Cancer de la prostate: ultrasons, un nouvel espoir thérapeutique

Dernière mise à jour 09/05/12 | Article
Sous-vêtement d'homme
Le recours à des ultrasons bien particuliers pourrait permettre de traiter efficacement certains cancers de la prostate lorsque la tumeur est encore très localisée. Le tout sans complications urinaires ou érectiles notables. Des résultats récemment obtenus par une équipe travaillant à Londres confirment cette nouvelle approche.

Le travail vient d’être exposé de manière détaillée sur le site de The Lancet Oncology. Il concerne l’ablation de tumeurs prostatiques au moyen du recours à des ultrasons de haute intensité (USHI). Les équipes spécialisées dans le traitement du cancer de la prostate sont généralement rompues à une approche multidisciplinaire (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie voire abstention thérapeutique) dans la prise en charge de leurs patients. Après quelques tentatives non fructueuses utilisant les ultrasons certains postulent que le traitement par USHI de certains cancers prostatiques peut constituer une option présentant les avantages des traitements non-invasifs : ablation non chirurgicale, à la fois locale et précise pratiquée en une seule séance avec une durée d’hospitalisation très réduite et un faible taux de complications.

Le traitement peut être en outre répété. Les premières approchent ont montré que les USHI peuvent donner de bons résultats chez des patients atteints d’un cancer à la fois localisé de la prostate (stades T1-T2) et peu «agressif». Ces ultrasons peuvent d’autre part être utilisés chez des patients présentant une récidive locale apparue après une radiothérapie. Les premières approches tendent à montrer que le volume de la prostate ne doit pas excéder 35 g. En pratique le traitement est réalisé par voie transrectale, sous anesthésie épidurale. Il peut être effectué en ambulatoire. Il ne présente pas d’inconvénients majeurs, à l’exception du fait  que le patient doit porter une sonde vésicale pendant une dizaine de jours.

C’est dans ce contexte que vient d’être publié l’étude réalisée à Londres par une équipe dirigée par le Dr Hashim U. Ahmed et le Pr MarkEmberton ( Division of Surgery and Interventional Science, University College). Elle démontre que l’on peut, à un an, obtenir des résultats satisfaisants. Au départ, le travail a été mené sur 41 patients âgés de 45 à 80 ans recruté entre juin 2007 et juillet 2010. Les caractéristiques de ces malades étaient un taux de PSA  ≤ 15 ng/mL, une tumeur à un stade stade ≤ T2 et un  «score de Gleason» ≤ 4). En d’autres termes tous souffraient de lésions cancéreuses limitées, dites «unifocales» ou «multifocales».

Après six mois, il n’y avait plus de signes tissulaires (histologiques) de cancer chez 30 des 39 hommes  chez lesquels des prélèvements par biopsie avaient pu être pratiqués. Une reprise du traitement par USHI a été effectuée chez 4 hommes. Douze mois après le traitement initial 95 % des patients (39 sur 41), ne présentaient pas de signes de maladie lors d’un examen par IRM.  Si le traitement est correctement conduit, il n’y a pas d’effets indésirables particuliers à attendre, expliquent en substance les spécialistes qui développent les USHI.

Concrètement, chez les patients de cette étude londonienne. l’équipe médicale n’a observé ni incontinence urinaire, ni lésions des organes du voisinage. On notera toutefois que 10 % de ces hommes font état de problèmes érectiles persistants  douze mois après l’intervention. Soit, au total, une des complications nettement moindre que celles qui, trop souvent font suite  au traitement habituel associant chirurgie et radiothérapie. Au point que les décisions d’abstention thérapeutique (prises notamment en fonction de l’âge) ne sont plus aujourd’hui l’exception.  Des confirmations ultérieures seront nécessaires. Ce type de traitement est en cours d’évaluation en France précise, à Paris, l’Institut National du Cancer (Inca), qui rappelle que les troubles de l’érection touchent 50 à 70 % des patients avec les traitements conventionnels. Ce traitement par USHI peut aussi être utile chez des patients chez lesquels on ne pratiquera pas d’ablation radicale de la prostate  en raison de leur âge, de leur état général ou de leurs pathologies associées.

«L'intérêt, c'est aussi la possibilité de refaire un second traitement focalisé en cas de récidive a  expliqué au quotidien français Le Figaro le Pr Marc Zerbib (hôpital Cochin, Paris) qui mène actuellement un essai avec la photothérapie dynamique. Mais c'est aussi d'intervenir plus radicalement par une chirurgie si la tumeur devient plus évolutive.»  Pour le Pr Guy Vallancien (Institut mutualiste Montsouris, Paris) les traitements focaux ont, d’une manière générale, un grand avenir dans le domaine du cancer de la prostate.

Ce spécialiste reconnu explique que son équipe a déjà traité déjà plus d’une centaine de patients avec de tels ultrasons, et ce sans incidence sur l'incontinence et la sexualité. Cela représente selon lui un changement radical de stratégie, avec le traitement d'un premier foyer s'il est limité et d'autres, ultérieurs, si cela s’avère nécessaire. C’est dire selon lui tout l’intérêt des dépistages précoces par dosage sanguin de PSA, dépistages aujourd’hui contestés en France par la Haute Autorité de santé ce qui fait polémique comme on peut le lire dans les colonnes de la Revue Médicale Suisse.

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