Aider les enfants exposés à des violences domestiques

Dernière mise à jour 16/04/13 | Article
Aider les enfants exposés à des violences domestiques
L’exposition des enfants à des violences conjugales est un problème difficile à traiter. Pour aider ces victimes, des médecins ont élaboré un modèle qui s’appuie sur la collaboration entre trois structures médicales.

Les enfants dont les parents ont une relation conflictuelle souffrent souvent en silence de cette situation. Cette forme de maltraitance psychologique peut entrainer de graves conséquences sur le développement. Les pédiatres, d’ailleurs, ne détectent pas facilement ce problème, les enfants étant soumis à une pression parentale qui les pousse à se taire.

La mère, souvent victime, éprouve un sentiment de honte qui la force à ne rien dévoiler; elle peut aussi craindre des représailles de la part de son mari. Pour soigner ces familles, des médecins ont mis sur pied à Lausanne une approche qui allie le travail de trois services afin de les détecter, d’évaluer leur situation puis de les prendre en charge.

L’unité de médecine des violences (UMV)

Ce service du CHUV accueille les adultes victimes de violences interpersonnelles, qu’il s’agisse de maltraitance conjugale, familiale, ou communautaire. La consultation, gratuite, permet à ces patients de raconter leur histoire mais aussi d’établir un constat des «coups et blessures» subies, photographies à l’appui. Après avoir effectué une évaluation de la situation, l’UMV oriente ces personnes vers les institutions d’aide aux victimes de violence et de maltraitance.

L’UMV accueille autant d’hommes que de femmes. Un tiers des situations concerne des maltraitances conjugales ou familiales dont les victimes sont en majorité des femmes; les deux tiers restant des situations concernent des violences communautaires dont les victimes sont majoritairement des hommes. Dans 99% des cas, les violences sont physiques et, pour plus de la moitié des patients, ce n’est pas le premier épisode.

Prise en charge des enfants

Lorsque des enfants sont exposés à des violences conjugales, ils sont pris en charge par le CAN team (Child Abuse and Neglect) de pédiatrie du CHUV. De la grossesse à l’adolescence, tous les enfants peuvent être exposés à des violences domestiques. Les conséquences sur leur développement varient selon les âges et le degré de violence. Un enfant scolarisé pourra ainsi manifester des signes d’agressivité envers ses camarades ou adopter une attitude de repli sur soi. A l’adolescence, ces jeunes seront plus facilement attirés par une consommation abusive d’alcool ou de drogues.

Des études ont démontré que ces jeunes risquent plus de subir d’autres types de violences, aussi bien physiques que sexuelles ou de présenter des troubles du comportement. Face à ce danger, la solution adéquate implique une prise en charge de toute la famille afin de rétablir une ambiance harmonieuse à la maison. C’est à ce moment que l’unité des Boréales intervient pour aider ces patients.

Thérapies

Les Boréales est un service de psychothérapie individuelle et familiale qui fait partie du CHUV. Selon les types de maltraitance, les soins à apporter varient. Quand les deux parents sont les protagonistes de scènes conjugales, une thérapie de couple leur est alors suggérée. Lorsqu’un seul conjoint fait preuve de violence sur son partenaire, une thérapie individuelle est plus adéquate.

Grandir dans une famille violente

Quant aux conséquences sur le développement de l’enfant, elles se situent à plusieurs niveaux. Sur le plan social, l’enfant risque de considérer la violence comme une norme. Il pourra donc rencontrer des difficultés d’intégration dues à une attitude agressive envers les autres.

Sa réaction dépendra aussi de son âge. Dans un premier temps, il aura tendance à culpabiliser. Dans un second temps, il comprendra mieux les circonstances des conflits et se montrera alors plus protecteur envers la victime. Dans tous les cas, il manquera de sécurité émotionnelle. Sur le plan psychique enfin, la pression exercée sur l’enfant par les parents peut engendrer des troubles du comportement, une dépression, ou alors une mauvaise image de soi.

En définitive, les conséquences désastreuses d’une exposition de l’enfant à des violences domestiques ne sont plus à démontrer. Cette forme de maltraitance psychologique est aussi néfaste que la maltraitance physique ou encore les abus sexuels. Il est donc important d’appliquer une approche qui permet de détecter et de prendre en charge ces enfants afin de les aider à grandir dans un environnement familial plus serein.

Référence 

Adapté de «Exposition de l’enfant à des violences domestiques: un modèle pluridisciplinaire de détection, d’évaluation et de prise en charge», Dr J-J. Cheseaux, Dr A. Duc Marwood et Dr N. Romain Glassey, in Revue médicale suisse, 2013; 9: 398-401.

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