L’hépatite E infecterait jusqu’à un Suisse sur cinq
L’hépatite E résulte de l’infection par le virus du même nom (le VHE). Ce virus présente une diversité génétique importante qui se traduit par quatre sous-espèces, ou génotypes, identifiés comme autant d’agents capables d’infecter l’être humain. Nommés VHE 1, VHE 2, VHE 3 et VHE 4, ils se répartissent en différents points du globe: Asie pour VHE 1, Afrique et Mexique pour VHE 2, partout ou presque pour VHE 3 et Asie du Sud-Est pour VHE 4. Selon les estimations, un tiers de la population mondiale a été infecté par le virus, le plus souvent sans développer de symptômes.
Deux voies majeures d’infection ont été mises en évidence. La consommation d’eau souillée, contaminée par des excréments, pour VHE 1 et VHE 2. La consommation de viande de porc ou de gibier, crue ou insuffisamment cuite, pour VHE 3 et VHE 4. Plus rarement, une transmission par transfusion sanguine a été décrite.
Comment éviter l’infection par le virus de l’hépatite E (VHE)?
Quelques précautions peuvent réduire les risques d’infection par le VHE:
- Veiller à une cuisson suffisante de la viande de porc et de gibier.
- Pour les personnes «à risques» (personnes immunosupprimées ou présentant des affections hépatiques): éviter la consommation de viande crue et de crustacés.
- En cas de voyage dans des régions endémiques: s’abstenir de boire de l’eau non bouillie et de manger des fruits et légumes crus.
Une infection pas toujours silencieuse
Selon le génotype du virus responsable de l’infection, les conséquences peuvent différer. Ainsi, dans les pays où l’hépatite E est endémique (Asie, Afrique, Mexique), la proportion de personnes ayant été en contact avec le virus atteint 30 à 80% de la population adulte. Des épidémies ainsi que des cas sporadiques sont régulièrement observés. Sans que l’on sache encore pourquoi, les épidémies touchent surtout les jeunes adultes, de 15 à 35 ans, et les symptômes de la maladie se révèlent deux à cinq fois plus chez les hommes que chez les femmes.
Dans les pays développés, la grande majorité des hépatites E provient d’infections par le VHE 3 qui n’est pas «importé» de pays endémiques mais bien présent chez nous. Dans la plupart des cas, l’infection reste silencieuse mais des symptômes peuvent apparaître, le plus souvent chez des hommes de plus de 50 ans ayant une consommation excessive d’alcool ou souffrant d’une maladie du foie préexistante. La proportion de personnes atteintes a été estimée entre 4,2 et 21,8% par une étude récente menée sur des donneurs de sang en Suisse romande.
Lorsqu’elle ne se résout pas au silence, la maladie peut se révéler de différentes manières.
Tout d’abord, elle peut se traduire par une infection aiguë. Elle se manifeste alors par des symptômes tels que nausées, manque d’appétit, douleurs abdominales, fièvre ou douleurs articulaires. Une minorité de patients présente également un ictère (ou «jaunisse») dont la durée varie de quelques jours à quelques semaines. La maladie se dissipe en général en quatre à six semaines. Toutefois, chez les patients ayant une atteinte hépatique préexistante, elle peut s’avérer fatale dans une proportion allant jusqu’à 5% des cas. Les femmes enceintes seraient par ailleurs susceptibles de développer une hépatite E fulminante en cas d’infection par le VHE 1, avec une mortalité allant jusqu’à 15 à 25%.
Deuxième cas de figure: l’infection chronique. Beaucoup plus rare, elle se caractérise par une persistance du virus dans l’organisme pendant plus de six mois. Jusqu’ici elle n’a été observée qu’avec le VHE 3, chez des patients immunosupprimés, suite à une transplantation d’organe, dans un contexte de chimiothérapie ou d’une infection par le VIH (virus du SIDA). Si la plupart des patients ne présente aucun symptôme, l’infection chronique peut entraîner le développement d’une fibrose, voire d’une cirrhose.
Enfin, l’hépatite E peut provoquer des atteintes dites extrahépatiques et se traduire par des troubles neurologiques, des pancréatites aiguës ou encore des complications rénales.
Deux vaccins prometteurs
Pour un diagnostic sûr, la méthode idéale est la «réaction en chaîne par polymérase» (PCR), une technique de laboratoire permettant d’identifier et de quantifier le virus dans les selles ou le plasma du patient.
Quand l’infection du foie est avérée, quelle est la marche à suivre? La grande majorité des infections aiguës se résout spontanément. Dans les infections chroniques des patients transplantés, une baisse de l’immunosuppression est envisagée. En l’absence de réponse, des traitements de ribavirine ou d’interféron-alpha pegylé peuvent être proposés.
Deux vaccins évalués dans deux larges études au Népal et en Chine ont par ailleurs démontré une efficacité prometteuse. L’un d’entre eux, le vaccin recombinant HEV 239 ou «Hecolin», est actuellement commercialisé en Chine. L’utilisation de vaccins pourrait être indiquée pour des patients immunosupprimés ou souffrant d’une pathologie hépatique chronique, ainsi que pour les populations résidant ou voyageant dans des zones endémiques.
L’Hépatite E pistée à Lausanne
Durant les douze derniers mois, douze cas d’hépatite E aiguë autochtone symptomatiques ont été identifiés par la méthode polymerase chain reaction (PCR) au CHUV, à Lausanne. Neuf des douze patients étaient des hommes, tous âgés de plus de 50 ans. Trois cas d’hépatites aiguës acquises lors de voyages en zones endémiques ont également été découverts (VHE 1) ainsi que trois cas d’hépatite E chronique chez des patients transplantés hépatiques et rénaux (VHE 3).
Référence
Adapté de «Mise à jour sur l’hépatite E», Drs P. Hiroz, J. Gouttenoire, V. L. Dao Thi, C. Doerig, R. Sahli, Prs D. Moradpour, A. Telenti, CHUV, Lausanne, in Revue médicale suisse 2013;9:1594-8, en collaboration avec les auteurs.
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