Besoins en vitamine D: les vérités vraies

Dernière mise à jour 04/07/13 | Article
Besoins en vitamine D: les vérités vraies
Nous ne pourrions pas vivre sans elle. Mais combien nous en faut-il pour vivre bien?

Pour beaucoup d’entre nous la vitamine D est la vitamine «du soleil». Ce qui n’est pas faux. On a beaucoup écrit sur elle. Et on continue à le faire. Comment séparer le bon grain médical et l’ivraie fantaisiste et publicitaire? Une synthèse des études les plus sérieuses menées sur cette vitamine vient d’être effectuée par des chercheurs britanniques et résumée par le National Health Service britannique.1 Que faut-il, en substance, savoir?

Les os et les dents

La vitamine D est une molécule qui pourrait être qualifiée d’hormone, tant elle joue de multiples rôles dans l’organisme. C’est aussi pourquoi on pense (à tort ou à raison) qu’elle pourrait être impliquée de diverses manières dans de nombreuses affections. Une chose est certaine: la vitamine D est indispensable à une formation osseuse et dentaire saine chez l'être humain.

L’une de ses fonctions majeures est l’absorption du calcium et du phosphate.

Notre organisme en assure la synthèse à partir du cholestérol; et ce sous l’action principale des rayonnements ultraviolets de la lumière qui permettent de fournir environ 90% de nos besoins. On en distingue plusieurs variétés et les besoins individuels varient en fonction de notre taille et de notre poids, du degré d’ensoleillement de notre lieu de résidence et des caractéristiques de notre peau. Mais il faut aussi tenir compte des recommandations préventives concernant l’exposition au soleil. Le bon sens doit l’emporter: des expositions de courte durée sans recherche des coups de soleil et du bronzage sont suffisantes pour nous apporter les quantités qui nous sont nécessaires.

De la même manière une alimentation saine et équilibrée est suffisante pour apporter les compléments (notamment via les œufs et les poissons gras, tels que saumon, sardines, maquereau, etc.).

Les conséquences des carences

On parle de carence en vitamine D lorsque le corps n'en a pas assez pour absorber correctement les quantités nécessaires de calcium et de phosphore. De légère à modérée, cette carence peut conduire à une raréfaction de la trame des os du squelette qui caractérise l’ostéoporose. Plus importante, la carence peut conduire, chez l’enfant, au rachitisme ou, chez l’adulte, à l’ostéomalacie. Rachitisme? On pourrait croire ici qu’il s’agit d’une maladie du passé. Les autorités sanitaires britanniques ne le pensent plus. Elles rappellent qu’en 2012 le Royal College of Paediatrics and Child Health a publié une déclaration précisant l’existence de problèmes de carence en vitamine D chez les enfants et soulignant que dans le pays les taux de rachitisme avaient quadruplé au cours des quinze dernières années.

Les carences en vitamine D sont suspectées d’exposer à des risques accrus vis-à-vis d’un certain nombre de maladies chroniques (affections cardiovasculaires, certaines maladies cancéreuses, diabète) mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour établir la preuve de relations de cause à effet et inciter à des modifications de comportement (expositions plus importantes au soleil, consommation d’aliments riches en vitamine D ou de suppléments vitaminés.

Allégations et confusions

Différentes allégations concernant l’usage préventif ou thérapeutique qui pourrait être fait de cette vitamine demeurent à confirmer par des recherches plus poussées. Et ce qu’il s’agisse de l’asthme, de certaines affections cancéreuses (touchant le sein et le côlon notamment) ou d’une augmentation de l’espérance de vie. Diverses informations plus ou moins contradictoires circulent aussi quant aux quantités qui nous seraient nécessaires pour conserver une bonne santé. Les confusions peuvent être d’autant plus fréquentes que les recommandations varient grandement en fonction de l’âge, du poids et des degrés d’exposition au soleil.

Les données actualisées de la Suisse

En Suisse l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) a chargé la Commission fédérale de l'alimentation de rédiger un rapport sur la vitamine D. Ce rapport, ainsi que les résultats de mesures de concentration sanguine en vitamine D parmi un échantillonnage national, constituent le fondement des recommandations de l'OFSP.1 On trouvera ici le résumé des travaux menés sur ce thème: Carence en vitamine D: preuves scientifiques, sécurité et recommandations pour la population en Suisse – résumé.

Pour vous aider à mieux comprendre ce document, voici quelques informations importantes:

  • Après une évaluation des données disponibles sur les concentrations de 25-hydroxy-vitamine D(25) –ou 25(OH)D, l’autre nom de cette vitamine– au sein de la population en Suisse et dans les pays limitrophes, le groupe de travail indique qu’environ 50% de la population suisse présente des concentrations sériques de 25(OH)D inférieures à 50 nmol/l, et moins de 30% de la population présente des concentrations de 25(OH)D supérieures à 75 nmol/l.
  • Les données actuelles tendent à confirmer que des concentrations de 25(OH)D d’au moins 50 nmol/l sont nécessaires pour assurer la santé osseuse de tous les adultes et la santé musculaire des personnes âgées. Il est nécessaire de récolter plus de données sur la santé osseuse et musculaire des enfants et des adolescents, ainsi que sur les effets extra-squelettiques de la vitamine D pour tous les groupes de la population.
  • Chez les adultes jusqu’à 59 ans, un apport de 600 UI est recommandé. Le groupe de travail préconise fortement une supplémentation de vitamine D de 800 UI par jour dès 60 ans. Il se fonde sur les preuves scientifiques d'essais randomisés contrôlés qui montrent une prévention des chutes et des fractures d’environ 20%.2
  • Le panel d’experts a établi que des données factuelles basées sur des essais cliniques à grande échelle faisaient défaut. Elles ne permettent donc pas de confirmer les bénéfices de concentrations sériques supérieures à 50 nmol/l pour des domaines autres que la santé osseuse chez les adultes et la santé musculaire chez les personnes âgées. Cependant, le groupe de travail recommande la correction des carences en vitamine D (c’est-à-dire des concentrations de 25(OH)D inférieures à 50 nmol/l) pour toutes les classes d’âge car cette mesure présente un rapport bénéfice/risque favorable.
  • Le groupe de travail recommande une valeur seuil de 75 nmol/l pour une prévention optimale des chutes et des fractures, conformément à l’IOF et l’US Endocrine Society.

On trouvera d’autre part ici les recommandations de l’Office fédéral de la santé publique concernant l'apport en vitamine D ainsi qu’une fiche d’information «Vitamine D – Les principaux faits» et une série des réponses aux questions pratiques les plus fréquentes : «Questions et réponses sur la vitamine D».

 

 

1. Le résumé est consultable ici (en anglais).

2. Cette recommandation s’aligne sur celles de l’Institute of Medicine (IOM, 2010), de l’International Osteoporosis Foundation (IOF, 2010), et de l’US Endocrine Society (2011).

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