Témoignage d’une femme qui allaite

Dernière mise à jour 19/10/12 | Article
Témoignage d’une femme qui allaite
A l’heure où le lait maternisé est proposé en capsules et où le biberon peut être préparé en un clic, des femmes avancent à contre-courant et font le choix d’un allaitement de longue durée. Le récit différent d’une de ces mères «nourricières».
«Pourquoi nourrir mes enfants avec du lait de vache alors que j’ai du lait?», Nathalie, 32 ans, mère de deux enfants.

A la naissance de son premier enfant, Nathalie était loin d’imaginer qu’elle allaiterait sa fille pendant deux ans: «J’étais partie pour un allaitement exclusif durant six mois, selon les recommandations de l’OMS. Puis, tous les trois mois, je me disais: bon je continue. Le lait est l’aliment de base d’un enfant jusqu’à ses trois ans. Pourquoi lui donner du lait de vache alors que j’ai mon lait?», s’est-elle alors interrogée.  

Dans un premier temps, l’allaitement a été un moment particulièrement précieux entre cette mère et sa fille Lucie, âgée de cinq ans. A la naissance en effet, Lucie devait le plus possible rester en couveuse à cause d’une infection et d’une jaunisse. «Cette coupure physique a été douloureuse. L’allaitement nous a permis de créer un lien et de favoriser les échanges corps à corps». La jeune mère s’est alors intéressée de plus en plus à la question, puis s’est rendue à une rencontre de la Leche League, l’association qui soutient l’allaitement et le maternage. «Des bambins de deux ans, allaités par leur mère, couraient partout. J’ai été très choquée. Je me suis demandé où j’avais atterri ! Ces séances m’ont toutefois apporté beaucoup au fil du temps. Aujourd’hui, je porte un autre regard sur l’allaitement prolongé. Certes, un enfant de deux ans n’est plus un bébé et peut paraître trop grand pour être au sein, mais par rapport à l’échelle de sa vie, il est petit et ses besoins restent importants». Naturellement, dès 6 mois, le temps des compotes est arrivé, et les tétées se sont espacées. «Je nourrissais Lucie au sein trois fois par jour, le matin, le soir et avant la sieste. Son besoin de succion était par ailleurs assouvi par une lolette». C’est la survenue d’une deuxième grossesse qui a déclenché le sevrage. «Ma fille a très bien accepté cette situation. Elle s’est détournée de mon sein voyant que le lait ne coulait plus».

«Je ne mérite pas de médaille et je n’ai rien à prouver à personne»

Entre temps, Vincent, 28 mois aujourd’hui, est né. «Je l’allaite encore cinq à six fois par jour. Pour lui, mon lait est une source de réconfort, alors que ma fille se nourrissait vraiment. Chaleur maternelle, odeur, battements du cœur, bon goût du lait, aliment, pour lui, c’est un tout. Je suis très heureuse de maintenir ce lien, mais la fréquence et les réveils nocturnes me fatiguent. Je lui montre qu’il y a d’autres intérêts, mais j’ai l’impression que le sevrage est encore loin». Loin l’idée d’être une maman surprotectrice et toute puissante, Nathalie fait au contraire en sorte de stimuler l’autonomie de ses enfants: «Nous sommes très complices, mais ils sont aussi très sociables avec les autres et sont à l’aise quand je ne suis pas là». Nathalie ne s’est jamais cachée de cette pratique peu courante, mais sans provocation: «On me dit parfois que je suis courageuse, mais pour moi ce n’est pas un acte de bravoure. Je ne mérite pas de médaille et je n’ai rien à prouver à personne.» D’autres, par contre, sont plus dubitatifs: «Ma belle-sœur ne me comprenait pas et je sentais que ça la perturbait beaucoup. J’imagine aussi que d’autres désapprouvent en silence, mais je n’ai pas le besoin de me justifier et je n’ai pas non plus la volonté de faire du prosélytisme. On trouve normal de voir un enfant de 4 ou 5 ans boire un biberon, mais moins l’image d’un enfant de deux ans qui est allaité».

Si la jeune maman est à l’aise avec ses choix, elle n’en demeure pas moins discrète: «Cet été, en vacances, j’ai allaité mon fils au bord de la piscine. Au quotidien néanmoins, j’ai tendance à rentrer à la maison plutôt que d’allaiter mon fils en public. Côté vie intime, la jeune femme assure que son mari la soutient pleinement: «Le fait de ne jamais avoir à se lever pour donner le biberon est pour lui un avantage! Je suis très investie dans la maternité aujourd’hui, mais c’est une période. Et je reste très femme par ailleurs ». Côté sexualité, pas l’ombre d’un nuage non plus. La jeune femme rebondit avec une pirouette: «Mon mari a eu mes nénés avant, il les aura après!»

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