Médicaments pour le traitement des troubles bipolaires

Dernière mise à jour 05/07/11 | Article
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Ces médicaments psychotropes sont utilisés pour traiter les fluctuations extrêmes de l’humeur telles qu’elles apparaissent lors d’une maladie maniaco-dépressive. Depuis quelques années, cette forme de maladie est appelée «trouble bipolaire».

Ces médicaments psychotropes sont utilisés pour traiter les fluctuations extrêmes de l’humeur telles qu’elles apparaissent lors d’une maladie maniaco-dépressive. Depuis quelques années, cette forme de maladie est appelée «trouble bipolaire». Les médicaments utilisés pour son traitement sont appelés «prophylactiques de phase», car ils peuvent atténuer ou éviter les phases maniaques ou dépressives. On les appelle aussi des «stabilisateurs d’humeur», ce qui, à notre avis, tend à minimiser la gravité des situations pour lesquelles ils sont indiqués.

Qu’entend-on par troubles bipolaires?

Les personnes qui souffrent d’un trouble bipolaire vivent des épisodes aussi bien dépressifs que maniaques à des fréquences et à des intensités variables. Durant une phase dépressive, la personne concernée souffre d’une profonde tristesse et présente les symptômes classiques d’une dépression. Lors d’une phase maniaque, elle ressent une exaltation extrême, déborde d’énergie, imagine qu’elle peut tout faire, son humeur est rayonnante, mais elle se surestime nettement. Elle a de la peine à prendre des décisions réalistes et peut s’épuiser physiquement jusqu’à mettre sa santé en danger. Il arrive qu’elle dépense sans compter son argent, ce qui peut lui poser des problèmes, ainsi qu’à son entourage. Il existe aussi une forme de manie atténuée, appelée hypomanie, et dont le caractère pathologique ne peut être évalué qu’en tenant compte de l’histoire de la maladie sur plusieurs années. Il y a toute une série de formes mixtes ou plus ou moins marquées de troubles bipolaires pour lesquels les spécialistes utilisent des termes différents. Pour les personnes concernées, cette situation est souvent déconcertante, puisqu’il arrive qu’elles reçoivent des diagnostics différents suivant les médecins qu’elles consultent. Les variations très légères de l’humeur sont appelées «cyclothymie». Les épisodes maniaques et dépressifs peuvent parfois se succéder très rapidement (au moins quatre fois par an), les spécialistes parlant alors de «cycles rapides» («rapid cycling»). Il peut aussi arriver que les changements surviennent durant une période de seulement quelques jours. Lorsque à côté d’épisodes de manie et/ou de dépression, le sujet souffre de trouble schizophrénique, on parle de psychose schizo-affective.

Les prophylactiques de phase

Un petit nombre de médicaments seulement sont utilisés pour le traitement des troubles bipolaires. Agissant par le biais de différents mécanismes, ils produisent un effet stabilisateur sur la membrane des cellules nerveuses. Leur mécanisme d’action sur les cellules nerveuses est moins bien connu à ce jour que celui des antidépresseurs et des neuroleptiques. La plupart de ces médicaments sont déjà utilisés depuis longtemps contre les crises d’épilepsie. Leur effet sur les symptômes maniaques n’a été découvert qu’au cours des dernières décennies. Leur utilisation sur le long terme doit permettre d’éviter la survenue de nouveaux épisodes de la maladie. Comme les neuroleptiques et les antidépresseurs, ils sont donc utilisés pour le traitement des phases aiguës et pour prévenir la maladie.

Lithium

Le lithium est un métal présent dans la nature et aussi en très petite quantité dans notre corps. Il compte parmi les plus anciens médicaments psychotropes. En Suisse, les préparations de lithium sont vendues par exemple sous les noms de Quilonorm© ou Lithifior©. L’effet antimaniaque du lithium est bien documenté dans la littérature spécialisée, bien que l’on ne sache pas encore exactement comment il agit. L’organisme ne tolère qu’une concentration bien précise de lithium. Si elle est trop faible, le médicament demeure sans effet et, si elle est trop élevée, elle est nocive. Le lithium doit donc être pris avec une extrême précaution et son utilisation doit être régulièrement contrôlée par un médecin. Le lithium peut avoir des effets indésirables comme le tremblement des mains, une forte soif ou la prise de poids. Il a aussi été observé une limitation des activités cognitives telles que des difficultés à se concentrer, une baisse du fonctionnement de la mémoire et des troubles de la réaction ou de la coordination.

