Grippe: protéger les plus faibles

Dernière mise à jour 01/12/15 | Article
Grippe: protéger les plus faibles
Source d’inconfort pour les adultes en bonne santé, la grippe peut être mortelle pour les malades et les aînés. Mais la vaccination protège.

L’épidémie de grippe saisonnière n’est pas encore arrivée en Suisse. Et pourtant, c’est le moment de se faire vacciner, comme tous les ans, contre ce virus qui touche en moyenne 2,5% de la population helvétique à chaque épidémie. Pourquoi? Pour éviter de l’attraper, surtout si l’on est fragile, mais aussi pour éviter de le transmettre. Piqûres de rappel.

La grippe est bien davantage qu’un simple refroidissement. Le responsable est un virus, l’influenza, qui peut vraiment vous mettre au tapis pendant une à deux semaines. «Un début assez brutal, avec une fièvre élevée, des maux de tête et de gorge, des douleurs musculaires, une grande fatigue et de la toux sont caractéristiques de la grippe, détaille la Dresse Virginie Masserey, cheffe de la section vaccinations de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).

Chez une personne adulte et en bonne santé, la grippe se soigne généralement d’elle-même. Mais dans des populations plus fragiles comme les personnes âgées ou les nourrissons, c’est une maladie sérieuse qui peut même être mortelle. On estime ainsi que la grippe peut causer jusqu’à 2000 décès par an, dont 9 sur 10 concernent des personnes de plus de 65 ans, détaille la spécialiste.

Chez les personnes âgées, une infection par la grippe peut provoquer des difficultés respiratoires et nécessiter une hospitalisation, la pneumonie étant l’une des complications les plus fréquentes du virus. Elle peut aussi dégrader l’état de personnes souffrant d’une maladie chronique. Chez les nourrissons, l’influenza peut causer une insuffisance respiratoire, un manque d’appétit ou des troubles digestifs qui peuvent conduire à une hospitalisation, explique la Dresse Masserey

La formule 2015-2016

Le virus influenza se modifie rapidement, le vaccin contre la grippe doit donc s’y adapter. «Chaque année, sous l’égide de l’OMS, les scientifiques de la planète entière observent les souches qui circulent pendant la saison de grippe, explique Ana Rita Gonçalves Cabecinhas, biologiste au Centre national de référence de l’influenza. Ils s’accordent ensuite sur les trois souches les plus adaptées à inclure dans le vaccin et l’OMS émet une recommandation en ce sens.»

Il s’agit de deux souches de type A, H1N1 et H3N2, et d’une (ou deux dans le cas du vaccin quadrivalent) de type B. Cette année, la H1N1 du vaccin est la même que l’an dernier. Par contre, la H3N2 a été modifiée, en partie car la couverture n’était pas bonne durant la saison 2014-2015. Une souche dite Switzerland a donc été choisie. L’une des souches B a aussi été adaptée dans le vaccin de cette année.

Vacciner les soignants

Les groupes de population qui devraient absolument être vaccinés sont donc, chez les adultes, «toutes les personnes de 65 ans et plus, mais aussi celles qui souffrent de maladies chroniques du poumon, du cœur, du métabolisme ou du système immunitaire, de maladies neurologiques qui ont un impact sur les capacités respiratoires, de même que les femmes enceintes pendant toute la durée de leur grossesse», détaille la spécialiste. Chez l’enfant, les bébés de moins de deux ans nés prématurément devraient être vaccinés. Le vaccin est cependant inefficace chez les enfants de moins de six mois, c’est donc leur entourage proche qui devrait être vacciné.

Se faire vacciner dans le but principal de protéger autrui en ne lui transmettant pas la grippe est un principe qui justifie de vacciner également «les personnes qui, dans le cadre de leur famille ou de leur activité privée ou professionnelle, sont en contact régulier avec des personnes pour qui la grippe présente un risque accru», explique la Dresse Masserey. Cela concerne notamment le personnel médical et paramédical, celui des EMS, des crèches et des garderies.

On sait qu’environ 1,2 million de doses de vaccins sont vendues chaque année en Suisse. L’objectif de l’OFSP est d’atteindre un taux de 75% de vaccination dans les groupes à risque. «Nous sommes parfois arrivés à 60% dans certains groupes, poursuit la responsable. Mais, depuis la grippe aviaire de 2009, ces chiffres ont baissé. L’hiver dernier, seules 30% des personnes à risque étaient vaccinées, selon nos enquêtes.» Le double de ce que l’on mesure dans la population générale.

Et encore

Qui doit être vacciné?

L’Office fédéral de la santé publique édite le site d’informations www.sevaccinercontrelagrippe.ch En plus de nombreux renseignements sur la vaccination elle-même et sur le virus de la grippe, on y trouve un questionnaire pour savoir si l’on appartient à un groupe pour lequel il est fortement recommandé de se faire vacciner.

Quatre souches?

Le vaccin protège habituellement contre deux souches d’influenza de type A et une de type B. Mais, depuis quelques années, on observe que deux lignées d’influenza B peuvent circuler en parallèle. Un vaccin quadrivalent, protégeant contre deux souches B, a donc été mis au point. Il représente aux Etats-Unis environ la moitié des vaccinations mais est pour l’instant moins courant en Suisse. L’essentiel étant d’être vacciné si l’on appartient à un groupe qui devrait l’être, fiez-vous à votre médecin.

Surveiller l’épidémie

Comment suivre l’évolution de l’épidémie de grippe en Suisse? En dehors des hôpitaux, c’est un réseau de 150 à 250 médecins généralistes qui s’en charge. Ils signalent à l’OFSP les consultations où ils ont observé des symptômes faisant penser à la grippe. Ces renseignements permettent à l’OFSP de publier, sur son site internet, un état des lieux hebdomadaire de la grippe en Suisse.

La meilleure arme

Comment expliquer ce résultat médiocre? Pas par les risques que présenterait le vaccin lui-même. Le seul risque sérieux que présente le vaccin est en effet négligeable: on estime qu’il y a une chance sur un million de développer un syndrome de Guillain-Barré après la vaccination. Une maladie qui se manifeste beaucoup plus fréquemment… si l’on attrape la grippe.

Par contre, le vaccin contre la grippe est contraignant car il doit être renouvelé tous les ans. Contrairement à d’autres vaccins, son action maximale a une durée limitée (de six à neuf mois) et il doit être reformulé chaque année car le virus de la grippe se transforme en permanence. De plus, son efficacité n’est pas absolue. On l’estime à 80%. Pas facile, dans ces conditions, de convaincre la population. Mais cette arme contre le virus a beau être imparfaite, c’est la meilleure dont nous disposons.

Si vous appartenez à un groupe à risque ou que vous êtes en contact avec des personnes fragiles, contactez donc votre médecin traitant pour lui demander de vous vacciner. Dans les cantons de Fribourg et de Neuchâtel, certaines pharmacies vaccinent aussi.

Le vaccin est remboursé par l’assurance de base pour les personnes appartenant aux groupes à risque et est généralement payé par l’employeur s’il est justifié par l’activité professionnelle de la personne.

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