Comment se protéger du Zika, le virus qui s’attaque au fœtus

Dernière mise à jour 04/02/16 | Article
Comment se protéger du Zika, le virus qui s’attaque au fœtus
Le Brésil a recensé 4000 cas de microcéphalie chez le fœtus depuis l’an dernier. Le responsable serait un virus transmis par le moustique tigre. A quelques mois des JO d’été à Rio, l’inquiétude croît.

De quoi on parle?

Identifié pour la première fois en 1947 en Ouganda, le virus Zika a causé une première épidémie en 2007, en Micronésie. Aujourd’hui, sa progression est très forte en Amérique centrale et en Amérique du Sud, mais aussi au Cap-Vert. Depuis le début de 2016, près de 4000 cas suspects de microcéphalies chez le fœtus ont été décrits au Brésil. Les autorités de santé du pays alertent les femmes enceintes et celles en âge de procréer sur les dangers du virus.

Le virus Zika a été identifié en 1947 en Afrique. A l’origine d’une épidémie en Micronésie (Océanie) en 2007, il sévit ensuite en Polynésie en 2013-2014, puis traverse l’océan Pacifique. Depuis bientôt deux ans, l’épidémie se propage en Amérique centrale et en Amérique du Sud et touche chaque semaine de nouvelles régions. Parmi elles, les territoires français d’outre-mer (Guyane, Martinique, Réunion, Mayotte), mais aussi le Brésil qui accueillera les Jeux olympiques en août prochain et assiste à une progression du virus sans précédent.

Comme les virus de la dengue et du chikungunya, Zika se transmet par piqûres de moustiques du genre Aedes (ou moustique tigre). L’insecte évolue dans les régions urbaines, à proximité de l’homme. Il pond ses œufs en milieu humide, en particulier dans les eaux stagnantes, et pique surtout à l’aube et au crépuscule. Par son intermédiaire, le virus entre dans l’épiderme, puis dans le derme. On suppose qu’il se divise ensuite dans les cellules de la peau (fibroblastes, kératinocytes et cellules dendritiques) avant de se propager dans tout l’organisme via le sang. Le virus passe du moustique à l’homme et de l’homme au moustique –dans de rares cas, il se transmettrait par voies sexuelles et sanguines.

Zika appartient à la même famille (Flaviviridae) que le virus de la dengue et de la fièvre jaune. Mais contrairement à la dengue (et au chikungunya), l’infection passe inaperçue dans 80% des cas. Les 20% restants présentent des symptômes dans un délai de deux à douze jours après la piqûre: état grippal avec fièvre et maux de tête, éruptions cutanées, douleurs articulaires, etc. (voir infographie). En raison de leur caractère peu spécifique, ces symptômes sont souvent confondus avec ceux de la dengue. Des kits de diagnostic rapide sont proposés pour identifier la présence du virus, au Brésil notamment. Il n’existe à ce jour ni traitement viral spécifique ni vaccin –le Brésil a décidé d’investir des moyens supplémentaires pour la recherche d’un vaccin. Seuls des antalgiques et du repos sont prescrits.

L’émergence du virus Zika

   

Le Mexique, premier pays à vacciner contre la dengue

Le virus de la dengue, également transmis par le moustique tigre, sévit en Asie, en Amérique centrale, en Amérique du Sud, dans le Pacifique, aux Caraïbes et en Afrique. La maladie se traduit par une forte fièvre, parfois des éruptions cutanées, ainsi que des douleurs osseuses et articulaires. Dans 1 à 3% des cas, la maladie est sévère (dengue «hémorragique»), et mortelle dans 1% des cas. Causée par quatre virus distincts, cette maladie représente un véritable défi pour la recherche pharmaceutique. Après vingt ans de recherche, l’Institut Sanofi Pasteur a mis au point un vaccin qui vient d’être autorisé au Mexique.

Selon les résultats des études cliniques, la vaccination (dès 9 ans) diminuerait d’un peu plus de 60% le risque d’infection et de 80% le risque d’hospitalisation. «Cela reste peu efficace, mais au moins un vaccin existe», déclare le Dr Noémie Boillat, spécialiste à la Policlinique médicale universitaire de Lausanne.  Des demandes d’autorisation sont actuellement en cours dans d’autres pays.

