Vendredi 13, jour à haut risque pour les joueurs pathologiques

Dernière mise à jour 13/01/12 | Article
Chiffre treize
Vendredi 13 ou le jour des superstitieux. Un psychiatre spécialiste des addictions nous explique que c’est justement la superstition qui se trouve au coeur du jeu pathologique.

«La superstition crée des liens entre des choses qui n’en ont aucun, explique le Dr Daniele Zullino, médecin-chef du service d’addictologie psychatrique au département de santé mentale et de psychiatrie des HUG. Plus précisément, c’est un biais cognitif qui crée une corrélation causale qui n’existe pas. Dans ce cas, le lien est fait entre vendredi 13 et le bonheur, ou le malheur. Les addicts du jeu sont des superstitieux, cette date est donc synonyme de grande tentation pour eux.» Ces derniers représenteraient 1% de la population totale. Mais seule une très minime partie vient se faire soigner car le jeu n’est pas considéré comme une maladie. «Les gens consultent seulement s’ils ont perdu trop d’argent», explique le médecin.

Superstition et publicité

Daniele Zullino différencie superstition et rituel, qui permet de se réconforter ou de se mettre dans un certain état d’esprit avant un événement important. La caractéristique du jeu addictif, c’est vraiment cette tendance à la superstition. «Ne deviennent pas
joueurs pathologiques des gens qui ne souffrent pas de ce biais cognitif», affirme le psychiatre. Par contre, «les joueurs pathologiques refusent le sort et pensent pouvoir prédire ce qui va arriver. Pour eux, certains actes permettent de contrôler le hasard.»

En outre, la publicité faite autour d’un jour comme vendredi 13 attise l’envie de jouer. L’impulsivité augmente tout type d’addiction. Et celle-ci est entretenue par les nombreux stimuli qui entourent le jeu en général, comme les sons et lumières dans les casinos ou sur les machines à sous que l’on trouve dans les bars. «L’addiction c’est l’automatisation d’un comportement. Avec ce genre de stimuli très répétitifs, on hyperautomatise l’attitude de la personne» explique le Dr Zullino. Moins c’est compliqué, plus c’est rapide, plus c’est addictif. Et pour motiver un joueur pathologique, quoi de mieux que l’affichage du «tentez votre chance nous sommes vendredi 13»?

«Toute publicité crée des liens de cause à effet où il n’en existe pas: «tabac et succès», «alcool et jeunesse», etc. C’est la même chose avec «vendredi 13 et gagner». Voilà pourquoi la tentation, voire l’addiction, est pire ce jour-là. Car on induit ce biais cognitif
auquel les joueurs pathologiques sont si sensibles.», conclut le Dr Daniele Zullino.

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