pédiatrie de la Kinderklinik à l’Inselspital de Berne, la bronchiolite à VRS est loin d’être bénigne: «Environ 1 à 2% de tous les nourrissons doivent être hospitalisés pour cette raison et 5 à 10% de ceux-ci font un séjour aux soins intensifs. Le VRS est de loin à l'origine de la plus grande charge de morbidité de tous les virus chez les enfants en bas âge et de la plupart des cas d'hospitalisation d'enfants préalablement en bonne santé.» 

Pour tous les enfants de moins d’un an

Les prématurés, les bébés qui sont nés avec un faible poids ou encore ceux qui ont des problèmes cardiaques ou des malformations pulmonaires sont les plus susceptibles de se retrouver aux soins intensifs. Pour eux, il existe sur le marché, depuis 1999 déjà, un autre anticorps monoclonal, le palivizumab. Il doit être injecté une fois par mois, pendant cinq mois. Et ce n’est pas là son seul inconvénient. «Ce médicament est cher et les conditions de remboursement sont très strictes», poursuit la Dre Blanchard Rohner. Il s’adresse aux bébés nés avant 35 semaines d’aménorrhée, à ceux qui ont moins de six mois au début du traitement ou qui présentent des problèmes cardiaques, entre autres indications. Il est prescrit à un nombre restreint de nourrissons alors que le nouveau traitement s’adresse à tous les enfants de moins d’une année. 

Mais est-ce indispensable de faire de la prévention chez tous les petits, alors que seule une minorité doit être hospitalisée? Le Pr Aebi explique: «Le nirsevimab est un anticorps d'une durée d'action maximale de six mois qui permet de réduire d'environ 60 à 70% le risque d'hospitalisation pour infection à VRS au cours du premier hiver de la vie. Comme le palivizumab (Synagis), dont la durée d'action n'est que d'un mois, le nirsevimab sera utilisé en premier lieu pour les enfants à risque, à la place du palivizumab. Proposer le nouveau vaccin de Sanofi à tous les nourrissons est une option qui nécessitera une évaluation médicale et économique approfondie dès qu’une autorisation de Swissmedic sera disponible et que l’Office fédéral de la santé publique aura fixé un prix.» 

Premier hiver

Et Géraldine Blanchard Rohner de préciser: «La bronchiolite est responsable d’environ 2000 hospitalisations par an en Suisse et même si la plupart des bébés s’en sort sans séquelles, selon certaines études, un enfant qui a fait une bronchiolite est un peu plus susceptible de souffrir d’une bronchite obstructive plus tard. Le nirsevimab semble être une bonne chose, car une dose suffit pour protéger l’enfant pendant toute la saison froide. Il faudrait l’administrer lors du premier hiver uniquement, c’est là que les petits sont le plus à risque de faire des bronchiolites sévères.» 

Le Dr Claude Bertoncini, président du Groupement des pédiatres vaudois, est plus réservé: «Jusqu’à présent, les vaccins proposés aux parents pour leurs bébés étaient destinés à les préserver de développer une maladie potentiellement mortelle ou provocant de graves séquelles. Aujourd’hui, les choses ont un peu changé, car certains vaccins sont préconisés pour éviter des hospitalisations. En tant que pédiatres, nous devons faire attention à ne pas proposer trop de vaccins aux parents, de peur qu’ils finissent par renoncer à tous par un effet de ras-le-bol.» 

Paola* aurait été ravie de bénéficier d’une protection efficace pour son fils, né prématuré. «Il n’avait que dix jours lorsqu’il a été hospitalisé la première fois pour une bronchiolite, d’autres épisodes ont suivi jusqu’à ses trois ans. Aujourd’hui, il en a neuf, mais il est encore fragile des bronches.»

Vaccin ou anticorps monoclonal: quelle est la différence?

Un vaccin actif est un composé du virus atténué d’une maladie. Il oblige ainsi le système immunitaire à fabriquer des anticorps au même titre qu’il le ferait si le virus avait été contracté «naturellement». Un anticorps monoclonal est une molécule qui est administrée pour contrer un virus. Le corps ne produit rien, il reçoit une dose artificielle d’anticorps. On parle de vaccination passive. «Un vaccin actif contre la bronchiolite serait souhaitable pour tous les enfants, mais il n'existe pas encore à l'heure actuelle, explique le Pr Christoph Aebi, médecin-chef du Service de pédiatrie de la Kinderklinik à l’Inselspital de Berne. Les nourrissons de moins de trois mois présentant le plus grand risque de complications, une vaccination active après la naissance serait toutefois trop tardive, car la protection vaccinale ne commence qu’au bout d’un à deux mois après la vaccination active. C'est pourquoi la mère doit être vaccinée pendant la grossesse afin de transmettre les anticorps vaccinaux à l'enfant via le placenta avant la naissance. La vaccination pendant la grossesse est soumise à des exigences de sécurité très élevées, ce qui retarde le processus de développement.» Des essais cliniques sont cependant en cours.

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* Prénom d’emprunt.

Paru dans Le Matin Dimanche le 23/10/2022

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