Pris sur une longue période, le lithium peut affecter la glande thyroïde et les reins. Ces complications se laissent facilement traiter, à condition de procéder à des contrôles réguliers de manière à pouvoir les dépister à temps.

Antiépileptiques

Les antiépileptiques sont des médicaments habituellement utilisés pour prévenir les crises d’épilepsie, mais qui se sont aussi avérés efficaces pour les troubles bipolaires. La substance active la plus fréquemment prescrite est la car-bamazépine (p. ex. Timonil©, Tegretol©). Elle est recommandée lorsque l’effet du lithium est insuffisant, qu’il provoque des effets indésirables ou que son utilisation est contre-indiquée en raison d’une maladie des reins, de troubles de la fonction cardiaque ou de trouble fonctionnel de la thyroïde. Beaucoup de médecins la préfèrent en général au lithium parce que l’arrêt du traitement se fait sans difficulté ou bien parce qu’elle provoque moins d’effets indésirables. Ce dernier argument reste toutefois discutable: un bref coup d’œil sur la liste des effets indésirables indiqués sur les notices d’accompagnement de ces médicaments suffira à s’en convaincre. Parmi les plus fréquents, citons la fatigue, le tremblement des mains, les allergies et les troubles de l’équilibre.

Au cours des dernières années, on prescrit de plus en plus le valproate pour le traitement des troubles bipolaires. Utilisé pour les manies aiguës, en particulier les cas de formes mixtes, il agit rapidement et provoque relativement peu d’effets indésirables. Son effet préventif, destiné à éviter de nouveaux épisodes maniaques, est équivalent à celui du lithium. Les effets secondaires les plus fréquents sont la modération de l’activité, la fatigue, le tremblement des mains, les réactions allergiques de la peau, la perte de cheveux. Des cas rares de trouble de la coagulation sanguine ont été observés au début du traitement, mais des examens du sang permettent de bien les contrôler.

Le lithium, la carbamazépine et le valproate ne devraient surtout pas être pris au début d’une grossesse. Un grand nombre d’autres médicaments psychotropes peuvent aussi être nocifs pour la santé de l’embryon et sont pour cette raison contre-indiqués pendant la grossesse ou l’allaitement. Cela ne signifie cependant absolument pas que les femmes qui utilisent des psychotropes ne peuvent pas avoir d’enfant. Celles qui le désirent devraient s’adresser à un psychiatre expérimenté pour discuter avec lui des traitements médicamenteux qu’il faut éventuellement arrêter et des solutions de remplacement pour se protéger en cas de crise.

En règle générale, une manie sévère doit être traitée avec des médicaments. Au début, les personnes concernées ont de la peine à l’accepter, car elles se sentent en bonne santé et jouissent souvent de leur état maniaque. Il est en revanche plus difficile de savoir s’il faut poursuivre un traitement médicamenteux pendant plusieurs années pour prévenir d’autres crises. Pour cela, il faut se demander si les désavantages de ces traitements avec des prophylaxies de phase sur plusieurs années seront compensés par les avantages que procure ce même traitement sur la qualité de vie. La réponse à cette question est strictement individuelle et dépend avant tout du déroulement de la maladie, notamment de la fréquence des crises. Aucune prophylaxie de phase ne permet d’exclure définitivement une rechute. Environ la moitié seulement des personnes utilisant du lithium ne souffrent plus de nouvelles crises. Chez un quart d’entre elles, les épisodes de la maladie se raréfient ou sont de moindre intensité. Chez le dernier quart, on n’observe aucune modification du déroulement de la maladie imputable au médicament. Nous ne possédons pas de données précises sur les autres substances énumérées dans ce chapitre, mais les ordres de grandeur devraient être semblables.

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Texte extrait d'une publication Pro Mente Sana

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Article original: http://www.promentesana.org/upload/application/60-pmsbrochuremedpsychotropes.pdf

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