Sortir définitivement de la dépression

Dernière mise à jour 13/12/11 | Article
Si, hier, atténuer les symptômes de la dépression lors de la phase aiguë était le principal objectif de toute prise en charge thérapeutique, les spécialistes portent aujourd’hui une attention toute particulière à la qualité de la guérison de leurs patients. Le but: prévenir toute rechute, qui pourrait être alimentée par la présence de symptômes résiduels. Explications.

Guérir de la dépression est souvent un long chemin, ponctué de phases de rémissions et de rechutes. Au cours de ces dernières années, les spécialistes ont porté une attention accrue à la qualité de la guérison des patients après un épisode dépressif majeur. La raison est simple : les individus présentant des symptômes dépressifs résiduels (30 à 50% des cas), tels que la perte de plaisir et d’intérêt, l’anxiété ou des préoccupations d’ordre somatique (douleurs etc.) notamment, seraient à moyen terme plus fragiles que ceux chez qui on observe une disparition totale des symptômes. Le risque de rechute serait même trois fois plus grand que chez les personnes devenues asymptomatiques.

Signes persistants de la dépression

Autre fait important, ces symptômes résiduels comme les spécialistes les appellent peuvent peser lourd sur le fonctionnement psychosocial de la personne quand ils n’altèrent pas sa qualité de vie. D’autres difficultés, liées ou non à la prise d’antidépresseurs, sont également susceptibles d’entraver le processus de guérison: on pense aux troubles du sommeil, aux difficultés cognitives ou sexuelles par exemple. Quant à la perte d’intérêt et l’absence de plaisir, elles semblent de leur côté jouer un grand rôle dans le risque de rechute

L’accompagnement vers la guérison

Ainsi, lorsqu’un patient est en phase de rémission, le praticien cherchera à identifier et à traiter tout ce qui pourrait compromettre une rémission totale. Pour cela, il veillera à tous les aspects de la vie de son patient, qu’il s’agisse de son fonctionnement social, de son intégration professionnelle, de son bien-être. Pour l’accompagner au mieux sur le chemin de la guérison, il réévaluera son diagnostic et sera attentif à la présence éventuelle d’autres maladies psychiatriques, comme un trouble anxieux, une addiction ou des problèmes somatiques, qui pourraient être associées à la dépression. Le traitement médicamenteux pourra être adapté (augmentation des doses, changement de substances, adjonction d’un second antidépresseur) à condition de respecter les tolérances individuelles des patients. Enfin, pour gérer au mieux la présence de ces symptômes évocateurs d’une dépression récente, un soutien psychologique pourra être proposé, sachant que la psychothérapie cognitive ou l’approche interpersonnelle sont des traitements particulièrement adéquats en ces circonstances.

Lorsque l’évolution de la maladie résiste aux traitements conventionnels et ne présage pas de rémission, d’autres traitements sont alors envisagés. Depuis de nombreuses années, il est reconnu que la privation de sommeil a des résultats spectaculaires, mais transitoires, chez les patients dépressifs. Qu’elle soit partielle ou totale, elle entraîne rapidement une amélioration de l’humeur. Aujourd’hui, grâce aux avancées scientifiques en chronothérapie, on sait qu’il faut l’associer à d’autres types de prise en charge (luminothérapie, antidépresseurs ou stabilisateurs de l’humeur, avance de phase) pour que l’effet antidépresseur perdure.

Il existe aussi des approches de stimulation cérébrale qui ont cours dans certains pays mais qui ne sont pas des traitements de première intention : la stimulation magnétique transcrânienne, des stimulations cérébrales profondes et du nerf vague. Elles sont considérées comme prometteuses dans le traitement des dépressions résistantes, mais doivent encore faire leur preuve pour pouvoir être remboursées par l’assurance maladie en Suisse.

La stimulation magnétique transcrânienne a, elle, été approuvée aux Etats-Unis par la Food and Drug Administration (FDA) comme traitement de la dépression majeure chez l’adulte en cas de non réponse aux médicaments classiques, mais pas en Europe ni Suisse pour cette indication. Son effet antidépresseur a certes été relevé, mais son utilité clinique est discutée au sein de la communauté scientifique. Chez nous, son utilisation dite «off-label» reste toutefois possible sous la responsabilité du médecin qui la prescrit et avec le consentement éclairé du patient.

La stimulation du nerf vague a, en revanche, obtenu l’indication pour le traitement de la dépression chronique au sein de l’Union européenne. Son utilisation est très rare en Suisse. La stimulation cérébrale profonde, qui est associé à un risque d'effets secondaires plus important, est quant à elle surtout reconnue dans le traitement du trouble obsessionnel compulsif, comme traitement additionnel aux médicaments dans des cas très spécifiques. Pour la dépression, des études ont montré des résultats probants. La stimulation profonde n’est pas encore approuvé comme approche thérapeutique dans cet indication.

Référence

Adapté de «Psychiatrie», M. Kosel, G. Bondolfi, J.-M. Aubry. Rev Med Suisse 2010;6:137-40, en collaboration avec les auteurs.

Articles sur le meme sujet
LMD_course_depression

(Re)sortir ses baskets pour contrer la dépression?

De plus en plus d’études montrent les bienfaits de l’activité physique contre la dépression. Agissant à la fois sur les plans psychologique et biologique, elle a l’avantage de ne pas avoir d’effets secondaires importants. Mais il reste à bien comprendre comment l’utiliser au mieux.
VS23_depression_armes_combattre

Dépression: quelles armes pour la combattre?

Psychothérapie, antidépresseurs, phytothérapie, activité physique, yoga, méditation de pleine conscience, musicothérapie, vitamine D, fleurs de Bach: l’arsenal à disposition pour lutter contre la dépression semble infini. Mais prudence…
GEN22_happer_conjoint_depressif

Comment ne pas se laisser happer par un conjoint dépressif?

La dépression est un mal qui ronge près d’une personne sur dix. Pour les proches, le conjoint en particulier, la maladie peut entraîner des répercussions importantes. Comment aider son partenaire atteint d’un syndrome dépressif tout en se préservant soi-même?
Videos sur le meme sujet

Des actifs alimentaires contre la dépression

Une équipe de chercheurs française a découvert que la dépression pourrait être soignée en rééquilibrant "le microbiote" dans la flore intestinale avec une combinaison dʹactifs alimentaires.

Sérotonine et dépression: une relation remise en question

Le lien entre dépression et sérotonine, un neurotransmetteur souvent associé à lʹétat de bonheur, est connu depuis longtemps par la communauté scientifique.

Psilocybine et méditation font bon ménage contre la dépression

Adrien Zerbini se penche sur une recherche originale pour lutter contre la dépression.
Maladies sur le meme sujet
Personne seule

Dépression

La dépression peut se manifester par une tristesse, un manque de plaisir et d'énergie, mais aussi par des changements dans le sommeil, l'appétit ou le poids.

Symptômes sur le meme sujet
La tristesse

Dépression

Je pleure souvent / je n’ai pas le moral / je suis déprimé(e)