Diabète de type 2: mission prévention

Dernière mise à jour 05/12/22 | Article
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Fléau touchant près de 4% de la population suisse, le diabète de type 2 découle bien souvent d’un mode de vie alliant sédentarité, surpoids et alimentation excessive ou déséquilibrée. Bonne nouvelle: activité physique et alimentation peuvent aussi se muer en puissants leviers pour déjouer la maladie.

Quand parle-t-on de diabète?

Le diabète se définit en fonction du taux de sucre dans le sang (glycémie à jeun). Les chiffres clés:

  • Glycémie normale: jusqu’à 5,5 mmol/l
  • Pré-diabète: 5,6 à 6,9 mmol/l
  • Diabète: ≥ 7 mmol/l

Pour commencer, petit détour par ce qui se joue dans l’organisme lorsque nous ingérons des hydrates de carbone (pâtes, pain, riz, fruits, etc.). Rapidement, l’organisme en extrait des molécules de glucose qui migrent vers le sang pour subvenir aux besoins immédiats, mais également pour être stockés, notamment dans les muscles, le foie et les tissus adipeux. Une opération rendue possible par une hormone, l’insuline, libérée par le pancréas. Le souci en cas de diabète: l’insuline devient insuffisante ou inefficace et le glucose s’accumule dans le sang. Au fil du temps, les vaisseaux sanguins peuvent se boucher, mettant à mal la santé d’organes comme le cœur, le cerveau, les reins ou les yeux. 

En cas de diabète de type 2, ce dysfonctionnement du pancréas est fréquemment en lien direct avec notre mode de vie. Comment inverser la tendance? Les conseils du Pr François Jornayvaz, médecin-chef du Service d'endocrinologie, diabétologie, nutrition et éducation thérapeutique du patient des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). 

1. Faire l’état des lieux

Le diabète de type 2 résulte généralement d’une équation impliquant des facteurs «non modifiables» (âge, prédispositions génétiques) et des facteurs «modifiables» (activité physique, alimentation, poids, etc.). Tout se joue donc, pour la prévention, sur ces derniers, avec une stratégie qui peut bien souvent se résumer par «manger moins, mieux et bouger plus». 

2. Bouger tous les jours

La sédentarité découlant de nos quotidiens souvent faits de longues heures en position assise est un piège redoutable pour l’organisme. La clé? Bouger, autant que possible. Inutile de mettre la barre trop haut en optant pour une activité trop intense ou de tout miser sur le week-endpour «compenser»: l’activité physique optimale se joue au quotidien, à la fois modestement– prendre les escaliers plutôt que l’ascenseur, le vélo plutôt que la voiture pour les courts trajets, etc. – et en organisant l’équivalent de deux heures et demie d’activité physique réparties sur la semaine (marche rapide, natation, vélo, etc.). 

3. Manger autrement

S’il n’est pas toujours simple d’identifier nos erreurs alimentaires, certains changements peuvent s’avérer payants. Parmi eux: opter pour les aliments les plus naturels possibles et cuisinés soi-même, miser sur les légumes, se méfier d’une consommation excessive en fruits (naturels et sains, ils peuvent aussi s’avérer caloriques et très riches en sucre), éviter autant que possible les aliments industriels et les boissons sucrées. 

4. Penser au dépistage

Bien souvent, le diabète de type 2 avance masqué pendant plusieurs années, causant des dommages sans donner lieu au moindre symptôme. D’où l’importance du dépistage. Un bilan sanguin est recommandé tous les trois ans à partir de 35 ans ou plus tôt en cas d’obésité (indice de masse corporel* supérieur à 25 kg/m2) ou de facteurs de risque (excès de cholestérol, hypertension artérielle, etc.). 

5. Agir pour désamorcer un prédiabète

L’apparition d’un pré-diabète n’est pas inéluctable: activer les leviers de l’alimentation et de l’activité physique peut même être spectaculaire. En cas d’excès pondéral, une perte d’environ 7% du poids peut permettre un retour à la normale de la glycémie. Important: pour être efficace et durable, la perte de poids doit être progressive et basée sur des changements alimentaires pérennes, plutôt que des régimes drastiques, toujours délétères sur le long terme. 

6. S’écouter

Parmi les symptômes d’alerte du diabète: une soif et une envie d’uriner excessives, ainsi qu’une subite perte de poids. Cette dernière est due à l’élimination du sucre en excès dans les urines, un mécanisme entraînant une perte de calories. Lorsque ces signes retentissent, un traitement doit être mis en place en urgence. Si un traitement par insuline, visant à remplacer l’hormone défaillante, s’impose souvent dans un premier temps, une vaste panoplie de médicaments existe pour ajuster ensuite au mieux la prise en charge au cas par cas.

Bons réflexes à tout âge

Si le diabète de type 2 n’apparaît généralement qu’à l’âge adulte, le surpoids, lui, est délétère dès le plus jeune âge et crée un terrain propice à l’apparition de nombreuses pathologies cardiovasculaires et au diabète lui-même. L’équation «manger moins (en cas d’excès), mieux et bouger plus» vaut donc dès l’enfance. À noter qu’en raison bien souvent d’une activité physique en baisse et d’une alimentation moins saine, de plus en plus de cas de diabète de type 2 sont aujourd’hui observés dès l’adolescence.

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* Indice de masse corporel (IMC): poids (en kg) divisé par la taille (en cm) au carré.

Paru dans le hors-série «Votre santé», La Côte/Le Nouvelliste, Novembre 2022.

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