Pratiqué assidûment le sauna allongerait l’espérance de vie

Dernière mise à jour 17/06/15 | Article
Pratiqué assidûment le sauna allongerait l’espérance de vie
Pris régulièrement – environ une fois par jour –, les bains finlandais diminueraient le risque de mortalité prématurée. Ils constituent en tous les cas une piste pour améliorer sa santé cardiovasculaire.

De quoi on parle?

L’utilisation assidue du sauna a un effet positif sur la santé et la mortalité, selon une étude finlandaise. Y compris pour les personnes ayant des problèmes cardiovasculaires. L’effet optimal est obtenu avec quatre à sept séances par semaine, soit une pratique vraiment soutenue. Mais les gains sont déjà notables à partir de deux à trois saunas hebdomadaires. Si ce rythme n’effraie pas les Finlandais, qui ont ces pratiques inscrites dans leur ADN, il semble plus difficile à suivre sous nos latitudes. Reste que cette étude ouvre des perspectives sur l’utilisation thérapeutique des bains finlandais et donne des pistes aux scientifiques sur ses effets, notamment sur le plan cardiovasculaire.

En Finlande, la pratique du sauna fait partie de l’hygiène, au même titre que le brossage de dents. C’est aussi un art de vivre et seul un petit 0,5% de la population ne s’adonne pas à ce «sport» national au moins une fois par semaine. On comprend l’attrait d’un réchauffement vigoureux pendant le long hiver nordique. Mais au seuil de l’été, dans notre pays au climat plus clément, c’est plutôt la piscine qui nous attire. Pourtant même chez nous se pose maintenant la question: si le sauna permet de vivre plus longtemps, pourquoi ne pas en faire un usage régulier? D’autant plus que les résultats sont rapides et les effets sur l’espérance de vie assez spectaculaires.

Des pistes thérapeutiques

«Même si les résultats de l’étude finlandaise sont assez enthousiasmants, nous n’en sommes pas à des recommandations de santé publique», s’amuse Idris Guessous, médecin adjoint à l’Unité hypertension du service de premier recours des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Mais alors, que nous apporte concrètement cette étude, à nous qui vivons sous des latitudes où il n’est pas très courant de s’adonner au sauna quotidiennement? «L’intérêt est avant tout scientifique, explique le médecin genevois. Pour formuler des recommandations, nous devons attendre d’autres études. Il faudra par exemple comparer l’état de santé des personnes qui font du sauna à celui de personnes qui n’en font pas du tout, ce qui n’était pas possible en Finlande où tout le monde en fait un peu. Mais cette étude a le mérite de montrer des effets intéressants chez les personnes qui le pratiquent régulièrement. Enfin, l’identification des mécanismes protecteurs –que nous ne connaissons pour le moment pas– pourrait nous aider à comprendre les facteurs en jeu dans les morts subites, les maladies cardiovasculaires, l’hypertension, et nous donner des pistes thérapeutiques.»

La pression artérielle

Les mécanismes en jeu

Les mécanismes qui permettent d’améliorer la longévité grâce au sauna sont encore incertains, même si le lien entre la fréquence des séances et l’amélioration de la longévité semble clair dans l’étude citée. L’augmentation du rythme cardiaque est une des pistes qui expliquerait ces bénéfices. Elle est due à la chaleur qui provoque une dilatation des vaisseaux avec pour conséquence une baisse de la pression artérielle. Le cœur réagit à cette situation en augmentant ses pulsations pour envoyer suffisamment de sang dans l’organisme. «Cela équivaut, pour le cœur, aux effets de l’exercice physique», explique Idris Guessous.

Le sauna permettrait de faire du sport sans bouger en quelque sorte, tout comme on peut stimuler sa musculature grâce à des appareils électriques, sans lever le petit doigt! Un avantage pour les personnes ayant un problème de mobilité. «L’idéal est de pratiquer un véritable exercice physique avant de prendre un sauna, comme dans les fitness par exemple», souligne tout de même le médecin. Autre piste d’explication: l’élévation du taux de certaines hormones, bénéfiques pour le cœur.

Quelques contre-indications

En Finlande on compte moins de deux décès pour 100 000 personnes dans les saunas, alors même que l’ensemble de la population fréquente régulièrement ces lieux. Un cas sur deux est lié à la consommation d’alcool. Les malades chroniques, y compris les personnes souffrant de maladies cardiaques et les hypertendus, peuvent sans risque s’adonner au sauna à quelques exceptions près.

