Les maux de la montagne

Dernière mise à jour 25/11/15 | Article
Les maux de la montagne
La haute montagne attire un public toujours plus large. Mais cette nouvelle catégorie de touristes n’a pas forcément conscience des dangers de ce milieu pour la santé. Car ils existent. Précisions.

L’accès aux sommets élevés se démocratise de plus en plus, mais les dangers de la haute montagne (dès 2500 m d’altitude) restent méconnus du grand public. Ce milieu se caractérise principalement par une hypoxie ambiante (diminution de la quantité d’oxygène), liée à la diminution de la pression barométrique, mais aussi par la présence de froid et de vent qui contribue à le rendre hostile. L’organisme doit non seulement faire face à de telles conditions mais est également appelé à fournir des efforts physiques inhabituels.

Trois pathologies peuvent résulter du manque d’oxygène associé à ces conditions difficiles: le mal aigu des montagnes, l’œdème cérébral d’altitude et l’œdème pulmonaire d’altitude, ces deux dernières représentant des urgences vitales!

Au niveau physiologique, l’hypoxie entraîne une vasoconstriction des artères pulmonaires, qui elle-même provoque une augmentation de la pression artérielle entre le cœur droit et les poumons. Cela se traduit par une hyperventilation pulmonaire. Il se produit aussi une augmentation du flux sanguin cérébral et du débit urinaire. Pour ces raisons, le risque de déshydratation est accru.

Les symptômes

Le mal aigu des montagnes se caractérise par l’apparition de céphalées chez les personnes non acclimatées, peu après l’arrivée à une altitude supérieure à 2 500 mètres. Ces maux de tête peuvent s’accompagner d’inappétence, de nausées, de vomissements, d’insomnie et d’asthénie (état de faiblesse). Ces symptômes apparaissent typiquement 6 à 10 heures après l’arrivée en altitude; mais cela peut aussi être plus rapide. Dans la majorité des cas, ils disparaissent spontanément après 48 heures. Le mal aigu des montagnes peut s’accompagner de complications, mais ces situations restent rares.

Dans de rares cas, généralement après 36 heures en altitude, une personne souffrant de mal aigu des montagnes peut développer un œdème cérébral d’altitude (accumulation de liquide dans le cerveau). Cette affection se traduit notamment par des céphalées intenses et des troubles de l’équilibre, de la coordination (la personne ne peut pas manger ou saisir un objet) et de l’état de conscience (endormissement, personne difficilement réveillable).

L’œdème pulmonaire d’altitude débute quant à lui le plus souvent par une difficulté respiratoire au repos (essoufflement, gêne, sensation d’oppression) ou au moindre effort, une accélération anormale de la fréquence respiratoire, une tachycardie, une toux sèche et un état subfébrile qui apparaissent habituellement 36 à 72 heures après l’arrivée en altitude. Il n’est pas toujours précédé des symptômes du mal aigu des montagnes. Il existe des facteurs de risque communs aux trois maladies: des antécédents de mal d’altitude, l’altitude de séjour absolue et la durée du séjour, la rapidité de l’ascension, l’intensité de l’effort physique, le domicile (habiter en dessous de 900 m) et l’âge (avoir moins de 50 ans). Une bonne condition physique n’est pas un facteur protecteur.

Pour l’œdème pulmonaire d’altitude, le jeune âge, le sexe masculin, la présence d’infection concomitante des voies aériennes, d’anomalies de la circulation pulmonaire, le froid et une prédisposition individuelle sont des facteurs de risque supplémentaires. Pour des raisons encore peu claires, c’est également le cas de la trisomie 21.

Comment s’y préparer

Les spécialistes recommandent une acclimatation progressive à l’altitude avec des paliers ascensionnels n’excédant pas 400 mètres par jour au-delà de 2500 mètres. Une hydratation suffisante et une alimentation riche en hydrates de carbone sont conseillées. De plus, l’intensité de l’effort physique devrait être limitée au cours des premiers jours. Une certaine prudence et la conscience de ses propres limites sont également essentielles. Car, malheureusement, aucun examen médical réalisé à basse altitude ne permet de prédire le risque de développer une maladie de l’altitude chez une personne n’ayant jamais été exposée à ce milieu. En revanche, on sait que le risque de récidive existe en présence d’antécédents. Dans ce cas, ou si on présente plusieurs facteurs de risques, des traitements prophylactiques peuvent être prescrits, mais ils ne sont pas 100% efficaces ni dénués d’effets secondaires.

En cas de survenue d’œdèmes d’altitude, qui sont des urgences vitales, la principale mesure consiste à évacuer le plus rapidement possible la victime vers la plaine. Si ce n’est pas possible dans l’immédiat, diverses mesures seront prises (oxygène, caissons hyperbares, médicaments, repos et protection contre le froid et les intempéries). La guérison est généralement rapide et complète lorsque l’on rejoint rapidement la basse altitude, puisque l’hypoxie prend fin.

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Adapté de «Les maladies aiguës liées à la haute altitude. Recommandations pour leur prise en charge et avancées expérimentales récentes», Pr Urs Scherrer, Drs Marc Egli et Claudio Sartori, Revue Médicale Suisse, 2003.

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