Cancer: messieurs, congelez votre sperme!

Dernière mise à jour 17/01/13 | Article
Cancer: messieurs, congelez votre sperme!
Grâce à l’amélioration des traitements contre le cancer, les chances de guérison augmentent. Malheureusement, ces thérapies ne sont pas exemptes d’effets secondaires à long terme, notamment sur la fertilité masculine. Et si, faire congeler son sperme était la seule solution pour connaître les joies de la paternité?

Plus d’un tiers des hommes est touché par le cancer au cours de sa vie, dont 15% des moins de 55 ans. Selon un sondage auprès d’hommes âgés de 14 à 40 ans touchés par cette maladie, 77% d’entre eux souhaitent devenir père un jour. Or, la maladie, son impact psychologique et les traitements prescrits pour la combattre peuvent sérieusement entraver ce désir de paternité. Voici comment.

En premier lieu, les cancers (testiculaire, hématologique et autres) provoquent des altérations hormonales ou métaboliques qui réduisent la fertilité. De plus, la maladie est souvent associée à la malnutrition, à des déficits en vitamines, minéraux et nutriments, qui sont pourtant nécessaires à la production de sperme. Concrètement, lorsque la tumeur touche les testicules, on constate une diminution de la qualité et de la quantité de sperme. C’est ce qu’a montré une étude portant sur le spermogramme de près de huit cents malades du cancer. Des anomalies ont été observées chez 64% d’entre eux. Des substances (cytokines) libérées par la tumeur diminuent en effet la motilité (capacité de mouvement) des spermatozoïdes.

Le stress psychologique imposé par la maladie représente également un frein non négligeable, de même que les thérapies contre le cancer qui peuvent altérer, de manière transitoire ou définitive, la fertilité. De nombreuses études le démontrent, la chimiothérapie et la radiothérapie sont susceptibles de provoquer des dommages sur les cellules reproductives masculines. C’est sans compter les risques de malformations congénitales ou de cancers chez les enfants nés de pères ayant été traités pour un cancer.

Le cancer tue-t-il la possibilité d’être père?

Les chances pour les patients de pouvoir devenir père après une chimiothérapie ou une radiothérapie dépendent en grande partie de l’intensité, de l’étendue et de la durée des traitements subis. Le potentiel de fertilité avant la prise en charge de la maladie est également un facteur pronostique important. Bien que les traitements et le choix des protocoles peuvent limiter les dégâts, le risque de stérilité n’est pas exclu. A ce jour, la seule méthode valable pour préserver sa fertilité en cas de cancer est la cryoconservation de sperme avant traitement, en vue de son utilisation par procréation médicalement assistée si la stérilité est avérée. Cette technique consiste à récolter deux ou trois éjaculats de sperme, qui sont ensuite congelés dans de l’azote liquide et conservés dans une banque de sperme, sans limite dans le temps. Dans certains cas toutefois, la cryoconservation n’est pas possible, par exemple lorsque la qualité du sperme n’est pas suffisante, en cas d’azoospermie (absence totale de spermatozoïdes dans le sperme) ou lorsque l’éjaculation est impossible, et un prélèvement chirurgical peut alors être envisagé.

Le taux de succès des techniques de procréation médicalement assistée dans ces circonstances est comparable aux situations d’infertilité primaire ou secondaire. On estime ces chances entre 33 et 56%.

Malgré la simplicité de cette procédure, seuls 27% des hommes en âge de procréer et atteints de cancer ont bénéficié d’une cryoconservation. Pour expliquer ces chiffres, les spécialistes évoquent le manque de temps avant le début du traitement, l’absence d’une structure adéquate, d’intérêt du patient pour cette question au moment du diagnostic ou encore le manque de connaissance ou d’intérêt du personnel soignant. Heureusement, l’introduction de programmes spécifiques pour la préservation de la fertilité a déjà permis de faire évoluer ces statistiques à la hausse.

Référence

Adapté de «Préservation de la fertilité masculine et cancer,» Céline Leyvraz Recrosio, Marie-Pierre Primi, Laurent Vaucher, Rev Med Suisse 2012;8:2335-2339, en collaboration avec les auteurs.

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