Diabète: et le conjoint dans tout ça?

Dernière mise à jour 13/11/18 | Article
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La Journée romande du diabète, qui a lieu le 17 novembre, offre l'occasion de mettre en lumière les conjoints des personnes diabétiques et le rôle important qu'ils peuvent être amenés à remplir. Les explications du Pr Jacques Philippe, médecin-chef du Service d’endocrinologie, diabétologie, hypertension et nutrition aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

Dans la maladie, il y a celui qui souffre et celui qui l’accompagne. Ceci est d’autant plus vrai dans le diabète. Une maladie au long cours, marquée par un excès de sucre dans le sang, qui nécessite un traitement à vie. Celui-ci repose sur trois piliers: médicaments, alimentation saine et variée, et activité physique régulière. Des modifications du mode de vie qui concernent également le partenaire. «Le conjoint est la pierre angulaire du patient, on ne le prend pas assez en compte, souligne en préambule le Pr Jacques Philippe. À l'évidence, il joue un rôle clé, parce que le diabète implique non seulement de prendre des médicaments mais aussi de modifier ses habitudes quotidiennes en bougeant plus et en adoptant de nouvelles pratiques alimentaires. Mais changer de comportement n'est pas facile. Comme le conjoint est la personne la plus étroitement liée à l'environnement du patient, il a un rôle positif d'aide et de soutien à jouer.»

Apprendre à réagir

Vivre avec une personne diabétique implique aussi, pour le partenaire, d'être à même de la prendre en charge en cas de malaise par exemple. «Lors d'une hypoglycémie, trois solutions sont envisageables: injecter du glucagon (une hormone qui augmente le taux de sucre dans le sang), donner du sucre ou appeler le 144. C'est très important d'avoir le bon réflexe. Or, on se trouve dans une situation stressante où il est très compliqué de réagir de manière structurée.» S'il n'existe aucun cours spécifique pour les conjoints, ceux-ci sont en revanche les bienvenus aux consultations médicales et diététiques. Ils peuvent ainsi bénéficier de l'enseignement thérapeutique donné au patient pour apprendre à vivre avec le diabète, et ses hauts et ses bas.

Face à la maladie, patientes et patients ne sont pas à égalité. «Les femmes sont d'un naturel plus aidant et c'est souvent elles qui préparent les repas. Elles viennent donc plus volontiers aux consultations», souligne le professeur. La participation du conjoint dépend aussi du temps qu'il a à disposition, de l'envie du patient d'avoir son conjoint à ses côtés, de l'implication que ce dernier est prêt à avoir. Le partenaire doit aussi trouver sa place entre le trop protecteur et le trop distant. Le rôle n'est pas facile. «Plusieurs situations peuvent provoquer des tensions dans le couple ou exacerber des tensions déjà existantes, comme le fait que le patient ne suive pas les consignes en matière d'alimentation, ne pratique pas d'activité physique ou, dans l'autre sens, lorsque le conjoint est trop contrôlant. C'est souvent le cas des femmes qui sont connues pour être plus respectueuses des recommandations médicales».

Seul et malade

L'absence de conjoint représente quant à elle un gros problème sur le plan psychologique. «On se retrouve en mauvaise santé et seul au moment où on a le plus besoin de soutien psychologique positif», souligne le Pr Jacques Philippe. Cela signifie que personne n'est là pour encourager, relativiser, inciter à bouger… toutes ces suggestions positives si importantes. Et aussi que personne n'est là en cas d'accident ou de perte de connaissance.

Mais avec ou sans conjoint, il est important d'être soutenu, rappelle le spécialiste. Les patients peuvent compter sur les antennes cantonales de l'Association suisse des diabétiques. Pour lutter contre la solitude et l'isolement, elles proposent des espaces de dialogue, des forums sur internet, des rencontres entre patients, des promenades en groupe. «Dans nos sociétés, on est individualistes. Ailleurs dans le monde, là où les soignants manquent, les patients sont plus en lien et s'entraident».

Le rôle protecteur des œstrogènes

Les spécialistes du diabète savent que les femmes non encore ménopausées ont moins de risques que les hommes de développer un diabète de type 2. Par contre, après la ménopause, la tendance s’inverse très clairement, mettant en lumière le rôle protecteur des hormones sexuelles féminines et surtout des œstrogènes.

Une étude parue dans la revue JCI Insight, réalisée par une équipe dirigée par le Pr Jacques Philippe, spécialiste du diabète à la Faculté de médecine de l’UNIGE et chef du Service d’endocrinologie, diabétologie, hypertension et nutrition des HUG, révèle comment les œstrogènes agissent sur deux des hormones impliquées dans l’équilibre glycémique, à savoir le glucagon, une hormone régulatrice de la glycémie dont le rôle n’avait jamais été exploré en profondeur, et le GLP1, une hormone intestinale et pancréatique qui permet d’augmenter la production d’insuline. Les résultats de ces recherches prouvent l’intérêt d’une supplémentation en œstrogènes dès l’apparition de la ménopause.

«Ces traitements, bien administrés, peuvent réellement constituer un plus pour la santé des femmes. Dans le cadre du diabète, un traitement œstrogénique s’avère dans tous les cas très intéressant afin d’éviter l’explosion des cas de diabète féminin», souligne le Pr Jacques Philippe. Une femme ménopausée sous traitement hormonal de substitution a jusqu’à 35% de risques en moins de développer un diabète de type 2 qu’une femme sans traitement.

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Paru dans Planète Santé magazine N° 31 - Octobre 2018

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