Handicaps psychomoteurs

Ce tableau clinique a priori banal semble décrire un virus bénin et inoffensif. Or l’infection virale qui en découle pourrait devenir un véritable fléau. Car parallèlement à l’épidémie, le Brésil fait face à une augmentation massive de microcéphalies. Il s’agit d’une diminution de la taille du crâne liée à un trouble du développement du cerveau chez le fœtus, qui peut causer des morts fœtales, des anomalies du développement et des handicaps psychomoteurs sérieux chez l’enfant.

Depuis le début de l’épidémie, près de 4000 cas suspects auraient été identifiés dans le pays. Néanmoins, précise le Dr Noémie Boillat, cheffe de clinique au Centre de vaccination et médecine des voyages à la Policlinique médicale universitaire de Lausanne, il faut rester prudent: «Il s’agit pour l’heure d’une association temporelle et géographique très forte. Mais le lien de causalité semble se confirmer par la présence du virus chez quelques-uns des enfants nés avec microcéphalie et dans le placenta de femmes ayant fait une fausse couche.»

Certes, on manque encore de recul sur la dynamique de cette épidémie. On ignore en particulier combien de personnes ont été infectées, donc quel est le risque de complications. On ne connaît pas non plus le taux de fausses couches ou d’accouchements d’enfants microcéphales chez les femmes infectées durant la grossesse. Mais, pour le professeur Laurent Kaiser, responsable du service des maladies infectieuses aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), centre suisse de référence pour les virus émergents, «si cette corrélation se confirme, on est face à une situation dramatique qui touche le cœur de la société».

Complications neurologiques

Par ailleurs, si aucun décès n’a été recensé chez l’adulte, de très rares cas de complications neurologiques ont en revanche été décrits au Brésil et en Polynésie dans la population générale. Il s’agit du syndrome de Guillain-Barré –réversible dans 75 à 85% des cas– maladie auto-immune qui se caractérise par une faiblesse, voire une paralysie des membres.

Comment s’en préserver? Sur place, il faut d’abord empêcher la prolifération de moustiques en éliminant les eaux dormantes où ils se reproduisent. Ensuite, se prémunir des piqûres de moustique en portant des habits longs et blancs même la journée, en appliquant des produits antimoustiques sur la peau et les vêtements et en installant des moustiquaires. De plus, il est déconseillé aux femmes enceintes ou qui ont un projet d’enfant de se rendre dans les régions à risque (Amérique centrale, Amérique du Sud, Cap-Vert, Caraïbes, Haïti, etc.).

Une visite médicale est recommandée avant un voyage

Avant de partir dans un pays tropical ou dans une région où les conditions sanitaires sont précaires, il est recommandé de consulter le médecin de famille ou de se rendre dans un centre de médecine des voyages afin de se renseigner sur les maladies qui y ont cours (Zika, paludisme, malaria, etc.), les mesures de protection et les éventuelles exigences sanitaires légales imposées aux voyageurs.

La destination, la durée du séjour et le type de voyage (affaires, tourisme sac au dos, logement chez l’habitant, voyage organisé, expatriation) sont des informations importantes pour le médecin. De même, une situation médicale particulière (défenses immunitaires affaiblies, allergies, traitements médicamenteux) demande des précautions adaptées.

En raison des schémas vaccinaux, il est conseillé de prendre rendez-vous six semaines avant le départ pour un voyage de moins d’un mois, et trois mois avant pour des séjours plus longs.

Le virus Zika risque-t-il de venir jusqu’en Europe? Non, selon les spécialistes interrogés. En Suisse, «seuls quelques cas sporadiques et peu sévères ont été recensés chez des personnes de retour d’Amérique du Sud et d’Haïti», indique Noémie Boillat. Certes, le moustique tigre est présent en Italie, en France et au Tessin, mais pour qu’une épidémie se développe, plusieurs conditions doivent être réunies (forte présence du moustique, régions surpeuplées, humidité de l’air élevée). Pour Laurent Kaiser, une installation soutenue du virus est improbable. «Aussi, conclut le Dr Boillat, il n’est pas certain que l’épidémie actuelle dure jusqu’à l’été.»

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