Adolescents: des spécialistes s'occupent de leur santé

Dernière mise à jour 25/11/14 | Article
Adolescents: des spécialistes s'occupent de leur santé
Pour l'OMS, on est adolescent entre douze et vingt ans. A cette période et selon ses soucis de santé, il peut être difficile de se faire soigner par son pédiatre ou par un médecin «pour adultes». Cependant, des spécialistes de la médecine pour adolescents sont là pour s'occuper de ces patients, comme le fait, à Genève, la Consultation santé jeunes des Hôpitaux universitaires. Interview de sa directrice, le Dr Françoise Narring.
Un adolescent expérimente divers changements qu'expérimente un adolescent. Comment un médecin les résume-t-il?

Dr Françoise Narring: Ces changements ont un aspect physique: l'adolescence commence avec la puberté et le corps se modifie, se sexualise. Mais des processus psychologiques accompagnent aussi ce changement. Les jeunes vont vers plus d'autonomie et se dirigent vers leur identité d'adulte.

Cela conduit à un réaménagement des relations de l'adolescent, notamment avec sa famille – à la fin de l'adolescence, on la quitte pour devenir autonome ou pour en fonder une soi-même. Ce processus de séparation d'avec les parents peut être plus ou moins violent ou «confrontant», selon les personnalités et les familles.

L'environnement dans lequel on vit influence aussi la forme que prennent ces questionnements. Les problèmes des adolescents se modifient sans arrêt en fonction du niveau socioéconomique de leur quartier, du marketing ou de l'évolution générale de la société.

Quelle est l’attitude des jeunes face à leur santé ?

Les jeunes ont beaucoup de mal, surtout au début de l'adolescence, à se projeter dans l'avenir, aussi en ce qui concerne la santé et la maladie. Ils voudraient tout de suite voir une amélioration ou obtenir des réponses.

Or, il faut généralement de la patience. Les situations s'améliorent d'habitude avec l'âge mais les changements prennent du temps. Les jeunes qui suivent un traitement continu pour une maladie chronique connaissent par exemple des phases difficiles à l'adolescence. Mais, une fois qu'ils choisissent leur voie de formation ou qu'ils commencent à travailler, leur mode de vie change, ce qui peut avoir des bénéfices pour leur santé.

La patience est également de mise pour les parents. Dans une maladie qui peut être longue, comme l'anorexie, ils devront longtemps tenir leur rôle pour arriver au bout du traitement.

En tant que médecin, en quoi est-ce différent de s'occuper d'adolescents?

Nous apprenons aux futurs médecins que, lorsqu'on voit un adolescent, il faut toujours aborder la question des comportements à risque et systématiquement lui demander s'il se pose des questions intimes, même s'il ne les a pas mises en avant de lui-même. Ces deux domaines recouvrent ses relations avec les autres, son comportement et son vécu émotionnel, et les consommations de substances: alcool, tabac, drogues. Il faut s’intéresser à tout ce qui tourne autour de la sexualité, qu'il s'agisse de questionnements généraux ou de conduites à risque.

L'examen physique est aussi l'occasion pour ces jeunes d'apprendre beaucoup sur un corps qu'ils connaissent souvent mal. Nous leur faisons souvent écouter leur propre cœur ou, s'ils ont des douleurs, nous leur expliquons où se situent leurs organes. Vers 12 ou 13 ans, ils se demandent souvent s'ils sont «normaux». Lors de l'examen et avec ces explications, on peut les rassurer.

Entre la puberté et 25 ans, la neuroimagerie du cerveau a montré qu'il y a un potentiel d'apprentissage très important. On peut aussi le mettre à profit pour promouvoir de bonnes habitudes de santé!

Les soucis d'ordre psychologique sont aussi fréquents à l'adolescence.

Oui. Et de nombreux problèmes de santé mentale, comme la dépression ou la schizophrénie, peuvent se déclarer à cette période.

Suivant le motif de consultation – par exemple, dans les cas où un absentéisme scolaire a alarmé les proches –, nous réalisons à la Consultation Santé jeunes des évaluations globales de la santé auxquelles participent des psychiatres. Les jeunes s'y prêtent, même s'ils ont une représentation assez terrible de ces médecins quand ils arrivent.

La consommation de cannabis des adolescents est-elle une préoccupation pour vous?

Cela dépend. S’il s’agit d’une consommation récréative, occasionnelle, en groupe et pas tous les week-ends, on ne s'en inquiète pas exagérément. Les jeunes passent souvent par ces phases: de nombreuses études montrent que la consommation de cannabis dans la population augmente à l'adolescence pour diminuer plus tard dans la vie.

Par contre, une consommation régulière, voire pluri-hebdomadaire, doit inquiéter. De même que des consommations révélatrices d'autres problèmes, par exemple de sommeil.

Et, enfin, Internet et les nouveaux médias posent-ils des problèmes spécifiques?

Certes, cela peut avoir une influence négative sur le sommeil et le travail scolaire. Mais cela permet aussi aux adolescents de communiquer différemment; parfois, cela améliore leurs relations. Chez les jeunes que je vois, l'impact de ces objets est très lié au rôle que jouent les parents et au mode d'éducation qu'ils mettent en place.

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