Contre-indications absolues: pour les patients atteints d’un rétrécissement de la valve aortique (sténose aortique), ceux qui souffrent d’angine de poitrine instable, ceux qui ont eu un infarctus du myocarde récent, et aussi en cas de plaies non cicatrisées.

Contre-indications relatives: pour les personnes ayant une insuffisance cardiaque décompensée, une arythmie (trouble du rythme cardiaque), un accident vasculaire cérébral récent.

La prudence est de mise pour ceux qui souffrent d’une hypotension liée à la posture (risque de chute). Par ailleurs, le sauna semble soulager les patients souffrant d’asthme et de bronchite chronique, diminuer les douleurs articulaires, améliorer certaines maladies de la peau (psoriasis), baisser la pression sanguine. Le sauna aurait également un effet sur la production d’hormones et stimulerait l’immunité.

Pas si simple à mettre en pratique

La clinique La Lignière à Gland (VD), spécialisée en réhabilitation cardiovasculaire, a longtemps inclus des séances de sauna dans son programme de réadaptation. Ce n’est plus le cas. Claude-Alain Nacht, cardiologue et responsable de ce programme, évoque la complexité de ce traitement dans le cadre d’une clinique. «Nous avons cessé de le faire, non pas pour des questions d’efficacité –car je pense toujours que le sauna est bénéfique pour le patient– mais pour des questions pratiques», explique-t-il. Il fallait en effet que chaque patient, qui venait malgré tout de vivre un problème cardiovasculaire aigu, soit accompagné par un médecin dans le sauna. Ce qui n’est pas toujours aisé. Par ailleurs, comme beaucoup de ces patients venaient d’être opérés, ils ne pouvaient pas profiter d’un sauna en raison de plaies non cicatrisées. Autant de raisons qui ont mené à l’arrêt de cette pratique.

Dans son expérience, le spécialiste relève les effets de détente du sauna, qui «équivaut à une séance de relaxation classique». Son impact psychologique est par ailleurs important. «Certains patients, très réticents au départ puisqu’ils venaient de vivre un incident cardiaque, reprenaient confiance dans leur cœur après être allés au sauna», relève Claude-Alain Nacht.

Quant à utiliser le sauna comme substitut à l’exercice physique, le cardiologue est plus dubitatif. «Il peut représenter une bonne option pendant les longs et sombres hivers nordiques, par moins 25 degrés. Toutefois, le sauna ne remplace pas l’exercice physique. En mesurant le rythme cardiaque au cours d’une séance, nous avons constaté qu’il n’augmente pas autant qu’avec le sport.»

Des effets bénéfiques assurés dès quatre séances hebdomadaires

L’étude finlandaise, parue dans la revue américaine JAMA Internal Medicine du 23 février 2015, porte sur 2315 participants de 42 à 60 ans, suivis pendant une période de près de vingt et un ans. Les auteurs ont comparé les effets sur la santé du sauna en fonction de sa fréquence, de sa durée et de sa température. Ainsi, un rythme de deux à trois fois par semaine diminuait le risque de mortalité de 24% par rapport à une séance par semaine. Risque qui se réduisait de 40%, avec un effet quasi immédiat, au rythme de quatre à sept séances hebdomadaires, toujours en comparaison avec une seule session. Quant à la durée optimale, elle se situe au-delà de 19 minutes (versus moins de 11 minutes et 11 à 19 minutes). Et la température aux environs de 80 degrés.

Le risque de mortalité comprenait les maladies cardiovasculaires, les morts subites d’origine cardiaque, les maladies coronariennes et les autres causes de mortalité liées à une maladie.  On peut s’étonner qu’il n’y ait pas eu de comparaison avec des personnes ne faisant pas de sauna. L’explication tient probablement au fait qu’en Finlande tout le monde se plie à cette coutume au moins une fois par semaine. Et en effet, sur plus de vingt ans, il y a eu quasi 100% de suivi, seules 12 personnes ont dû être exclues pour n’avoir pas pris de sauna.  A noter que le sauna finlandais ne comprend généralement pas de «choc thermique», en s’aspergeant avec de l’eau froide, ou en se baignant à la fin de la séance. Ce n’est donc pas ce choc qui est à l’origine de ses bienfaits.

En collaboration avec

Le Matin Dimanche

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