Avant deux ans, certains antibiotiques augmentent les risques d’obésité infantile

Dernière mise à jour 25/11/14 | Article
Avant deux ans, certains antibiotiques augmentent les risques d’obésité infantile
Des chercheurs américains observent que la consommation très précoce d’antibiotiques dits «à large spectre» est associée ultérieurement à une obésité de l’enfant.

Selon une étude américaine publiée dans la revue JAMA Pediatrics1, les enfants traités par certains antibiotiques entre la naissance et l’âge de deux ans ont un risque modérément augmenté d’obésité infantile (avant 5 ans).

L’étude a été dirigée par le Dr Charles Bailey (Département de pédiatrie, Children’s Hospital of Philadelphia). Elle a été réalisée grâce aux données recueillies aux Etats-Unis auprès de 64 580 enfants suivis depuis leur naissance. Il s’agissait à 50% d’enfants dits «non caucasiens» et à 41% de personnes qui bénéficiaient d’un suivi par un système de soins gratuits réservés aux personnes défavorisées (Medicaid). «On sait que l’origine ethnique et la catégorie sociale influent aussi sur le risque de surpoids. C’est pour cette raison que nous avons pris en compte cette donnée et effectué une analyse pondérée de nos résultats», expliquent les auteurs.

69% des nourrissons suivis avaient reçu au moins un traitement par antibiotique entre la naissance et l’âge de 2 ans, et la moyenne du nombre des prescriptions était de 2,3 par enfant. Il est apparu que les enfants traités au moins quatre fois par antibiotiques avant l’âge de 2 ans présentaient un risque d’obésité à l’âge de 3 ans majoré de 10%.

Les auteurs ont affiné leurs analyses en fonction des familles d’antibiotiques. C’est ainsi qu’ils ont établi que ce risque était majoré de 16% si des antibiotiques à large spectre (qui agissent sur un grand nombre de bactéries) avaient été systématiquement prescrits.

En revanche, aucune augmentation du poids n’était observée avec la seule pénicilline («spectre étroit»). Le risque le plus élevé correspondait à des traitements antibiotiques à large spectre prescrits dans les douze premiers mois (jusqu’à 19% de risque supplémentaire d’obésité infantile).

Mieux prescrire

Comment comprendre ce phénomène? Ce gain de poids pourrait être en rapport avec une modification de la flore bactérienne intestinale (microbiote),  et ce d’autant que cette flore caractéristique de chaque personne se constitue et se développe dans les premiers mois de la vie.

Les spécialistes estiment que le fait de limiter l’exposition aux antibiotiques à large spectre pourrait permettre de contribuer à un moindre risque d’obésité infantile –même si le surpoids est un phénomène ayant de nombreuses causes. «Ce travail devrait inciter les médecins à choisir de façon plus systématique les antibiotiques "à spectre étroit" qui sont actuellement recommandés pour la prise en charge des infections ORL et respiratoires de l’enfant», concluent les auteurs.

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1. Un résumé (en anglais) de cette publication est disponible ici.

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